Cindy Sherman née le 19 janvier 1954 à Glen Ridge dans le New Jersey. Elle habite et travaille à New York. Considérée comme l’une des artistes les plus influente de sa génération, elle a connu la célébrité à la fin des années 1970 avec le groupe d’artistes Pictures Generation (Richard Prince, Louise Lawler, Sherrie Levine, Robert Longo). Ses créations s'inscrivent dans une tendance fictionnelle et elle est généralement considérée comme une des représentantes de la photographie plasticienne, à l'opposé de tout esthétisme documentaire. Elle travaille sans assistant, et avec un seul modèle, elle-même. Elle vit à New York.
Cindy Sherman (américaine, née en 1954) est largement reconnue comme l'une des artistes les plus importantes et les plus influentes de l'art contemporain. Tout au long de sa carrière, elle a présenté une exploration soutenue, éloquente et provocatrice de la construction de l'identité contemporaine et de la nature de la représentation, puisée dans l'offre illimitée d'images de films, de télévision, de magazines, d'Internet et d'histoire de l'art. Travaillant comme son propre modèle pendant plus de 30 ans, Sherman s'est capturée dans une gamme de formes et de personnages qui sont tour à tour amusants et dérangeants, déplaisants et touchants. Pour créer ses photographies, elle assume plusieurs rôles de photographe, mannequin, maquilleuse, coiffeuse, styliste et maîtresse de garde-robe. Avec un arsenal de perruques, de costumes, de maquillage, de prothèses et d'accessoires, Sherman a habilement modifié son physique et son environnement pour créer une myriade de tableaux et de personnages intrigants, de la sirène d'écran au clown en passant par le vieil homme.
Cindy Sherman considère que ses photographies sont à comprendre comme de l'art conceptuel. Son travail ne cherche pas à satisfaire une esthétique, ni à documenter une réalité. Ses créations s'inscrivent dans une tendance fictionnelle. Elle est son seul modèle, incarnant des femmes de tout âge et même des hommes, et crée ainsi une sorte de théâtre photographique. Ses autoportraits, où elle se met ainsi en scène dans des costumes et des attitudes variées, sont autant de questionnements sur l'identité et ses modes de représentations. Elle refuse la notion de types sociaux qui seraient ancrés dans la société. D'ailleurs ses photographies refusent toute identité : elles sont Untitled, restant libres à toute interprétation. Les influences de son œuvre sont nombreuses et se réfèrent à des imageries très différentes, de l'image picturale et cinématographique à l'image de publicité, de magazine, de mode ou encore à l'image érotique.
Principales séries
Les premières séries, durant les années d'étudiante ou de jeune diplômée
Si la série « Untitled Film Stills » est celle qui la fait connaître, elle a porté à la connaissance du public, plus tardivement, des travaux qui ont précédé cette série, alors qu'elle terminait ses études ou était une jeune diplômée, tels la série «Bus Riders» où elle interprète des passagers fictifs d'un bus, la série «Murder Mystery» où elle imagine les personnages d'un film policier, ainsi que des courts métrages de quelques minutes comme «Doll Clothes». Dans ces travaux, elle crée déjà des fictions avec un modèle exclusif jouant les différents rôles, elle-même, et un goût pour le déguisement, la mise en scène (même si elle est artisanale) et l'observation des stéréotypes.
- Untitled Film Stills, années 1977-1980
Série de 69 photos en noir et blanc qui reprend le genre des « stills » des films de série B des années 1950. Chaque stills est l’image d’une femme stéréotypée, dans un décor réel. Ces photos présentent une inquiétante familiarité avec les images des films de série B, mais ne correspondent pourtant à aucun film. Cette série montre aussi l'influence du cinéma sur la culture populaire. Le visage de Cindy Sherman est une base neutre sur laquelle elle inscrit d’innombrables visages dans des myriades d’incarnations. Ces « stills » alimentent de nombreuses théories. Pour l’historien d’art Richard Brillant, ils sont des autoportraits. Pour David Rimanelli, (marxiste de l’École de Francfort), ils ne sont le portrait de personne puisque l’idée d’un sujet unitaire est en soi une fiction. Pour les féministes, les images définissent un sexe féminin privé de son individualité par les conventions sociales, les stéréotypes. La femme Cindy Sherman ne peut se définir qu’à travers un répertoire de rôles indiquant les limites que la société impose aux femmes.
- Rear Screen Projections, 1980
Dans cette série, la première en couleur, Sherman se photographie devant des projections de diapositives, qui peuvent faire référence au monde et aux images de la télévision.
