Tandis que j'avançais de brefs éclairs de beauté m'apparaissaient
de temps en temps. "Je n'ai jamais vraiment réussi à comprendre
où ma vie commençait et où elle s'arrêtait. Je
n'ai jamais réussi à comprendre de quoi il s'agissait, ce que
signifiait tout cela. Ainsi, quand j'ai commencé à réunir
toutes ces bobines de films, à les monter ensemble, j'ai d'abord pensé
les laisser dans l'ordre chronologique. Mais ensuite, j'ai abandonné
et j'ai juste commencé à les raccorder au hasard, comme je les
trouvais sur l'étagère. Par ce que je ne sais vraiment pas à
quoi correspond chaque morceau de ma vie. Je les ai donc laissé exister,
laisser aller complètement au hasard dans le désordre. Ces bobines
contiennent une sorte d'ordre qui leur est propre que je ne comprends pas
vraiment tout comme je n'ai jamais compris la vie autour de moi, la vie réelle
comme on dit ou les gens réels. Je ne les ai jamais compris. Je ne
les comprends toujours pas, je n'ai pas envie de les comprendre.
Se succèdent : Baptême de Una Abraham, Scènes domestiques,
Etés de Central Park, Le jour de la saint François, rue Mulberry,
été 74, Pluie et tonnerre, 17 août 74, il achète
le N. Y. Times...
" Mes journaux filmés de 1970 à 1999. Cela couvre mon mariage, la naissance de mes enfants, on les voit grandir. Des images de la vie quotidienne, des fragments de bonheur et de beauté. Les voyages en France, Italie, Espagne et Autriche. Les saisons, comme elles passent à New York, la vie à la maison, la nature. Rien d'extraordinaire, rien de spécial, des choses que nous vivons tous au cours de notre vie. Il y a beaucoup d'intertitres qui reflètent mes pensées de l'époque. La bande sonore est constituée de musiques et de sons enregistrés pendant la même période que les images, avec des improvisations d'Auguste Varkalis au piano. Quelquefois, je parle dans mon micro pendant que je suis en train de monter, au présent, avec le temps qui a passé. Ce film est aussi mon poème d'amour dédié à New York, ses étés, ses hivers, ses rues, ses parcs. » - Jonas Mekas