Né en 1935
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histoire du cinéma : image cristal |
Une forme plurielle
Cinéaste atypique et maudit, Peter Watkins tient une place à part dans l'industrie du cinéma. Détesté des médias, Peter Watkins est devenu un modèle pour plusieurs générations contestataires. Artiste avant-gardiste, Peter Watkins est surtout l'inventeur de principes cinématographiques audacieux : ses films dénoncent la "monoforme" (uniformisation de la forme télévisuelle et cinématographique) par des auto-interviews, des mélanges entre fiction et documentaire, et un style visuel atypique, qui s'affranchit de toutes les formes narravites et esthétiques convenues.
Dès Journal d'un soldat inconnu, description minutieuse de la vie quotidienne de soldats anglais dans une tranchée en 1916, et Les visages oubliés, reconstitution du soulèvement populaire de 1956 à Budapest, films tournés avec des moyens modestes, le cinéaste met en place son style. Chacune de ces "fictions", élaborées à partir de documents iconographiques (photographies, films, émissions de télévisions), sont tournées avec des acteurs inconnus, en décors naturels, la caméra portée à l'épaule comme par un opérateur d'actualités, leur conférant ainsi un caractère de reportage pris sur le vif.
La Bataille de Culloden, reconstitution de la bataille sanglante qui, le 16 avril 1746, opposa sur la lande de Culloden les troupes de James Edward Stuart à l'armée anglaise, a aussi cette caractéristique d'être filmée comme un reportage, comme si des équipes de la télévision s'étaient trouvées sur place, avec même des interviews "à chaud" d'acteurs et de témoins de l'événement.
La Bombe, documentaire-fiction "imagine", mais de manière précisément documentaire, les effets d'un conflit nucléaire sur la Grande-Bretagne depuis l'évacuation de femmes et d'enfants des villes "au cas où" jusqu'aux tentatives de réorganisation sociale des survivants.
Privilège, est aussi un documentaire-fiction sur les coulisses de la carrière d'un chanteur pop manipulé par un gouvernement autoritaire. Les gladiateurs, sur les jeux du cirque télévisés de l'avenir pour canaliser les pulsions agressives des citoyens d'un monde sans guerre, et Punishment park, dont il co-écrit le scénario, sur l'expérience de jeunes Américains contestataires condamnés à une sorte de "goulag" dans le désert du Sud-Ouest sont moins audacieux formellement.
Mais Edvard Munch, la danse de la vie, biographie originale, tenant compte de tous les paramètres dans la création (historiques, sociologiques, technologiques, pathologiques, psychologiques, etc.), du peintre expressionniste norvégien est son chef d'uvre.
Un cinéaste engagé contre la guerre et les mass-média.
Pacifiste affirmé, Peter Watkins fait de la guerre son sujet de prédilection pour mieux en souligner les absurdités. Journal d'un soldat inconnu et Les Visages oubliés, ont pour contexte respectivement la Première Guerre mondiale et la révolution hongroise anti-communiste. La Bataille de Culloden, est la reconstitution de la sanglante bataille écossaise du 16 avril 1746 qui opposa sur la lande de Culloden, non loin d'Inverness, les troupes jacobites du prétendant écossais au trône James Edward Stuart à l'armée anglaise du duc de Cumberland. Le documentaire sur le nucléaire commandé par la BBC donne La Bombe, où le cinéaste imagine le déclenchement d'une guerre entre l'OTAN et l'URSS et les suites désastreuses d'une explosion atomique.
Autre cible privilégiée de Peter Watkins : l'hégémonie des mass-médias. Avec Privilège en 1966, il fabrique une allégorie virulente sur la manière dont les médias et l'establishment britanniques concourent à détourner l'énergie politique de la jeunesse. La nécessité de construire un discours critique sur les médias devient alors son cheval de bataille : durant ses années de nomadisme, à partir de 1968, il enchaînera conférences et séminaires sur l'unilatéralisme des médias de masse - ce qu'il appelle la "monoforme".
Une suite de fiasco critiques
Né le 29 octobre 1935 à Norbiton dans le Surrey, en Angleterre, Peter Watkins fait ses études au Christ College à Cambridge puis à la Royal Academy of Dramatic Arts. Après des débuts comme comédien pour une petite troupe théâtrale, et une expérience de mise en scène avec un court-métrage, The Web, il est embauché par la société George Street and Company pour produire et réaliser des spots publicitaires. Cette expérience forme son sens critique. Il devient ensuite assistant monteur chez World Wide Pictures, boîte de production documentaire, où il apprend la technique.
