Bien que n'ayant aucune perspective de promotion, Lucien Marguet, enquêteur de deuxième classe de la police judiciaire, croit en son travail. Ce qui l'irrite le plus est l'inertie d'un système routinier et le manque de moyens pour mener à terme des opérations pourtant simples. Pour avoir exprimé haut et fort son mécontentement, il est muté dans un autre service.
Installé dans des bureaux en préfabriqué (Algeco) au fond d'un terrain vague, un groupe de policiers dévoués lutte au quotidien contre le trafic de drogue. Cinéaste rentré, ancien candidat malchanceux au concours d'entrée à l'IDHEC, Lucien arrondit ses fins de mois en louant ses services et son matériel vidéo pour filmer des mariages. La vidéo, il l'utilise aussi, de sa propre initiative, pour filmer les dealers et faciliter leur identification par les indiques. Les résultats sont vite probants et permettent de pister un gros coup.
Mais alors qu'il y avait possibilité d'appréhender un grossiste et d'effectuer une grosse prise, le chef de la brigade, Dodo, se contente, en intervenant trop tôt, d'arrêter des compares. Pour lui, cinq grammes ou un kilo c'est pareil, ça rentre dans les statistiques, c'est tout ce qu'on lui demande. Et il ne comprend pas le zèle de Lucien, qui a une conception toute différente de son métier, révulsé qu'il est par le spectacle régulier de victimes d'overdoses ou de toxicomanes au dernier degré ne pouvant espérer mieux qu'un examen médical expéditif.
Lié d'une profonde affection à Cécile, devenue prostituée pour pouvoir acheter la drogue qui la ronge, Lucien enrage de se voir ainsi désarmé. Indics, victimes de représailles, bévues de Dodo qui rate des dealers et s'en prend à leurs femmes, shootées au crack, au risque d'envoyer le bébé à la DDASS, Lucien se désespère comme il le dit à son épouse Kathy, trop négligée. Les mois passent. Il retrouve Cécile, qui avait disparu. Elle a un enfant, et se dit décidée plus que jamais à mener une nouvelle vie. Mais il oublie de lui demander son adresse.
Le film appartient à la veine sociale de Bertrand Tavernier qui n'est pas, loin s'en faut, la meilleure du cinéaste. Les idées et les personnages sont un peu abstraits. Lulu a tenté l'IDHEC, il aime l'image mais, dans ce domaine, il a renoncé et ne fait plus que filmer des mariages. En revanche, il a gardé sa hargne pour les injustices sociales. C'est la seule "profondeur" du personnge face à une chronique sociale un peu plate.