No mistakes only bad follow-ups, Conférence-Performance de Nathalie Broizat, performeuse, ancienne membre de la Cie Rachel Rosenthal sur une proposition du CCNCN, donnée le lundi 9 avril 2018 à l'Esam de Caen.
C’est autour des figures des artistes Robert Rauschenberg et Rachel Rosenthal, emblématiques de liens étroits entre la danse, l’art de la performance et leurs rapports aux espaces investis que Nathalie Broizat, livre une proposition en lien avec la plastique du corps en mouvement. Artiste de la performance, elle a travaillé dans la compagnie de Rachel Rosenthal pendant plus de 6 ans et a hérité de cette technique. Aujourd’hui, elle développe le travail de Rachel Rosenthal en France. Les grèves de la SNCF n’ont pas permis le déplacement à Caen de Panayota Volti, enseignante-chercheure en histoire de l’art, à l’Université Paris-Nanterre qui devait intervenir de concert avec elle.
Dès lors , Nathalie Broizat prend aussi en charge la partie didactique. Elle est alors vêtue d'une robe de soirée, d’une barbe postiche et de bandelettes lui couvrant le visage :
Rachel Rosenthal est née le 9 novembre 1926 à Paris. D'origine juive russe, son père Léonard Rosenthal, marchand de pierres et de perles orientales fuit avec sa famille, pendant la Seconde Guerre mondiale pour Rio de Janeiro, au Brésil, via le Portugal. En avril 1941, toute la famille part pour New York, où Rachel obtient le diplôme de la Fiorello H. LaGuardia High School of Music & Art and Performing Arts et la nationalité américaine. Elle étudie avec Hans Hoffmann, Merce Cunningham, Erwin Piscator puis à Paris avec Jean-Louis Barrault. Elle est alors une figure clé dans le développement de la performance interdisciplinaire aux Etats-Unis. Son travail incorpore la danse, le théâtre, le chant, la vidéo, les effets visuels et d’autres médias comme un moyen d’aborder des thèmes liés aux genres, à l’environnement et à la place générale de l’humanité sur la planète. Sa compagnie, The Rachel Rosenthal Company, basée à Los Angeles, est à la fois un groupe de performance itinérante et aussi un lieu où se déroule les workshops, laboratoires-concepts de performance, nommés DbD «Doing by Doing».
Nathalie Broizat ponctue cette conférence par un diaporama illustré des premiers travaux autobiographiques de Rachel Rosenthal dont « The Arousing (shock, thunder) » (1979), œuvre présentée en 2006 dans son format vidéo au Centre Georges Pompidou à Paris
Puis Nathalie Broizat enlève sa barbe postiche... puis sa robe. Elle interpréte désormais Rachel Rosenthal. Après des déplacements où elle est nue, suit une deuxième séquence en treillis :
Dans les années 1950, Rachel Rosenthal, vit avec Jasper Johns et Robert 'Bob' Rauschenberg à New York. Bob réalise alors ses célèbres Combines : Untitled, Red interior, Paint cans. Rachel Rosenthal est hypnotisée par Bob Rauschenberg. Il ne lit que de la bande dessinée. Vêtu en dandy, il a des opinions sur tout même s'il est influencé par John Cage qui l’apprécie beaucoup. Cy Twombly et Bob organisent une exposition sur les fétiches. Puis Rauschenberg sur les collages noirs alors que Rachel s'exerce à des sculptures en goudron.
Rachel vit dans le loft-atelier de Bob. Celui-ci donne ses premières performances au Black montain college grâce à John Cage qui les fascine. Ils s'inspirent de, l’esprit zen et la calligraphie. Dans cet atelier, au milieu des déchets et des bruits, ils se réapproprient les intrusions du monde exterieur pour une abdication de la personnalité. Le loft de Rauschenberg est une jungle où il vit tel un clochard et le tout surgit sur la toile. Robert Rauschenberg incorpore le sol taché de peinture dans la toile. Rachel s'identifie à Robert Rauschenberg et ses Combines qui la forcent à ouvrir les yeux sur le monde, le temps, la crasse. C'est une tension permanente où, au milieu des ordures créatrices, elle se sent telle une héroïne.
Jean-Luc Lacuve et Annick Polin, le 12 mai 2018.