|
|||
Editeur : Arte Editions. Juin 2011. Film 1h32. 20 €. Suppléments :
Philippe est chanteur. De retour de la scène, il trouve dans sa loge une séduisante et déjantée groupie, Chloé, qui, parce qu'elle le souhaite comme cela et tout de suite, l'invite à venir chez elle sans même qu'il prenne le temps de se doucher. Et lorsque Patrick Vidal un ami d'enfance du chanteur frappe à sa porte pour le voir, elle le repousse prestement en se faisant passer pour la compagne délaissée du chanteur, portugaise titulaire d'un doctorat de français. Patrick n'est pas dupe d'autant qu'il voit le couple sortir en catimini de la loge. Cholé habite en pleine campagne et a bien l'intention de retenir le chanteur dont elle est folle. Effrayé par cet amour excessif et vorace, Philippe s'enfuit à travers champs en pleine nuit dans son costume de scène.... |
|||
Je suis un no man's land est, avec Tomboy, le meilleur film français de ces cinq derniers mois. Soutenu par la critique, bénéficiant d'un excellent retour de la part des spectateurs qui l'ont vu, il n'a pourtant jusqu'ici pas obtenu le nombre d'entrées qu'il mérite. Nous ne reviendrons pas ici sur la critique publiée en février pour tenter de cerner les causes qui ont pu freiner la curiosité des spectateurs vis à vis du film. Philippe Catherine, excellent acteur, ami de longue date du cinéaste n'a sans doute pas contribué au succès du film. Les adolescents et jeunes adultes qui l'apprécient ont vite compris par les bandes-annonces que leur chanteur ne se livrerait pas ici à ses habituelles facéties scéniques. Le public des quarantenaires cinquantenaires auquel le film s'adresse prioritairement est souvent irrité par la liberté provocante du chanteur, notamment celle de son dernier album. Les cinéphiles qui ont appréciés les écrits de Thierry Jousse, rédacteur en chef des Cahiers du cinéma, s'attendait probablement à une mise en scène plus m'a-tu-vu que celle proposée ici, discrète, en accord avec la tonalité de retrouvailles amoureuses et familiales fragiles qui sont le thème du film. L'adéquation de ces retrouvailles avec le no man's land sylvestre que parcourt Philippe est pourtant splendide. Quelques plans méritent aussi de figurer dans une anthologie de la poésie cinématographique. Ainsi le plan large recadrant, serré, Philippe chantant, puis se prolongeant par un panoramique vers sa mère, apparition fantomatique pour laquelle il chante après sa mort. Ainsi les plans du remariage avec cadre, robe étendue par terre et flash photographique. Ces plans, insérés au sein d'un film qui joue aussi de la distance de la comédie sont bien plus facilement identifiés et donc générateur d'émotion lors de la seconde vision du film. Espérons donc que le DVD permettra d'apprécier pleinement ce film hors normes, commencé sur le ton de la comédie burlesque qui emprunte ensuite les chemins du dépouillement poétique avant de s'aventurer vers la comédie régressive jouissive et la comédie sentimentale. De cette comédie intime et personnelle, on sort en effet comme régénéré d'avoir été confronté à l'écart entre les valeurs parentales et celles que l'on s'invente. Car, si contraint et forcé, on ne cesse de se confronter à cet écart, celui-ci, comme pour Philippe, se réduit considérablement... une comédie en forme de catharsis.
Nom
de code Sacha (Thierry Jousse, 2001, 0h37)
Dans un bar, un musicien-poète rencontre une strip-teaseuse qui se fait appeler Sacha. Il la filme avec une petite caméra numérique puis cherche à la revoir. S'engage alors une succession d'occasions ratées... Comment développer une histoire d'amour, une histoire commune à partir d'un désir évident dès la première rencontre ? Le film commence sur le mode érotique avec le strip-tease initial et le demeure en partie avec des flash-back mentaux et des incursions dans le monde du peep-show. Mais le film ne tarde pas à se résoudre en comédie musicale alignant, en moins de 40 minutes, sept chansons parfaitement intégrées dans la trame narrative. L'insistance sur les trois couleurs primaires lumière : le vert (la pharmacie près du domicile de Marie) le rouge ( l'éclairage du studio d'enregistrement) et le bleu (les flashs mentaux dans lesquels Marie apparaît) évoque le désir pulsionnel alors que la musique, plus douce dérive vers la douceur des sentiments. La présence d'Anna Karina, qui chante parfois à la ville les textes de Philippe Katerine, est l'occasion d'un discret hommage à Godard (Pierrot le fou dans la séquence du dialogue dans la voiture ou A bout de souffle dans la longue séquence de séduction finale dans la chambre). On retiendra aussi l'exposé par Marie d'une théorie du désir qui fonctionne comme une théorie de la mise en scène.
|
présente
|
||
Je
suis un no man's land de Thierry Jousse
|