Présentés au London Film Festival, récompensés dans divers festivals internationaux, programmés à la télévision, Journal d'un soldat inconnu et Les visages oubliés, attirent l'attention sur leur auteur qui, après avoir dû interrompre un cinquième film : Dust fever, est, en 1963, engagé par Huw Weldon, responsable de l'unité "Documentaires" de B.B.C. - T.V.
Mais La BBC refuse de diffuser La Bombe prétextant sa piètre qualité. Le film embarrasse les dirigeants de la BBC : son réalisme, accusé par un commentaire dit par deux commentateurs de la BBC, est à la limite du supportable, et, surtout, il révèle quantité d'informations inconnues du grand public. De fait, il est interdit de diffusion et ne sera autorisé à être exploité en salle qu'en 1966.
Punishment park fait scandale et se voit retiré de l'affiche seulement quatre jours après sa première à New York.
Exténué par l'accueil glacial réservé à ses films, Peter Watkins s'installe en Suède en 1968. Il y tourne Les Gladiateurs.
Il déménage ensuite en Norvège pour une biographie du peintre expressionniste Edvard Munch. C'est la seule fois où l'un de ses films est accueilli avec chaleur.
Avec Le voyage, film pacifiste international, qu'il tourne de 1983 à 1986, et dont la durée de projection est de quatorze heures, Peter Watkins épuise ses envies de réalisation. Exilé de son pays où son nom ne figurera pas dans une histoire du Cinéma publiée, en 1985, par le British Film Institute. Fatigué, il s'installe en Lituanie en 1994 pour y vivre paisiblement.
En 1999, le projet de La Commune, co-financé par Arte, lui donne l'occasion de reprendre temporairement ses activités. Tourné dans une usine désaffectée de Montreuil, La commune (Paris, 1871) est un film-fleuve dans lequel Watkins fait à nouveau intervenir une équipe de télévision au cours des événements historiques. Mais, une nouvelle fois, l'accueil critique est mauvais, la chaîne française accusant le cinéaste d'avoir crée un "fiasco".
Une rétrospective de l'uvre de Peter Watkins a été présentée au festival de La Rochelle en 2004.
Filmographie :
1956 | The web |
1958 | The field of red |
1959 | Journal d'un soldat inconnu |
(Diary of an unknown soldier).0h08. Une journée de la vie d'un jeune soldat britannique dans les tranchées françaises de la Première Guerre mondiale. La peur et les interrogations d'un homme seul dans la tourmente. |
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1961 | Les visages oubliés |
(The forgotten faces). 0h17. Une évocation du soulèvement de 1956 à Budapest. Vie et mort de quelques citoyens ordinaires oubliés par l'Histoire. L'une des premières expérimentations de "fiction documentaire" de l'auteur. Son réalisme a pu laisser penser à ses premiers spectateurs qu'il s'agissait d'un reportage filmé en direct de ces événements sanglants. |
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1962 | Dust fever |
(inachevé). | |
1964 | La bataille de Colluden |
(Culloden). 16 avril 1746. La bataille de Culloden, dans les landes marécageuses de l'Ecosse. Sous les ordres du Duc de Cumberland, les régiments d'élite anglais écrasent les partisans de Charles-Édouard Stuart, scellant le sort définitif de l'Ecosse. L'ultime bataille à s'être déroulée sur le sol britannique tourne au massacre. Plus de 2000 écossais tomberont, victimes des combats et de la féroce répression qui s'abattit sur tout un peuple et sa culture. | |
1966 | La bombe |
(The War Game). 0h48. 1966. Les Chinois envahissent le Vietnam. Pour prévenir l'intervention des États-Unis, les Russes occupent Berlin-Ouest. Une bombe nucléaire tombe dans le comté de Kent où se situe une base importante de missiles intercontinentaux. C'est la panique. |
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1967 | Privilège |
(Privilege) Steven Shorter est la star anglaise la plus en vue du moment. Sa musique est écoutée par tout le monde, de sept à soixante dix-sept ans. Tous les britanniques l'aiment. Ses producteurs commencent à se servir de sa popularité pour augmenter la vente de pommes, suite à une catastrophe agricole, dans le but d'aider les cultivateurs. Ensuite, ils décident que, désormais, Steven doit donner l'exemple du respect de la religion et du nationalisme. D'autres projets de manipulation s'ensuivent... |
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1969 | Les gladiateurs |
