(1320 ?- 1370 ?)
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Art Gothique |
Fragment d'une Bible : Job parmi ses enfants | vers 1330-1350 | Amsterdam, Rijksmuseum |
Le Roman de la rose | vers 1330-1350 | Paris, BNF |
Jehanne de Montabaston est la femme de Richard de Montbaston, un copiste parisien de la fin du xive siècle. Ayant prêté le serment des libraires en 1338, Richard de Montbaston est mentionné comme « libraire » dans le colophon de la Vie des saints. Son atelier se situe rue Neuve-Notre Dame face à la façade de la cathédrale, sur l’île de la Cité. De part des relevés d’impôts, on sait que l’atelier de Richard de Montbaston, « illuminator » et libraire, était déjà actif à Paris avant 1338.
Jehanne, elle, prête le serment des libraires en juillet 1353 comme illuminatrix et libraria quand Richard meurt et où elle se retrouve seule à la tête de l’atelier. C’est donc à cause de son veuvage que Jehanne apparaît dans les documents officiels. Elle est « illuminatrix libri jurata universitatis », c’est-à-dire d’enlumineresse et de libraire-jurée (ce qui signifie qu’elle prêtait un serment rédigé par l’université de Paris et contenant l’obligation d’observer les règlements édictés par cette dernière). Cette mention ne montre bien la place occupée par les femmes dans le monde des libraires parisiens de cette époque : actives mais invisibles, sauf lorsqu’elles deviennent veuves
De l’atelier des Montbaston sont sortis au moins 50 manuscrits enluminés, surtout en langue vernaculaire. On y compte pas moins de 19 copies du Roman de la Rose, un exemplaire du « Bestiaire d’amour » ou encore du « Pèlerinage de la vie humaine ».
Sur le manuscrits du Roman de la Rose conservé à la BNF (BNF fr. 2552), une enluminures de bas de page est particulièrement intéressante de par les personnages représentés. Au recto, sur la première, on peut voir un couple d’enlumineurs, la femme broyant des couleurs et l’homme écrivant sur une feuille de parchemin, assis à un scriptionale.
Au verso de ce folio, on retrouve ces mêmes personnages, travaillant à des lettrines dans un atelier où les pages achevées sèchent à des tiges suspendues. Il s'agit peut-être d'un double autoportrait de Jeanne et de Richard
Source : L'atelier de Mathilde et Goscelin