Accusé du meurtre d'un policier, Nick Romano, jeune délinquant qui est né et a vécu dans le quartier interlope de "Skid Row", est défendu par l'avocat Andrew Morton, né lui aussi dans ce quartier. L'histoire de Nick est une longue suite de vols et de délits : une enfance malheureuse (son père est mort en prison), de mauvaises fréquentations ont fait de lui un voyou. Morton le suit, même s'il n'est pas toujours là pour le défendre. Un temps, Nick "se range". Il se marie avec Emma, exerce plusieurs emplois. Emma lui annonce qu'elle est enceinte. Mais ce bonheur est de courte durée : trop faible pour lutter, Nick retombe dans l'ornière. Il commet à nouveau des vols. "Vivre vite, mourir jeune et faire un beau cadavre!" est sa devise.
Une nuit, au retour d'un cambriolage, Nick découvre sa femme morte. Emma, enceinte, s'est suicidée au gaz. Fou de chagrin, il participe à des vols à main armée. Surpris, il tire et l'inspecteur meurt. Au procès, Morton défend Nick, qui jure son innocence. Le District Attorney Kerman n'arrive pas à détruire l'alibi de Nick. Soudain, il l'interroge sur sa femme et les raisons de son suicide. Nick s'effondre et avoue qu'il a tué le policier. Stupéfait par cet aveu, Morton se lance dans un long réquisitoire contre cette société qui sécrète ces "ruelles du malheur". Nick est condamné à la peine de mort. Morton lui rend une dernière visite et le regarde s'éloigner vers la chaise électrique.
Dès les années 30, la Columbia produisit une longue série de films souvent à très petits budgets sur la délinquance juvénile. Celui-ci, première production de Bogart, plus riche d'ambitions que de moyens, rentre tout à fait dans ce cadre.
Ray refuse catégoriquement la complaisance dans la description visuelle de la violence, au risque de paraître un peu mièvre en particulier par comparaison avec les films noirs de l'époque. Mais le dénouement (la révélation de la culpabilité de l'accusé) n'en acquiert que plus de force tragique, surtout par la surprise qu'il cause au spectateur. Ray n'a pas plus de solution précise à proposer qu'il n'a d'accusation vengeresse à formuler. Son but est de souligner l'impuissance des adultes, dont il se sent tout à fait solidaire, devant le naufrage d'adolescents plongés dans un environnement désastreux que les ainés ont laissé s'installer. Et le film suggère avec force que c'est seulement à partir d'un constat d'échec total qu'un changement positif pourra éventuellement survenir.
Source : Jacques Lourcelles. Dictionnaire du cinéma.