L'Hortus Deliciarum est une encyclopédie chrétienne sous forme manuscrite, réalisée entre 1159 et 1175 par Herrade de Landsberg (aussi appelée Herrade de Hohenbourg), et ses moniales au couvent de Hohenbourg (mont Sainte-Odile), dont l'original a été détruit pendant l'incendie de la bibliothèque de Strasbourg le 24 août 1870. C'est la première encyclopédie connue qui ait été réalisée par une femme. Cet ouvrage en latin résume les connaissances théologiques et profanes de l'époque. Le manuscrit original, qui avait été transféré à la bibliothèque de Strasbourg lors de la Révolution française, a été détruit lors de l'incendie de la bibliothèque en 1870, au cours de la guerre franco-prussienne. Les miniatures nous sont connues par des copies partielles effectuées par Christian Moritz Engelhardt et par le comte Auguste de Bastard d'Estang. Dans la plupart des cas, les légendes originales ont été ignorées lors de la copie .
L'exemplaire original, réalisé sur vélin était composé de 324 feuillets, soit 648 pages grand in-folio, à l'exception de quelques petits cahiers de plus petit in-folio qui semblent avoir été ajoutés postérieurement à la création de l'ouvrage. La langue utilisée pour sa rédaction est le latin en usage au XIIe siècle. Il est divisé en six parties, sans doute par allusion à la création du monde en six jours. La première partie traite de Dieu, des anges et de la Trinité, tout en intégrant des éléments de cosmologie et de géographie. La deuxième partie porte sur la création de l'homme et sa chute, avec des considérations sur l'idolâtrie, la mythologie, la philosophie et les arts libéraux. La troisième partie traite des patriarches, de l'histoire des Juifs et de l'histoire générale. La quatrième partie traite du Christ, des apôtres et de l'histoire de l'Empire romain. La cinquième partie traite de l'organisation de l'Église. La sixième et dernière partie porte sur l'Antéchrist, le Jugement dernier et contient une liste des papes ainsi qu'un calendrier perpétuel comportant les dates de Pâques jusqu'en 1707.
Des poèmes parsèment l'ouvrage. Dans l'enluminure la représentant, sur le parchemin qu'elle tient dans les mains, on trouve notamment les vers suivants : "Ô vous, fleurs blanches comme la neige, qui répandez le parfum de vos vertus, en dédaignant la poussière terrestre, persistez dans la contemplation des choses célestes, ne cessez pas de vous hâter vers le ciel, où vous verrez, face à face, l’Époux caché à vos regards".
Ce livre est surtout célèbre pour ses superbes miniatures aux couleurs vives et accompagnées de légendes. L'ouvrage ne compte pas moins de 346 scènes en miniature, contenant quelque 9 000 personnages allégoriques. On en dénombre parfois plus d'une centaine dans une seule planche.
Les illustrations jouent un rôle essentiel dans l'organisation du livre, même si celui-ci compte aussi 45 000 lignes de texte. Au lieu d'illustrer le texte comme elles le faisaient dans les ouvrages des siècles antérieurs, les images constituent la matière principale de cette encyclopédie et sont destinées à être décodées en premier, tandis que le texte sert de complément au langage de l'image. Ce livre présente un intérêt particulier pour l'histoire de la langue germanique car il contient quelque 1 250 vieux mots allemands que l'abbesse a ajoutés en interligne au-dessus des mots latins pour se faire mieux comprendre.