Tout simplement noir

Jean-Pascal Zadi, John Wax
2019

Avec : Jean-Pascal Zadi (JP), Fary (Fary), Caroline Anglade (Camille), Claudia Tagbo, Mathieu Kassovitz, Lucien Jean-Baptiste, Fabrice Eboué, Ramzy Bedia, Jonathan Cohen, Eric Judor, JoeyStarr (Eux-mêmes). 1h30.

JP, un acteur raté de 40 ans, décide d’organiser la première grosse marche de contestation noire en France, mais ses rencontres, souvent burlesques, avec des personnalités influentes de la communauté et le soutien intéressé qu’il reçoit de Fary, le font osciller entre envie d’être sur le devant de la scène et véritable engagement militant...

Dès le premier plan, JP est filmé comme personnage d'un documentaire dont on ne saura pas par qui il a été commandé et pourquoi. Ce n'est en réalité qu'un dispositif permettant d'enchainer bout à bout une série de sketches sans transition, dramaturgie, mise en scène et approfondissement des personnages. Les interventions des documentaristes, et surtout de leur chauffeur, sont prétextes à quelques gags.

A l'absence de forme répond l'absence de fond. JP n'a pas la suffisance burlesque d'Hubert Bonisseur de La Bath dans OSS 117 ou de Serge Karamazov dans La cité de la peur. Il est juste un peu beauf et immature, machiste, négligeant quant au climat, incapable de comprendre le monde dans lequel il évolue et dépréciant le travail des autres. L'objectif d'être quelqu'un par la réalisation d'une grande oeuvre se délite vite pour les petits profits comiques de la "dénonciation" du racisme latent de chacun, de son espoir de gloire, plus ou même éphémère, le tout pour finir par un éloge de la famille, bien plus importante que la politique (certes !).

Si certains sketches sont pénibles (Mathieu Kassovitz, Eric Judor) d'autres sont plus réussis, ceux de Claudia Tagbo, de Lucien Jean-Baptiste et Fabrice Eboué, de Ramzy Bedia et Jonathan Cohen. Fary est excellent de bout en bout et porte le film.

Jean-Luc Lacuve, le 08/08/2020