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(1725-1805)
Rococo

Ses toiles moralisantes ont été ardemment défendues par Diderot. Pourtant, malgré des compositions habiles, le recours à des gestes outranciers ou des figures pâmées, elles sont souvent monotones, quand elles ne tombent pas dans le travers du sentimentalisme.

Il s'est également essayé aux thèmes allégoriques : l'Offrande à l'Amour (1769); mythologiques : Danaé ; et religieux : Sainte Marie L'Égyptienne, mais sans convaincre.

Ses représentations d'enfants et ses portraits sont souvent conventionnels : Babuti, le Dauphin, Fabre d'Églantine, Fillette soulevant un coffre, Gensonné, Le Graveur Wille, La Liseuse, Le Libraire Babuti, Madame Greuze, Marquise de Chauvelin, Pigalle, Silvestre, Tête de garçon, Wille, Robespierre.

Meilleur dessinateur que coloriste, Greuze excelle dans les représentations de jeunes filles, dans lesquelles pouvent se mêler l'innocence et l'érotisme avec la perte de la virginité comme thème récurrent : La Cruche cassée, Le Malheur imprévu, Les Œufs cassés, La Jeune Femme au chapeau blanc (1780) ou L'Oiseau mort (1800).

La malédiction du père, le fils ingrat 1777 Paris, Louvre.
La malédiction du père, le fils puni 1777 Paris, Louvre.
L'oiseau mort 1800 Paris, Louvre

Jean-Baptisten  Greuze nait le 21 août 1725 à Tournus  en Saône-et-Loire. Fils d'un entrepreneur et architecte, Jean-Baptiste Greuze fut dès sa plus tendre enfance attiré par le dessin, malgré la volonté de son père qui le destinait au commerce. Il fut soutenu dans sa vocation par le peintre lyonnais Charles Grandon, dont il sera l'élève. Greuze suit son professeur à Paris où il s'installe en 1750. Il devient l'élève de Charles-Joseph Natoire à l'Académie royale de peinture et de sculpture, professeur avec lequel il eut des démêlés.

Son Père de famille lisant la Bible à ses enfants connaît un grand succès en 1755, l'année où il devient membre associé de l'Académie. Il part étudier à Rome de 1755 à 1757 et il y peint Les Œufs cassés peu de temps après son arrivée.

Sa popularité se confirma avec d'autres toiles mélodramatiques. Diderot l'encense pour la moralité de ses sujets. Présent régulièrement aux Salons, sa réputation s'étend largement au-delà des frontières, jusqu'en Russie (l'impératrice Catherine II lui acquis La piété filiale/Le paralytique, l'un de ses tableaux les plus célèbres actuellement au musée de l'Ermitage considéré comme la suite de son chef d'œuvre de 1755.

Le 3 février 1759, il épouse Anne-Gabrielle Babuti, fille d'un libraire du quai des Augustins, François Babuti, dont il expose en 1761 le portrait. Cette même année, il suscite l'engouement du public et de la critique au Salon, avec son Accordée de village. L'année suivante, le 16 avril 1762, à Paris, son épouse donne naissance à une première fille qu'ils prénomment Anna-Geneviève. Elle embrassa la carrière de son père qu'elle soutiendra jusqu'à sa mort.

Son Septime-Sévère reprochant à Caracalla d'avoir attenté à sa vie lui permet d'être reçu à l'Académie en 1769.

La Révolution de 1789 amena la vogue de l'antique et dévalorisa son travail, le conduisant à vivre de leçons.

En 1792, il rencontre le jeune capitaine Napoléon Bonaparte à Paris, d'une manière que l'on ignore encore, mais vraisemblablement suite aux évènements de la prise des Tuileries, et peint ce qui allait devenir le premier portrait connu du futur empereur. Il conserva ce tableau dans sa chambre jusqu'à sa mort (ainsi que sa fille).

Greuze demande le divorce qui est prononcé le 4 août 1793. Ayant placé sa fortune en rentes sur l'Hôtel de Ville, la Révolution le ruine entièrement.

Déjà très diminué, son grand portrait en pied de Napoléon Bonaparte en costume de Premier Consul (Musée du Château de Versailles) qu'on lui commanda à la fin de sa vie en 1803, en grande partie réalisé par son atelier (et sa fille), et reprenant le visage du portrait d'après nature de 1792, ne l'empêcha pas de mourir dans la pauvreté.

Ses nombreuses toiles sont conservées au musée du Louvre, à la Wallace Collection, au musée Fabre, au musée Condé et au musée de Tournus, sa ville natale.