Nicolas Froment |
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(1430-1486)
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Gothique international |
Triptyque de la résurrection de Lazare | 1461 | |
Le triptyque du buisson ardent | 1864 | |
Probablement né en Picardie entre 1430 et 1435, Nicolas Froment, tout comme Enguerrand Quarton s'installera en Provence. On a longtemps cru qu'il était né à Uzès, ville située dans le Gard à proximité de Nîmes (France). Mais s'il fut bien citoyen de cette ville, il n'y est pas né. On ne sait pas exactement quand il arrive à Uzès pour la première fois. Il se forme au contact des maîtres flamands dans les années 1460-1465 et restera toujours très attaché à leur style.
Les historiens pensent qu'il aurait pu être l'élève de Dirk Bouts (1415-1475), spécialiste des tableaux religieux, qui maîtrisait bien la technique de l'huile sur bois. Au cours de cette même période, il voyage également en Italie comme la plupart des artistes de l'époque. Pendant son séjour en Italie il peint La résurrection de Lazare (1461) pour le couvent des Observantins de Mugello.
Il revient à Uzès en 1465 puis se fixe définitivement à Avignon où existait un courant pictural très actif représenté en particulier par Enguerrand Quarton. D'une vingtaine d'années plus jeune que Quarton, Nicolas Froment est considéré comme l'une des personnalités marquantes de la seconde école d'Avignon. Vers 1470, il jouit d'une importante notoriété locale et les commandes affluent : des documents indiquent qu'il possède plusieurs maisons à Uzès. Malheureusement, la plus grande partie des œuvres de Froment a disparu. A cette époque, le roi René (René d'Anjou, 1409-1480) règne sur l'Anjou, la Lorraine et la Provence. Les provençaux le surnomment le Bon Roi René car il est un souverain efficace qui sait s'entourer de bons administrateurs. René d'Anjou est aussi un grand mécène et Nicolas Froment deviendra le peintre officiel de sa cour. Il sera chargé de décorer la maison du roi René à Avignon et produira pour lui de nombreux tableaux comme en attestent les livres de comptes royaux. De cette période, nous possédons le Diptyque Matheron (1474-75) et le Triptyque du Buisson ardent (1475-76). Après la mort du roi René l'activité de Froment décline. Dès 1482, il rédige son testament. Il meurt à Avignon en 1486.
La peinture de Nicolas Froment reste imprégnée de style gothique, mais sa formation en Flandre permet à l'artiste de s'approprier l'esthétique flamande et ainsi de satisfaire le goût qu'éprouvait pour elle le roi René. On ne trouve pas chez Froment la qualité chromatique caractérisant certaines œuvres d'Enguerrand Quarton (par exemple Le Couronnement de la Vierge, 1454). On n'y trouve pas non plus l'ascétisme et le sens de la dramaturgie de son prédécesseur de la première école d'Avignon, si présente dans La Pietà de Villeneuve (1454-56). Froment reste un peintre plus traditionnel, mais il est capable d'agencer d'immenses compositions comme le Triptyque du buisson ardent (410 x 305 cm). Il parvient dans ce chef-d'œuvre à concilier le réalisme des maîtres flamands, qui apparaît dans les personnages, et un arrière-plan directement inspiré des paysages de Toscane et des peintres florentins. Il crée ainsi un espace pictural original et signe l'une des œuvres majeures de l'école d'Avignon.