Le rouleau compresseur et le violon

1961

(Katok I skripka). Avec : Igor Fomchenko (Sacha), Vladimir Zamansky (Serguei), Marina Adzhubei (la mère). 0h42.

Voir : édition DVD

Sacha a sept ans. Il doit aller au conservatoire mais les enfants de l'immeuble ont l'habitude d'humilier celui qu'ils appellent "le musico" et Sacha doit compter sur le passage d'un adulte pour se faufiler vers la sortie. Les enfants le rattrapent et s'emparent de son violon qu'ils se passent les uns aux autres telle une balle devant Sacha impuissant. Surgit alors Serguei, jeune ouvrier qui conduit le rouleau compresseur motorisé chargé d'aplanir la place goudronnée devant l'immeuble. Serguei réprimande la bande d'enfants qui abuse de leur nombre pour martyriser Sacha. Il lui rend son violon et le sourire.

Sacha s'en va gaiement vers le conservatoire, flânant dans les rues, amusé par les multiples reflets du monde extérieur depuis les vitrines des magasins. Dans la salle d'attente du conservatoire, sont déjà là une mère et une fille de son âge, toute de rose vêtue. Lorsque Sacha sort une pomme de son cartable, il suscite l'envie de la fille en rose. C'est alors que sort le premier élève, en pleures car sa professeure ne lui a donné que quatre sur cinq. Il est consolé par sa maman qui estime la note déjà très bonne. Sacha est un élève bien moins travailleur et bien trop distrait. Il s'attire les remontrances de sa professeure qui lui attribue une mauvaise note. Sacha n'en est pas trop affecté et sort guilleret, sans même s'apercevoir que la fille en rose a mangé sa pomme.

Devant l'immeuble, Sacha retrouve Serguei qui règle le moteur de son rouleau compresseur. Il fait monter le gamin sur son engin et lui apprend à le conduire. Les autres enfants se prennent à respecter celui qui n'est plus seulement "le musico". Le jeune chef de bande continue néanmoins de menacer Sacha en tournant autour de lui avec son vélo. Mal lui en prend. Il dérape et tombe alors que le rouleau compresseur écrase sa sonnette. Serguei invite Sacha à déjeuner avec lui et deux autres ouvriers tout en dédaignant les avances d'une jolie conductrice d'engin, une collègue à la langue bien pendue.

Durant le repas, Serguei exprime son admiration pour la musique et Sacha camoufle qu'il est un élève peu travailleur. Sur le chemin du retour, Sacha remarque un enfant qui se fait martyriser par un autre, plus grand. Il aimerait que Serguei intervienne mais celui-ci laisse Sacha intervenir. Sacha défend courageusement l'enfant mais se fait battre par le plus grand. De dépit, il jette un morceau de pain par terre. Serguei le réprimande car ce n'est pas lui qui gagne son pain. Les deux amis se réconcilient et Sacha joue un court moment pour Serguei qui reprend le travail. Les deux nouveaux amis promettent de se retrouver au cinéma, le soir à 19 heures.

Tout l'après-midi, Sacha joue de son violon pour se montrer à la hauteur des espérances que son nouvel ami a mis en lui. A l'heure où il se prépare à sortir pour rejoindre Serguei, sa mère rentre. Elle le réprimande d'avoir joué du violon avec les mains noires de cambouis et lui interdit de sortir le soir. Serguei attend vainement son ami, vient à sa rencontre dans la cour mais ne reçoit pas même le mot que Sacha tente de lui envoyer pour dire qu'il n'a pas eu l'autorisation de sortir. Finalement, Serguei, déçu, accepte d'aller au cinéma avec sa collègue amoureuse de lui.

Sacha, désespéré mais épuisé, s'endort en rêvant qu'il court rejoindre Serguei qui l'emmène loin d'ici sur son rouleau compresseur.

Après deux exercices d'école coréalisés avec d'autres, le troisième essai de Tarkovski est beaucoup plus personnel. Il met déjà en scène la problématique des tensions entre l'artiste (Sacha), le prolétaire (Serguei) et la loi (la mère).

ce moyen métrage en couleurs, pour une large part tourné en studio, est néanmoins l'occasion de montrer quelques images du Moscou des années soixante.

Test du DVD

Editions Potemkine et Agnès B. Novembre 2011. Coffret 8 DVD: L'intégrale des courts et longs métrages d'Andrei Tarkovski.

Suppléments :

  • Présentation de chacun des films par Pierre Murat
  • Entretiens avec les proches collaborateurs du cinéaste
  • Meeting Andrei Tarkovski de Dmitry Trakovsky (2008 – 90 min).