Editeur : Arte éditions. Février 2010. 20 €.

Suppléments:

  • Jeu de caméra de surveillance filmant l'installation de l'exposition
  • Entretien avec Christian Boltanski sur les oeuvres créées spécialement pour le Grand Palais


À l'occasion de son exposition Monumenta au Grand Palais, ce film plonge dans l'univers sombre mais plein d'humour de Christian Boltanski, accompagne l'artiste autour du globe à Paris, à Berlin et au Japon. Il montre des oeuvres monumentales, mais peu connues car parfois enfouies dans les sous-sols, présente des archives inédites et confronte l'artiste à son propre passé et à son avenir. Christian Boltanski y évoque ses vies véritables et possibles, parle d'humanisme, de religion, d'utopie.

Christian Boltanski retrace son parcourt d'artiste depuis ses terreurs enfantines jusqu'aux expositions des années 2000. L'investissement de l'artiste dans sa biographie, le recours aux documentaires précédents dont A la recherche de Christian B. de Alain Fleischer et les différentes présentations des expositions en font un document aussi pédagogique qu'émouvant.

Enfant, Christian Boltanski craignait de ne pas être comme tout le monde sans doute parce que, conçu alors que sa mère catholique, cachait son père juif sous el plancher pendant l'occupation. Il évacua cette terreur en s'inventant de faux albums souvenirs provenant d'un camarade au nom, Durand, sans équivoque et passe partout.

Le film suit Christian Boltanski dans une exposition dans l'enceinte d'une très grande école primaire et secondaire d'un village de montagne, fermée depuis plusieurs années, où il n'y a plus d'enfants. Les habitants ont demandé une sorte de mémorial. Christian Boltanski a installé du foin et des ventilateurs ; les enfants qui étaient là ne sont plus que du vent ; évocation du monde fantomatique de tous ceux qui sont passé ici, dans cette école morte.

Issu d'une mère catholique et d'un père juif, Christian Boltanski déclare que son travail n'est pas "sur" la Shoah mais "après" la Shoah, après cette défaite de la raison. Le 20eme siècle est celui du ratage du savoir, de l'étude et de la science, celui de la déception d'un monde qui aurait été meilleur par la culture et par la science.

Christian Boltanski s'inscrit dans le courant du minimalisme expressionniste. Il utilise un vocabulaire minimaliste pour un passé lourd, pour refroidir ce qui aurait été trop expressionniste. Il s'appelle Christian, ce qui lui permet de se consacrer à la religion qu'il appelle malicieusement le Christianisme dont il est le seul membre.

Extrait de A la recherche de Christian B. d'Alan Fleischer. Installation de photos de lui au club Mickey, d'habits de son neveu pour reconstituer les objets d'enfance qui ont disparu, certains sont faits en pâte à modeler. Il y a, à la fois la volonté de désigner l'unicité et l'importance de chaque être et la volonté de garder trace de tout, comme un désir d'arrêter la mort.

Exposition marquante, après la mort de ses parents, à la Salpetrière avec des sortes d'hôtels religieux, mémorial pour la quinzaine d'enfants de sa classe.

Relation entre vêtement, photographie et corps mort, relation entre le nombre et l'individu. Les vêtements sont un moyen commode de représenter beaucoup de gens. Pas au départ l'idée des vêtements de la Shoah.


Dès que l'on montre les signes de quelqu'un, on désigne aussi son absence. Dès que l'on montre quelque chose de quelqu'un, on le tue. La photo est ainsi liée à l'idée de mort : quelque chose a été préservé mais, dès que la photo est faite, l'instant est passé.

Les objets renvoient aussi à un humain absent. Il y a dan les milliers de photographies, de vêtements et de noms, le désir de conserver le plus grand nombre. Pour une commande sur l'année 2000, Christian Boltanski voulait écrire tous les noms des habitants de la terre. Mais il lui aurait fallu sept ou huit ans, jour et nuit, pour réaliser ce projet. Il a finalement confectionné une grande bibliothèque de tous les annuaires du monde, 800 millions de noms avec unicité de chaque être.

Christian de Portzamparc, dans le cadre des 1% artistique associé à tout projet de construction, lui passe commande pour un conservatoire de musique. Dans les sous-sols des cathédrales, on enfouissait un message secret ou du passé. Pour faire tenir le nouveau conservatoire, Christian Boltanski enterre ainsi les archives de l'ancien conservatoire.

Exposition de photos des victimes et bourreaux parues dans le journal "Détective".

Voyage en Allemagne avec Christian Boltanski. C'est, pour lui, un pays favorable pour l'expressionnisme et l'art contemporain ; c'est le meilleur et pire de tous les pays. Lors de la rénovation du reichstag, il conçoit une oeuvre d'art qui rend visuelle l'histoire de l'Allemagne. Il enferme dans des boites la liste de tous les députés allemands démocratiquement élus. C'est, d'une part, un travail sur la vanité de ces gens qui se croyaient importants et qui sont aujourd'hui totalement oublié. C'est aussi une oeuvre historique : chronologiquement, on voit la disparition des communistes et la montée des nazis.

 

 
présente
 
Les vies possibles de Christian Boltanski