La grotte de Lascaux est l'une des plus importantes grottes ornées paléolithiques par le nombre et la qualité esthétique de ses uvres. Elle est parfois surnommée "la chapelle Sixtine de l'art pariétal", selon une expression attribuée à Henri Breuil.
Les peintures et les gravures qu'elle renferme nont pas pu faire lobjet de datations directes précises : leur âge est estimé entre environ 18 000 et 17 000 ans avant le présent à partir de datations et détudes réalisées sur les objets découverts dans la grotte. Selon les auteurs, elles sont attribuées au Magdalénien ancien ou au Solutréen qui le précède.
La grotte est située dans le Périgord
noir en vallée de la Vézère sur la commune de Montignac
(Dordogne), à une quarantaine de kilomètres au sud-est
de Périgueux et à 25 kilomètres de Sarlat-la-Canéda.
Elle s'ouvre sur la rive gauche de la Vézère, dans une
colline calcaire au sein de l'étage coniacien (Crétacé
supérieur). Contrairement à de nombreuses autres grottes
de la région, la grotte de Lascaux est relativement « sèche
». En effet, une couche de marne imperméable lisole
de toute infiltration deau, empêchant toute nouvelle formation
de concrétion de calcite.
La grotte de Lascaux est relativement petite : l'ensemble
des galeries n'excède pas 250 mètres de long pour un dénivelé
d'environ 30 mètres. La partie décorée correspond
à un réseau supérieur, le réseau inférieur
étant difficilement pénétrable du fait de la présence
de dioxyde de carbone.
Lentrée actuelle correspond à lentrée
préhistorique, même si elle a été aménagée
et équipée dun système de sas. Lentrée
dorigine devait être un peu plus éloignée,
mais son plafond sest écroulé anciennement jusquà
former le talus par lequel les inventeurs ont accédé à
la grotte.
Pour faciliter les descriptions, la grotte est traditionnellement subdivisée en un certain nombre de zones correspondant à des salles ou des couloirs. Leurs noms imagés sont dus en partie à H. Breuil et font souvent référence à larchitecture religieuse :
La salle des Taureaux, présente la composition
la plus spectaculaire de Lascaux. Ses parois en calcite se prêtant
mal à la gravure, elle est uniquement ornée de peintures,
souvent de dimensions impressionnantes : certaines mesurent jusqu'à
cinq mètres de long.
Deux files d'aurochs se font face, deux d'un côté et trois
de l'autre. Les deux aurochs du côté nord sont accompagnés
d'une dizaine de chevaux et d'un grand animal énigmatique, portant
deux traits rectilignes sur le front qui lui ont valu le surnom de «
licorne ». Côté sud, trois grands aurochs en côtoient
trois plus petits, peints en rouge, ainsi que six petits cerfs et le
seul ours de la grotte, superposé au ventre dun aurochs
et difficilement lisible.
Le Diverticule axial est également orné de bovinés
et de chevaux accompagnés de cerfs et de bouquetins. Un dessin
représentant un cheval fuyant a été brossé
au crayon de manganèse à 2,50 mètres du sol. Certains
animaux sont peints sur le plafond et semblent senrouler dune
paroi à lautre. À ces représentations, qui
ont nécessité l'usage d'échafaudages, s'entremêlent
de nombreux signes (bâtonnets, points et signes rectangulaires).
Le Passage présente un décor fortement dégradé
anciennement, notamment par des circulations d'air.
La Nef comporte quatre groupes de figures : le panneau de l'Empreinte,
celui de la Vache noire, celui des Cerfs nageant, ainsi que celui des
Bisons croisés. Ces uvres sont accompagnées de nombreux
signes géométriques énigmatiques, notamment des
damiers colorés que H. Breuil qualifia de « blasons ».
Le Diverticule des Félins doit son nom à un groupe de
félins, dont l'un semble uriner pour marquer son territoire.
Très difficile d'accès, on peut y voir des gravures de
fauves d'une facture assez naïve. On y trouve également
d'autres animaux associés à des signes, dont une représentation
de cheval vu de face, exceptionnelle dans lart paléolithique
où les animaux sont généralement représentés
de profils ou selon une « perspective tordue ».
