Sirène de brume montre un pêcheur à la fin de la journée en pleine mer, dans sa barque, sa prise du jour à ses pieds. Il jette un regard par-dessus son épaule gauche vers son bateau, par delà la longue houle, et juge la distance qui l'en sépare. La nuit va tomber et le brouillard commence à se répandre. Aura-t-il le temps de rejoindre son bateau avant la nuit ? Ses mains saisissent fermement les rames et son regard est plein d'assurance : il maîtrise la situation où il se trouve. Il fait jouer toutes a force physique, son expérience, ses connaissances et son courage contre la mer, avec l'héroïsme calme dont est faite sa vie quotidienne.
Par sa composition la peinture fait écho à La brise se lève. L'embarcation part diagonalement vers la gauche, tandis qu'à l'arrière-plan un navire plus important se déplace vers la gauche suivant la ligne d'horizon. De même que dans La brise se lève, la petite embarcation est maîtrisée par l'homme, mais la raison d'être de la scène est entièrement nouvelle. Il s'agit ici de travail et non pas de jeu. C'est une question de vie ou de mort qui est illustrée et ce thème héroïque est traité avec autant de monumentalité dans la forme que de grandeur dans la conception.
Source : Jules David Prown : la peinture américaine, des origines à L'Armory Show