Le baptême du Christ

Cet épisode évangélique est divisé en deux zones horizontales superposées reliées par la colombe, qui symbolise le Saint-Esprit.

Sur le plan terrestre, le Christ, vêtu du seul périzonium mais au-dessus duquel flotte un manteau rouge, couleur liturgique du sacrifice et du martyre est à gauche de Saint Jean-Baptiste. Celui-ci porte une peau de chameau avec, à côté de lui, une hache dans un tronc d'arbre, qui fait allusion à l'un de ses sermons : «Et maintenant aussi la hache est posée à la racine des arbres: donc tout arbre qui ne produit pas du bon fruit est coupé et jeté au feu »(Matthieu 3:10). Cela fait partie d'une iconographie largement utilisée représentant une hache debout au milieu de la végétation.

Sur le plan céleste, le Père céleste, comme un pantocrateur byzantin aux côtés de toute la hiérarchie angélique, rend l'événement sacré.

El Greco utilise son langage habituel, avec des formes stylisées et des coups de pinceau lâches, obtenant une expression intensément spirituelle. L'œuvre a été peinte pour le retable principal de l'église du Collège Augustin de María de Aragón à Madrid. La partie inférieure du retable comprenait l'Annonciation, Ll'Adoration des bergers et ce Baptême du Christ . À l'exception de la Pentecôte, chacun de ces sujets avait déjà été peint par El Greco, certains d'entre eux au cours de sa période italienne. Cependant, ici, ils sont repris dans une perspective particulièrement originale; une perspective particulièrement originale; une perspective imprégnée d'une spiritualité plus «expressionniste», qui à partir de 1600 est devenue encore plus personnelle et déconcertante, volontairement distanciée de la peinture contemporaine.

El Greco a peint les scènes dans de petits espaces, en soulignant le format vertical et en les baignant dans une lumière fantomatique qui augmente l'irréalité des figures, qui sont disposées dans un raccourci très marqué et ont des traits très expressifs. Les couleurs - froides, intenses et contrastées - sont appliquées de façon très lâche sur des constructions anatomiques puissantes, et sont de parfaits exemples du style très personnel d'El Greco dans la dernière partie de sa carrière.