Burkina Faso, l’insurrection populaire d'octobre 2014 a chassé Blaise Comparoé du pouvoir qu'il occupait depuis 27 ans. Quatre ans plus tard, Une fois la vague d’espoir retombée, Bikontine, un jeune poète, décide de partir à la rencontre de ses concitoyens. Il abandonne son travail de manutentionnaire dans l'entreprise Eau idéale qui conditionne en sachets. Il abandonne surtout pour un temps son projet d'exil en Europe. Avec la cinéaste Lucie Viver, il a pour projet un voyage le long de l’unique voie ferrée du pays à la rencontre des habitants des villes et des villages. Une question le hante : que reste-t-il du « pays des hommes intègres » ? Faut-il migrer ou rester ? L'espoir suscité par Thomas Sankara, président du pays durant la période de la première révolution burkinabè de 1983 à 1987, peut-il renaitre ?
Beregadougou, l'espoir d'une vie meilleure. Bikontine achète chez une jeune vendeuse un cahier bleu et un stylo pour tenir son carnet de voyage. sous la forme d’un pont, construit en 1932 sur ordre des français, mais certainement pas de leurs propres mains ; un paysan lui fait cadeau d'arachides. Des sacs de sucre entassés à la raffinerie, puis Sankara qui demande l’annulation de la dette.
Bobo-Dioulasso. Le sens des mots. Une institutrice enseigne aux enfants le sens du drapeau du pays. le vert parce que le pays est à 90 % agricole et le rouge sang de ceux qui se sont battus pour la liberté, l'indépendance. Le jaune de l'étoile au milieu : une lumière qui guide vers un Burkina Faso où fait bon vivre
Une femme instruite et diplômé dit en quoi elle est redevable à Sankara, président féministe qui voulait l'égalité hommes femmes: , la statue de la place centrale était autrefois la femme qui portait un balaie. il a voulu une statue plus moderne représentant une femme portant un flambeau. La compagnie Orange règne sur l'économie de la ville : ventes d cartes et de téléphones, fabrication d'enseignes publicitaires. Un homme creuse pour 1000 francs par mètre une tranchée pour faire passer les câbles d'Orange. Bikontine rencontre Ahmed, qui suit avec difficulté des cours du soir pour maitriser le fiançais. Il se souvient du poème "A ma mère" de Camara Laye. Des hommes discutent de la récente visite d'Emmanuel Macron. Des femmes balaient la route.
Bagassi. Sans jamais y croire. Bikontine exprime ses doutes quant à l'utilité du poète à un médecin qui lui dit ; que le poète a sa place dans la société ; de faire ce qui lui plait vraiment.
Pompoï, c'est le même monde. Dans un paysage presque désertique, Bikontine rencontre des chercheurs d'or qui creusent des puits dans un sol aride, espérant la découverte miraculeuse.
Zamo. Je veux changer. Dans une salle d'attente du planning familial. Une jeune fille vient demander une piqure qui lui assurera trois mois de contraception. une femme demande qu'on lui enlève son stérilet. L'infirmière lui fait remarquer que cela ne fait pourtant que 14 mois qu'elle a accouché et qu'elle pourrait attendre un peu. En vain.
Un match de foot est organisé et sponsorisé par Total. C'est le temps de la récolte du coton. Bikontine y participe un peu et s'endort complément immergé dans du coton.
Ouagadougou. Bouts de peinture étoilée. Bikontine rencontre Zéro Zéro, un insoumis plus âgé et plus révolté que lui encore. Une projection en plein air d'un documentaire consacré à Sankara est organisé devant la foule toujours admirative de celui qui leur a appris, la confiance et la joie en même temps qu'il a développé le pays. Il rêvait de partir conquérir l'espace.
Vers Kaya. La route glisse sous mes pieds. Thomas Sankara avait invité son peuple à prolonger la ligne au-delà de Ouagadougou vers Kaya sans aucune aide extérieure. La ligne parait à l'abandon et se termine brutalement.
Lucie Viver suscite le parcours d'un jeune poète afin d'ausculter son pays. Du Sud au Nord, en suivant l'unique voie de chemin de fer du pays, Bikontine met à l’épreuve son rôle de poète face aux réalités d’une société en pleine transformation et révèle en chemin l’héritage politique toujours vivace d’un ancien président :Thomas Sankara. La guitare rageuse de Rodolphe Burger accompagne les images mentales, extraits d'archives télévisés, qui montrent la révolution populaire de 2014. La guitare se montre plus mélancolique quand, sur d'autres extraits documentaires, est évoqué le souvenir de Thomas Sankara qui incarnait le renouveau du pays. Cet idéal de confiance, de joie, de revendications panafricaines d'annulation de la dette, d'une place égale entre femmes et hommes et d'autosuffisance alimentaire et technologique
Bikontine, "l'enfant adulte" dans la langue de son pays rencontre travailleurs de la terre au fil de son périple, mais aussi des balayeuses, chercheurs d’or, médecins… Avec curiosité et ouverture, il entame la conversation avec tous, jusqu’à déceler le sentiment de chacun face à une société insatisfaisante.. Sankara est quant à lui la lumière qui éclaire la route de Bikontine ; son visage ne cesse d’apparaître sur écrans, livres et t-shirts. Sankara fit prolonger la ligne de chemin de fer burkinabè jusqu’à Kaya. Arrivé au terminus, le poète devra poursuivre sa route seul, dans un présent qui ne demande qu’à s’écrire.
La sortie du film est programmé en e-cinema le mercredi 29 avril, du fait du confinement obligatoire. La séance et le débat avec la réalisatrice, Bikontine et le producteur et les spectateurs présents sont possibles dans un rayon de 40 kilomètres autour de la salle qui diffuse le film. En achetant sa place ici, vous verrez vos 5€ se partager entre la salle et le distributeur. Une excellente manière de faire vivre les cinémas pendant cette période si difficile.
Ci-après, captures d'écrans pendant le débat lor de la première séance de e-cinéma au Café des images, le 29 avril 2020 :
Jean-Luc Lacuve, le 11 avril 2020