Charles 1er à la chasse | Antoon van Dyck | 1635 | ||
Portrait équestre de Charles 1er Anthony Van Dyck, 1635 Huile sur toile, 266 x 207 cm. Paris, Musée du Louvre |
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Il s'agit là d'un des chefs-d'oeuvre de l'artiste, de sa période anglaise, à dater d'environ 1635. Il fut payé par le roi en 1638 en tant que portrait dudit monarque "à la chasse", d'où son aspect plus aristocratique - et comme tel, infiniment élégant et distingué - que proprement royal (on n'y trouve pas d'insignes monarchiques, simplement une inscription). Comme il est écrit dans un mémoire du peintre rédigé en français vers 1638, Van Dyck peint ici "le roi alla ciasse". Ce collaborateur de Rubens, qui s'inspira profondément dans ses portraits équestres de l'art du Titien, invente ici une iconographie royale tout à fait novatrice. En effet, il ne s'agit pas à proprement parler d'un portrait royal officiel. Le roi Charles Ier vient sans doute de mettre pied à terre pour une courte halte alors que deux pages s'occupent de son cheval. Il est donc représenté comme un gracieux gentilhomme, un courtisan élégant tel que Baldassare Castiglione avait pu le décrire dans son fameux traité. Mais cet élégant portrait, malgré son apparente désinvolture, est également une image de la grandeur royale. Comme le clame l'inscription latine Carolus.I.Rex Magnae Britanniae, Charles Ier règne sur la Grande-Bretagne, donc sur le royaume d'Angleterre et le royaume d'Écosse réunis. Le costume du roi est d'ailleurs par trop somptueux pour une simple partie de chasse : chapeau à larges bords, bottes à revers et surtout magnifique pourpoint argenté dont le peintre fait chatoyer l'étoffe par de savants jeux de lumière. La figure du roi est habilement mise en valeur par le décentrement de la composition. Les serviteurs sont encore dans la pénombre de la futaie alors que la silhouette de Charles Ier, bien éclairée, se découpe sur l'ouverture du ciel. Le roi surplombe un paysage champêtre et maritime qui illustre la riche diversité de son royaume. L'attitude générale est un subtil compromis entre la nonchalance du gentilhomme et la fermeté royale. En témoignent la main fièrement posée sur la hanche et l'autre campée sur une canne, noble attribut au même titre que l'épée qu'il porte à son côté. La scène est vue en légère contre-plongée, accentuant le regard, mi-hautain mi-condescendant, du roi. On pense que ce portrait a été réalisé vers 1635, une dizaine d'années avant la fin tragique du monarque. Van Dyck a alors quitté Anvers pour s'installer définitivement à Londres et devenir le portraitiste officiel de la cour d'Angleterre. Ses brillants et nombreux portraits de la noblesse britannique firent de lui le fondateur de l'école anglaise. Son art, oscillant entre retenue aristocratique et somptuosité élégante, influença notamment Joshua Reynolds et Thomas Gainsborough. On ne comprend pas exactement comment le tableau est arrivé en France au XVIIe siècle. Tout du moins sait-on que la comtesse Du Barry l'avait acquis pour son château de Louveciennes avant de le revendre à un monarque qui connut le même funeste destin que Charles Ier, Louis XVI.
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