Cette statue de la Vierge et l'Enfant de Michel-Ange diffère
sensiblement des représentations antérieures du même sujet,
qui avaient tendance à représenter une Vierge pieuse et souriante
regardant le nouveau-né dans ses bras. Au lieu de cela, dans la Madone
de Bruges, Jésus se tient debout, presque sans soutien. Il est retenu
légèrement par la main gauche de Marie et semble être
sur le point de s'éloigner de sa mère et partir dans le monde.
Pendant ce temps, Marie ne tient pas son fils et ne le regarde même
pas. Son regard vague regarde au loin comme si elle savait déjà
ce que serait le destin de son fils.
La Madone de Bruges a des similitudes certaines avec La
Pietà (1499) de Michel-Ange, qui a été achevée
peu de temps avant, principalement par le schéma clair-obscur et le
mouvement de la draperie. Le long visage ovale de Marie rappelle aussi celui
de la Pietà.
La statue en marbre de la Madone de Bruges, réalisée par Michel-Ange
entre 1501 et 1504, a la particularité d'être la seule sculpture
de l'artiste à avoir quitté l'Italie de son vivant. Elle a été
achetée pour 4 000 florins par Giovanni et Alessandro Moscheroni (Mouscron)
membres d'une riche famille de marchands de tissus de Bruges, à l'époque
une des villes commerciales les plus importantes d'Europe.
La sculpture a quitté deux fois la Belgique. La première fois
en 1794, les révolutionnaires français, qui avaient envahi la
Belgique, emportèrent la statue ainsi que d'autres uvres d'art.
La statue regagna Bruges après la défaite de Napoléon
Ier en 1815. La seconde fois en 1944 quand les soldats allemands au cours
de la retraite emportèrent la statue camouflée dans un matelas
dans un camion de la Croix-Rouge. Elle a été retrouvée
en 1946 et ramenée de nouveau dans l'église Notre-Dame de Bruges
où elle se trouve aujourd'hui.