Une nuit de février 1967, la violoncelliste d'avant-garde Charlotte Moorman montait sur la scène de Carnegie Hall de New Yorkpour le deuxième acte d’Opéra Sextronique. Elle portait une jupe noire brillante allant jusqu'au sol et rien d’autre. Après qu'elle se soit lancée dans une interprétation burlesque d'une berceuse classique, grattant parfois son violoncelle avec des mini-hélices fixées à ses seins, un groupe de policiers interrompit la représentation.
Au commissariat, on l'accusa d'indécente et Moorman a passé la nuit en prison avec Nam June Paik. Alors que celui-ci était libéré le lendemain, Moorman passa au tribunal, contrainte de se défendre contre une foule d’allégations centrées sur la lascivité de la représentation et Moorman fut reconnu coupable, un verdict qui alimenta les titres des tabloïds avec un nouveau surnom, «la violoncelliste aux seins nus», qui réduisit son image publique à celle de simple muse de Nam June Paik, oubliant son rôle de collaboratrice et artiste à part entière.