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Riche industriel de la chimie, marié à la blonde et fragile Elena, Antonio retrouve sa brune maîtresse, Raquel, aventurière et chanteuse de cabaret, dans l'aéroport de province où elle est venue l'attendre. Fous de désir l'un pour l'autre, les deux amants se refusent à voir leur passion tiédir au fil des petits arrangements de l'adultère et décident de rompre. Torturé par le regret, mais aussi la culpabilité envers sa jeune épouse, Antonio, à la recherche d'un cadeau pour cette dernière dans les galeries d'art de Mexico, découvre une statue grandeur nature de Raquel, représentée nue et à genoux par le sculpteur, et ne peut s'empêcher de l'acheter. Elena, d'une fenêtre de leur maison, surprend son mari en train de contempler avec ferveur ce reflet de son obsession, qui trône désormais dans leur jardin…
Principale figure de l'âge d'or du cinéma mexicain, le prolifique Roberto Gavaldón, formé à Hollywood et maître du mélodrame noir, a réalisé entre 1936 et 1979 plus de cinquante films. Remis à l'honneur en 2021 par une grande rétrospective au Festival La Rochelle Cinéma, puis la ressortie en salle des cinq chefs-d'œuvre restaurés qui composent le cycle d'arte.tv, il a maintes fois mis en scène la fatalité mortifère du désir – son sujet de prédilection –, avec un sens féroce de l'ironie et une liberté d'autant plus ébouriffante qu'aucun code Hays ne censurait le cinéma mexicain, contrairement à l'industrie américaine. C'est dans un paroxysme baroque d'angoisse et de sensualité que l'impériale et déjà star María Félix et le fiévreux Arturo de Córdova (futur et magnifiquement inquiétant "Él" de Buñuel) marchent enlacés vers leur destin, pour le plus grand plaisir, corsé d'une pincée de perversité, du spectateur.