Le titre "Idylle à Tahiti", adopté aussi par Georges Wildenstein dans le catalogue raisonné de l'artiste, montre bien le caractère de cette toile peinte durant le second séjour à Tahiti, à peu près une année avant la mort de Paul Gauguin. Le tableau est dénué de tragique. C'est une image du paradis que Gauguin recherchait dans les mers du Sud et qu'il ne trouva que partiellement.
En ce qui concerne la vision et la composition, le tableau se rattache à d'autres oeuvres antérieures, notamment à celles peintes à la Martinique en 1887, lorsque le peintre, désabusé, quitta l'Europe pour la première fois. Les troncs des arbres, sinueux, tordus et presque complètement dépourvus de feuillages, soutiennent l'image. Ces troncs minces donnent au tableau une forme d'amande laquelle s'inscrit entre la berge, située à gauche, et le chemin tortueux à droite. Les verticales des deux jeunes filles, des deux arbres de droite et des pieux de la cabane comme l'horizontale formée par les toits de la hutte et le bateau dans la baie, contrastent avec les arbres tourmentés et confèrent au tableau un certain équilibre.