(1570-1643)
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Art japonais |
Ses dates de naissance et de décès ne sont pas connues mais sa naissance à la fin du XVIe siècle d'après la datation de son œuvre, et sa mort se situe vers 1643. Une de ses œuvres est datée 1606, et des travaux de restauration d'un recueil précieux qu'on lui confia en 1602, laissent supposer une date de naissance vers la fin du XVIe siècle.
Les dieux du tonnerre et du vent | 1626 | Tokyo, musée national |
Le peintre qui signe, à partir de 1616, du nom de Sōtatsu semble avoir été nommé « de Tawaraya » auparavant, et « Tawaraya » serait le nom de son atelier ou de l'atelier dans lequel il travaille. Les activités connues de ce type d'atelier de décoration, à Kyoto, réunissent toutes les disciplines en lien avec la peinture : enluminure, peinture sur éventail, lanternes, coquillages et paravents, dessin d'architecture, dessin sur textile, poupées. Ils n'étaient pas seulement tournés vers le public mais aussi vers l'empereur, sa cour et l'aristocratie. Leur activité florissante répond à la demande d'une population urbaine qui renoue avec la prospérité, au cours de la reconstruction qui fait suite aux longues époques de guerres et de destructions.
Sōtatsu a vraisemblablement dirigé l'atelier Tawaraya. Il réalise, ou fait réaliser de nombreux éventails. Il existe encore de nombreuses peintures sur papier d'éventail (senmenga), réunies sur des paravents, du « style Sōtatsu », qui reprennent les mêmes thèmes et les mêmes compositions, où l'on distingue la touche du maître et de ses disciples. Il semble donc que le style décoratif de la maison Tawaraya est très en vogue à l'époque, et que c'est aussi par là que l'originalité de Sōtatsu est appréciée6.
L'atelier Tawaraya procurait à l'empereur et à sa cour des papiers décorés pour la calligraphie. Dans cet atelier, en tant que Tawaraya, Sōtatsu peignait aussi des éventails, avant de recevoir des commandes plus importantes, comme la restauration d'un ancien recueil de poèmes de l'époque de Heian, des waka, composés en japonais et non en chinois classique, comme l'étaient les kanshi. Cette époque apparaissait, tant à l'empereur qu'à sa cour, comme un âge d'or de la culture japonaise, à l'apogée du pouvoir de l'empereur. Cette belle époque, de leur point de vue, chacun la faisait revivre par les poèmes, mis en parole, peut-être en musique, mais surtout, pour nous, en calligraphies inspirés, sur des papiers décorés et choisis ou réalisés par l'atelier Tawaraya en accord avec la poésie qu'ils devaient recevoir.
Sōtatsu fait aussi revivre la peinture de l'époque de Heian, ou Yamato-e, en y apportant son esprit novateur et des procédés surprenants. En effet, en 1602 le nom de Sōtatsu apparait pour la restauration d'un recueil de sutras ancien. Il s'agit d'une offrande déposée par la famille Heike en 1164, à la fin de l'époque de Heian (aux XIe et XIIe siècles) dans le sanctuaire d'Itsukushima sur l'île du même nom (ou Miyajima). Les créations artistiques de l'époque de Heian, et le style très particulier des enluminures de ce recueil, auront une importance essentielle pour Sōtatsu et ensuite pour toute l'école Rinpa à laquelle il donne l'impulsion initiale avec, même si le début de l'époque de Kamakura (1185-1333), qui suit l'époque de Heian, lui sert aussi de référence.
De nombreux rouleaux et albums (dont le plus ancien remonte à 1606) où la très belle calligraphie de Kōetsu vient s'inscrire sur des feuilles richement dotées de motifs au lavis d'or et d'argent par Sōtatsu, sont des œuvres collectives qui évoquent l'harmonie du dessin, de la calligraphie et de la poésie de l'époque de Heian. Jusqu'à cette époque l'or et l'argent n'étaient utilisés que pour rehausser un décor de tracés peints, Sōtatsu les emploie en lavis comme pigments aux effets chatoyants.
En 1615, le shōgun Ieyasu donne une terre à Kōetsu au village de Takagamine, nord-ouest de Kyōto, et un certain nombre d'artisans le rejoignent. Mais Sōtatsu reste à Kyōto. Leur collaboration s'achève alors.C'est vers cette date que Sōtatsu est reconnu comme artiste de talent. On conserve de lui des peintures bien différentes des premières, plus grandes, plus colorées. En effet il semble ne plus pouvoir collaborer avec Kōetsu, et de nombreuses peintures figuratives, le plus souvent sur paravent, caractérisent cette nouvelle époque de sa vie d'artiste.
Il réalise, en particulier, au cours de cette période, un grand nombre de paravents à l'encre et couleurs, sur fond d'or. Ses grands paravents décoratifs sont, pour la plupart, signés « Hokkyō Sōtatsu » à côté d'un cachet rond. « Ce titre de hokkyō est une dignité sacerdotale élevée généralement accordée à des artistes hors pair ». Selon Miyeko Murase et d'autres, non mentionnés par Okudaira Shunroku, cette distinction aurait suivi la reconstruction du temple Yōgen-in, à Kyōto, en 1621, auquel Sōtatsu a participé avec les peintures des portes (peintes sur les deux faces: éléphants blancs et rhinocéros et, au dos, figures d'animaux fantastiques) et peintures des cloisons coulissantes avec de grands pins et rochers. Okudaira Shunroku suggère que ces peintures auraient été réalisées avant 1624. Cette datation approximative est l'un des très rares repère généralement accepté. Sur les portes du Yōgen-in, les deux rhinocéros et les quatre animaux fantastiques aux allures, toutes, extraordinaires, sont des êtres protecteurs, certains contre les dangers de l'eau (rhinocéros) et contre les dangers du feu (sangei) ; bienvenus dans les temples exposés à ces deux risques permanents. Ces animaux sont habituellement traités de manière bien plus conventionnelle et plus statique, alors qu'ici ils apparaissent d'une manière totalement libre, originale et d'une exécution rapide. Les pins et rochers, quant à eux, semblent rappeler des paysages chinois en bleu et vert ; les troncs sont tout tachetés, selon un procédé qui deviendra le tarashikomi, par tache d'eau sur la peinture devenant des taches dégradées.