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(Gladiatorerna / Gladiators). Les plus grandes puissances internationales, alignées et non-alignées, craignant la possibilité d'une nouvelle guerre mondiale, décident de l'empêcher en canalisant les pulsions agressives de l'homme. Elles forment une Commission Internationale qui s'emploie à organiser des combats entre des soldats de différents pays. Ces compétitions, qui peuvent aller jusqu'à la mort, sont appelées Jeux de la Paix - elles sont sponsorisées et retransmises par satellite dans le monde entier. Le film se concentre sur le Jeu 256, qui se déroule dans le Centre International des Jeux de la Paix près de Stockholm, sous le contrôle d'un puissant ordinateur. Les arbitres décident d'éliminer un homme et une femme appartenant à des équipes opposées mais qui tentent de s'approcher, considérant qu'ils mettent ainsi en danger la stabilité du système. |
1971 | Punishment park |
Avec : Mark Keats (William C. Hoeger, président du tribunal), Kent Foreman (Défenseur), Cathrine Quittner (Nancy Smith). 1h28. En 1971, la Chine envahit le Laos et bombarde la Corée du Sud. Le président Nixon, s'appuyant sur le décret MacCarran de 1950, qui lui permet de décréter l'état d'urgence sans l'approbation du Congrès, fait emprisonner tous les éléments hostiles à sa politique à l'intérieur du pays... |
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1974 | Edvard Munch, la danse de la vie |
Avec : Geir Westby (Edvard Munch), Gro Fraas (Madame Heiberg), Eric Allum (Edvard - 1868), Amund Berge (Edvard - 1875). 2h54. Edvard Munch, jeune peintre norvégien né en 1863, fait ses débuts et expose des oeuvres d'un genre nouveau. De 1884 à 1894, il va s'élever au rang d'artiste le plus controversé d'Europe du Nord. Incarnation de l'expressionnisme, il est confronté aux conventions de la société puritaine. Il dérange les codes de ce système en participant au club de l'anarchiste Hans Jaeger et défraie la chronique lors de sa brève relation avec « Mme Heiberg ». |
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1975 | Fällan |
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(The Trap). Avec : Karl Lennart Sandquist (John), Bo Melander (Bertil), Anita Kronevi (Margareta), Jonas Berg (Bo), Thomas Carlsson (Peter). 1h05. |
1975 | 70'ernes folk |
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(The seventies people). Avec : Jette Jørgensen (Katherine), Inge Lundgren (la mère de Katrine), Erik L. Christensen (Fleming, le père de Katrine), Anne Katherine Holm (Anne), Elisabeth Hastrup (La mère de Anne), Frederick Rils-Petersen (Le père de Anne), Christian Rosenstand Koux (le frère de Anne). 2h07. La question du suicide des adolescents dans le Danemark des années 70. Le film raconte l'histoire parallèle de deux familles de Copenhague, l'une plutôt aisée, l'autre beaucoup moins, et enregistre les réactions des protagonistes comme d'un certain nombre de spécialistes et de professionnels concernés. Pour questionner les failles de l'état providence dans un "modèle" de social démocratie pourtant réputé exemplaire... |
1977 | Force de frappe |
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(Aftenlandet / Evening land). 1h49. La construction de quatre sous-marins nucléaires destinés à la marine française déclenche une grève dans un chantier naval danois. Au même moment, une réunion des ministres du Marché Commun à Copenhague est perturbée par une manifestation de soutien aux grèvistes. Des éléments incontrôlés vont kidnapper le Ministre danois avant d'être neutralisés ou abattus par l'intervention des forces de police. |
1987 | Resan |
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(The jurney). 14h33. |
1994 | Fritänkaren |
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Avec : Yasmine Garbi (Harriet Bosse), Anders Mattsson (August Strindberg), Lena Settervall (Siri von Essen). 4h36. |
2000 | La commune (Paris, 1871) |
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Avec 212 habitants de la région parisienne, de Picardie, du Limousin, des "sans-papiers" d'Algérie, du Maroc, de Tunisie. 6h45 ou 4h30. Nous sommes en mars 1871, tandis qu'un journaliste de la Télévision Versaillaise diffuse une information lénifiante, tronquée, se crée une Télévision Communale, émanation du peuple de Paris insurgé... |