Dans les années 1960, sur une scène artistique majoritairement masculine, l’artiste autrichienne Kiki Kogelnik n’a cessé d’interroger le corps, alliant féminisme et technologie. Née à Bleiburg, Kiki Kogelnik suit des études d’art à Vienne entre 1954 et 1958. Elle réalise des œuvres abstraites aux côtés des artistes Maria Lassnig et Arnulf Rainer mais se sent peu en phase avec l’expressionnisme abstrait. Suite notamment à sa rencontre avec Sam Francis, qui lui conseille de s’installer en États-Unis, elle emménage en 1961 à Santa Monica, puis à New York. Elle y fait la connaissance des figures emblématiques du Pop art américain : Roy Lichtenstein, Andy Warhol, Robert Rauschenberg ou encore Claes Oldenburg.
K. Kogelnik se porte vers la figuration et réalise des peintures, dessins et installations à l’esthétique pop : couleurs vives et chatoyantes, matières nouvelles et recours aux techniques industrielles. L’Amérique représente le pendant inverse de ce que K. Kogelnik a connu jusqu’alors en Autriche, encore fortement marquée économiquement par la Seconde Guerre mondiale. New York est l’emblème de la consommation de masse qui donne naissance à de nouveaux supports de diffusion, terreau du mouvement pop art. Fascinée par cette société de consommation désincarnée, elle interroge le corps social, politique et intime en capturant les contours de corps humains. Utilisant le sien ou celui d’ami·e·s, elle en trace les contours sur des matériaux divers (plastique, papier d’emballage, carton) qu’elle découpe et réemploie dans ses œuvres. Elle réalise notamment un ensemble de silhouettes taillées dans des pièces en vinyle coloré pour la série des Hangings qu’elle débute à la fin des années 1960. Ces profils sont ensuite suspendus à des cintres ou à des séchoirs telles des carcasses humaines. Les corps sont comme dépouillés et vidés de toute vie attendant sagement une résurrection.
Source : Aware