- Centerfolds/Horizontals, 1981
Cette série est à l'origine issue d'une commande faite à l'artiste d'un portfolio pour le magazine Artforum. Ce travail n'a finalement pas été publié car les photographies ont été controversées. Pour ce travail, Sherman reproduit le cadre horizontal et serré sur des personnages féminins allongés, esthétique propre aux magazines et revues de charme.
- Pink Robes, 1982
Galerie de portraits en demi-teintes sur un fond sombre. L'humeur du modèle (elle-même) y apparaît tantôt indécise tantôt ombrageuse, et l'indice sexuel tend à l'indifférenciation
- Fashion, 1983/1984/1993/1994
Cette série est issue de quatre commandes : une pour la revue Interview en 1983, une pour le magazine Vogue en 1984, une pour Harper's Bazaar en 1993 et une pour la maison Comme des garçons en 1994. Dans ses photographies, Sherman réinterprète et transforme les codes et les règles de la presse de mode pour créer des images dérangeantes qui transgressent les conventions de cette presse spécialisée. Elle est ironique, et son humour est grinçant : lumière dure, personnages caricaturaux, sourires figés, tenues extravagantes et ostentatoires,... Elle dénonce indirectement les critères de jeunesse, beauté, minceur et la vacuité de certaines photos de mode. Pour autant, ces femmes qu'elle interprète, semblent fragiles
- Fairy Tales, 1985
Des contes de fées qui deviennent des cauchemars
- Disasters, 1986-1989
Représentation baroque, et presque violente, de roches et de matières organiques, ou de femmes dans un fond de matières organiques
- History Portraits/Old Masters , 1988-1990
Avec les History Portraits, Cindy Sherman dévoile l’aspect artificiel de certaines œuvres de l’histoire de l’art en surenchérissant leur aspect artificiel et en les réinventant. Les tableaux qu’elle réalise sont remplis d’éléments comiques mais, au-delà, ils dévoilent quelque chose d’effrayant.
Pour Arthur Danto, les History Portraits sont des happenings qui mettent en question le rapport que nous avons avec l’art. Ils mettent en jeu la distance qui sépare le souvenir de la vérité. Le rapport entre les images de Cindy Sherman et leur original est comparable au souvenir incomplet d’un tableau face au tableau lui-même. Ils témoignent des processus déformant de la mémoire. Nous sommes dans l’espace entre ce que nous percevons et les images souvenir. Le fait qu’elle a travaillé à partir de reproductions corrobore la thèse de Baudrillard selon laquelle nous vivrions dans un monde de simulacre. Pour se « déguiser », elle utilise des prothèses : faux nez, moustaches, sourcils et beaucoup de « faux nichons » pour reprendre ses termes. Par ces accessoires extravagants, elle va plus loin qu’un simple travestissement, en rendant visible ce qui la métamorphose.
- Civil War, 1991.
Représentations de corps disloqués et quelquefois putréfiés
- Sex Pictures, 1992.
Elle met en scène des mannequins en plastique. Démembrée, la femme-tronc est réduite à un orifice. Sherman remet en cause les clichés des représentations sexuelles de la femme. Ces images constituent une charge contre la pornographie. La complaisance misogyne sous-jacente y est désarticulée comme une poupée déglinguée. La fascination pour le sexe en sort retournée : la violence pornographique devient dérisoire
- Horror and Surrealist Pictures, 1994-1996
Représentation d'assemblages de corps et de monstres, et quelquefois de figures de clowns inquiétantes
- Masks, 1994-1996
Portraits de masques ou de têtes avec de la résine. Un travail sur la notion de masque
- Hollywood/Hampton Types, 2000-2002
Série, là encore d'un humour particulièrement grinçant, imaginant des comédiens oubliés d'Hollywood, en recherche d'emploi
- Clowns, 2003-2004
Le masque de clown est le plus énigmatique des masques, à la fois drôle, pathétique et tragique. À regarder cette série, le rire s'étrangle. Cette série résulte aussi des attentats du 11 septembre 2001, des positionnements face au tragique et des questions engendrées par ces événements
- Society Portraits 2008
Ces portraits dépeignent l’emprise du « jeunisme » sur les femmes. L’artiste, comme d'habitude seule modèle, semble vieillie, marquée par l'âge de manière assez outrancière. Autoportraits en creux ? Le vieillissement surjoué est ironique, mais laisse aussi poindre une empathie pour les femmes victimes, d'une certaine façon, de la notion de beauté féminine qui prédomine dans les sociétés occidentales contemporaines
- Flappers (garçonnes) 2015-2018
Portraits évoquant d'anciennes starlettes ou garçonnes du début ou du milieu du xxe siècle. Peut rappeler la série qui la fait connaître, Untitled Film Stills, en évoquant aussi l'univers cinématographique, mais en couleur, en grand format et avec peut-être plus d'empathie pour les personnages qu'elle interprète