L'Abside comporte plus de mille gravures dont certaines superposées
à des peintures, correspondant à des animaux et des signes.
On y trouve le seul renne représenté à Lascaux.
Le Puits présente la scène la plus énigmatique de Lascaux : un homme à tête d'oiseau et au sexe érigé semble tomber, renversé peut-être par un bison éventré par une sagaie ; à ses côtés est représenté un objet allongé surmonté dun oiseau, peut-être un propulseur ; sur la gauche un rhinocéros s'éloigne. Un cheval est également présent sur la paroi opposée. Deux groupes de signes sont à noter dans cette composition :
Il s’agit bien ici d’une scène dont les différents éléments sont en relation les uns avec les autres, et non d’une juxtaposition d’animaux ou de signes sur une même paroi, comme c’est le plus souvent le cas dans l’art paléolithique. Pour A. Leroi-Gourhan, cette scène renvoie probablement à un épisode mythologique dont la signification est difficile à établir.
Lascaux est lun des tous premiers sites paléolithiques
à avoir bénéficié de datations absolues
par la méthode du carbone 14, réalisées par W.F.
Libby lui-même. Cette méthode a été mise
en uvre sur des charbons de bois provenant de lampes découvertes
dans le Puits. Le premier résultat obtenu (environ 17 000 ans
BP) plaçait la fréquentation de Lascaux dans le Magdalénien
et fut mis en doute par H. Breuil qui considérait les uvres
pariétales comme périgordiennes30.
Un âge magdalénien fut confirmé par trois autres
datations ultérieures, réalisées sur des charbons
provenant des fouilles de A. Glory dans le Passage et dans le Puits.
Ces datations couvrent une période autour du Magdalénien
ancien soit environ 17 000 ans BP.
Toutefois, une date denviron - 18 600 ans, obtenue en 1998 par
la méthode du carbone 14 en SMA sur un fragment de baguette en
bois de renne provenant du Puits (ou des déblais de l'Abside)
montre que la grotte était fréquentée dès
le Solutréen31. Les solutréens sont-ils simplement passés
ponctuellement dans la grotte ou ont-ils réalisé une partie,
voire la majorité ou la totalité des uvres ? Un
seul niveau archéologique est connu et tous les vestiges recueillis
(objets de silex, d'os et de bois de renne) dans ce niveau correspondent
typologiquement au Magdalénien II.
La datation directe par le carbone 14 de peintures ou de dessins pariétaux
a été possible dans certaines grottes ornées, à
condition toutefois que ces uvres aient été réalisées
avec du charbon de bois. Ce nest pas le cas à Lascaux,
où la couleur noire a été obtenue en utilisant
des oxydes de manganèse. Des pigments tombés au pied des
parois ont été mis au jour dans le niveau archéologique
: ils ont permis de confirmer la contemporanéité des uvres
avec certains vestiges (lamelles de silex, pointes de sagaie, aiguilles
en os, lampes à suif). À ce jour, aucune datation directe
de l'art de Lascaux n'est donc disponible.
Selon Norbert Aujoulat, il existe quelques arguments stylistiques et thématiques qui permettraient de rapprocher Lascaux du Solutréen plutôt que du Magdalénien : présence de signes géométriques ; représentation des aurochs avec la corne avant en courbe simple et la corne arrière sinueuse ; humain affronté à un grand bovidé (le gisement solutréen du Roc-de-Sers a livré l'image d'un homme faisant face à un buf musqué). Se fondant sur des preuves archéologiques, d'autres spécialistes réfutent l'âge solutréen des uvres pour quatre raisons : il n'y a qu'un seul niveau archéologique à Lascaux ; aucun objet solutréen n'y a été découvert ; l'abondant outillage lithique et osseux, utilisé par les artistes, est tout à fait caractéristique du Magdalénien ancien ; ces éléments archéologiques sont en accord avec les trois dates C14 obtenues, proches de 17 000 ans BP.
Source : Wikipedia