Profitant d'un séjour estival dans la résidence familiale de Méric, près de Montpellier, Frédéric Bazille s'attaque à ce motif dans une toile d'assez grand format, en réunissant sur une terrasse dix de ses parents proches, ainsi que lui-même représenté debout, à l'extrême gauche du tableau.
Les contrastes tranchés montrent l'amour que le peintre porte à la lumière du Midi. Le groupe est à l'ombre d'un grand arbre, ce qui accentue les couleurs crues du paysage et du ciel opposés. La lumière filtrée par le feuillage souligne les habits clairs qui s'opposent aux notes sombres des vestes, d'un châle ou d'un tablier.
Contrairement à la grande toile de Monet Femmes au jardin, dont Bazille venait de faire l'acquisition, chacune des figures constitue également un portrait et presque tous les modèles regardent le spectateur, comme chez un photographe. Dès lors, et bien qu'il s'agisse pour ce portrait de groupe d'intimité familiale, les attitudes sont un peu figées. L'exécution même apparaît contenue et Bazille retouche longuement la toile durant l'hiver, avant de la reprendre encore un an plus tard, après même son exposition au Salon, remplaçant des petits chiens par une nature morte peu naturelle.
Ces hésitations et ces compromis expliquent sans doute que son tableau est accepté au Salon de 1868, alors que ceux de Monet, plus audacieux, sont refusés. Modeste, Bazille s'en étonne, écrivant que le jury donna son accord "Je ne sais comment. Il est probable qu'on se sera trompé".