Sweetback est, "acteur" dans un boui boui érotique où il fait son show tous les soirs en compagnie de nombreuses dames. Ce surnom, il l'a gagné par ses nombreuses conquêtes... car dès l'adolescence, il faisait tomber les demoiselles qui s'agrippaient à son "dos soyeux" lors de l'extase.
Mais la vie banale de Sweetback prend un tournant le jour où deux flics viennent dans la maison close à la recherche d'un noir pour effectuer un faux témoignage. Le proprio leur vend Sweetback, emmené en voiture pour le commissariat.
Sur la route, une manifestation de blacks perturbe l'ordre public. Les deux flics font un petit détour, sur ordre de leur supérieur pour remettre du calme dans la rue. Ils capturent le leader : Mu-Mu et s'isolent dans un chantier désert, uniquement animé par le bruit de grues, pour tabasser au jeune noir rebelle. Mais la menotte de Sweetback empêche l'un des flics de bien frapper et il le libère. Sweetback voit pendant de longues minutes son "frère" se faire salement tabassé, puis passe à l'acte. C'est lui qui frappe les deux flics avec la menotte restée accrochée à son poignet.
A partir de ce moment, les flics vont se lancer à sa recherche, et il va se mettre à fuir, à courir, droit devant lui. La traque le fait traverser tous les USA, à pied, en autostop, en train, afin d'échapper à la police. Sweetback apprend à vivre dans le désert, à manger ce qu'il trouvera (lézards ). Il doit aussi tuer des policiers et une meute de chiens lancés à ses trousses pour rester en vie. La cavale le mène jusqu'au Mexique où, une fois la frontière franchie, il pourra vivre libre.
C'est le premier film d'un courant cinématographique bien particulier, fait par et pour les Noirs, la Blaxploitation. Joué par des acteurs amateurs (le fils de Melvin, Mario, joue le rôle de Sweetback enfant, dans la première scène - une scène assez osée, vu l'âge que devait avoir Mario), hautement politisé, le film dénonce le racisme en empruntant la forme du road-movie pur et dur.
Melvin Van Peebles multiplie les effets cinématographiques jusqu'à l'excès. Il use et abuse d'incrustations, de surimpressions, de surexposition et la solarisation. Des aplats de couleurs sont ajoutés çà et là, donnant un grain criard et agressif à l'image. Les mouvements de caméra (zoom avant - zoom arrière) se succèdent en saccade. Le montage est épileptique, saccadé et parfois brutal. Le tout est rythmé et s'adapte à la musique et aux actions pour constituer La chanson de Sweetback le salopard.
Le film reste minimaliste au niveau scénaristique. Il s'agit d'une cavale jusqu'au Mexique, Sweetback court, s'arrête dans une communauté, reprend sa course jusqu'à la prochaine communauté et ainsi de suite. Les personnages secondaires sont heureusement aussi sympathiques que caricaturaux. Ainsi "Beatle", gangster bedonnant, qui reçoit ses invités en petite tenue de bain, charlotte colorée sur la tête, et qui malgré la présence de Sweetback ne se gêne pas pour aller au toilette devant lui. Le tout filmé d'une manière "romantique" à travers un miroir arrondi. Le prêtre est habillé aux couleurs de l'Afrique et ne prêche pas pour la paix : il prononce un "black avé maria" pour chaque flic frappé par Sweetback.