Les objets manufacturés ainsi que les assemblages sont une pratique courante des surréalistes. Oppenheim, qui les pratiquait avant son arrivée à Paris, s'en inspire pour ce Déjeuner en fourrure. Il s'agit en effet d'une tasse, sa soucoupe et une petite cuillère recouvertes de fourrure de gazelle. La tasse est cachée, on peut seulement la deviner. L'artiste remet en question l'utilité initiale des objets du quotidien.
D'un autre côté, elle fait également appel aux sens. L'œuvre donne envie d'être touchée et boire dans cette tasse constituerait une expérience inédite et désagréable. Le déjeuner en fourrure a un aspect sensuel. À l'occasion de l'exposition Fantastic Art, Dada, Surrealism organisée au Moma en 1936-37, Alfred Barr, qui acquiert l'oeuvre pour le musée, écrit : « Ces dernières années, peu d'œuvres d'art ont autant capté l'imagination populaire.... Le "service à thé en fourrure" concrétise l'improbabilité la plus extrême, la plus bizarre. La tension et l'excitation provoquées par cet objet dans l'esprit de dizaines de milliers d'Américains se sont exprimées par la rage, le rire, le dégoût ou la joie. »