En 1963, avec ses camarades Konrad Fischer et Gerhard Richter, Sigmar Polke invente le réalisme capitaliste (référence ironique au réalisme socialiste) et, du milieu à la fin des années 1960, leurs œuvres sont souvent classifiées comme représentant le Pop Art allemand. Ils s'intéressent en effet à l'iconographie populaire, notamment dans ses manifestations photo-journalistiques. Ils ne sont cependant pas des artistes pop à la manière très jubilatoire des peintres américains et anglais. Leur expérience personnelle de la guerre froide à travers la partition de l'Allemagne les rendent culturellement plus conscients et plus critiques. Ils s'intéressent moins à l'image elle-même qu'à l'interface conceptuelle entre l'image et les procédés matériels de la peinture.
La fascination de Polke pour l'image appropriée se discerne dans des toiles commes Bunnies (1966). Ses emprunts proviennent essentiellement des journaux, des magazines et des publicités du moment.
A la fin des années 70 cependant, à la différence des Américains qui continuent de puiser dans la vie contemporaine, Polke ouvre le champ de ses ressources à tout type d'images graphiques, anciennes ou modernes. Ce refus de l'art comme progrès historique aussi bien que le rejet d'une modernité emblématique font de Polke le précurseur du post-modernisme.
Source : Le sens de la peinture, P. 380