Au fil des pages du Roman de la Rose on peut être surpris par le nombre d’allusions sexuelles et satiriques, issues en partie des thèmes des fabliaux. Ainsi, on découvre tour à tout une nonne cueillant des pénis sur un « arbre à pénis » puis embrassant son amant qui n’est autre qu’un moine, une autre menant un moine par son pénis, et bien des scènes de copulation. Et ces décors marginaux prennent une bonne partie de leur sens lorsqu’on les compare au texte du Roman de la rose et aux initiales historiées représentant tous les archétypes de l’amour courtois : ces deux registres d’illustration fonctionnent en miroirs inversés, les marges étant un détournement des thèmes chers à la fin’amor.
Jeanne de Montbaston a laissé dans ce manuscrit une représentation tout à fait exceptionnelle des conditions dans lesquelles elle-même devait exercer sa profession de peintre, au XIVe siècle. On y voit un homme et une femme (Jeanne et Richard ?) à l’oeuvre. Des bifeuillets peints sont en train de sécher à l’arrière-plan (un bifeuillet plié = deux feuillets du manuscrit).