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The Savage Eye

1960

Avec : Barbara Baxley (Judith McGuire), Gary Merrill (Le poète), Herschel Bernardi (L'homme marié), Jean Hidey (Venus, la strip-teaseuse), Elizabeth Zemach (L'infirmière) . 1h08.

dvd chez Carlotta Films

Judith McGuire atterrit à Los Angeles dans l'espoir que sa vie y trouve un second souffle. Elle se remet difficilement de son récent divorce et, dès son arrivée, une voix intérieure masculine, sa conscience, l'assaille de questions.

Voyageuse solitaire, elle assiste aux embrassades de l'aéroport alors qu'elle ne peut toucher une peau humaine sans être malade. Ne voir personne, ne parler à personne... Puis, petit à petit, acheter une voiture et être comme les autres femmes, belle, parfaite, insensible, entretenir ce faux rêve d'un corps toujours bien entretenu entre manucure, coiffeurs et salle de sport. Elle regarde d'un œil sauvage ces femmes qui courent les magasins à la recherche de la robe de la bonne couleur pour "lui" plaire : "Il me hait en mauve, en rouge, peut-être me hait-il tout court".

Judith joue au poker tous les mercredi après-midi puis se retrouve seule dans un bar quand beaucoup reportent leur amour sur des animaux de compagnie. Elle essaie de rappeler Fred, son mari infidèle, qu'elle hait mais qui lui manque. Elle se venge comme elle peut, va au catch avec un homme marié qu'elle tente d'arrêter avant qu'il n'aille trop loin, par exemple à la sortie d'une boite de strip-tease dans laquelle elle a été avec lui.

C'est Noël et 1er janvier. Elle est obligée de coucher avec lui. Dégoût : personne n'aime personne ; zéro, zéro. Partout des flics, des accidentés, ceux qui ne sont ni beaux, ni anesthésiés qui ne savent ni aimer ni être aimés.

Le dimanche, Judith lave sa voiture comme elle aimerait laver son âme d'entretenir une liaison sans amour. Elle entre dans une église où un prédicateur soigne tous ceux et surtout toutes celles qui viennent à lui pour une jambe, blessée, trop de pression artérielle, les yeux, un enfant qui les inquiète, les nerfs... Judith quitte précipitamment l'église et s'enfuit en voiture. Elle a un accident sur l'autoroute. Elle se croit morte, mais elle est soignée dans un hôpital. Elle commente la psychologie de ceux qui, miséreux, lui donnent du sang pour la sauver. Elle a des visions, d'elle fuyant, d'elle enfant. La seule obscénité, c'est la mort, se dit Judith qui reprend courage.

La musique de Léonard Rosenman et la voix de la conscience poétique de Judith accompagnent celle-ci dans son voyage solitaire dans un Los Angeles vulgaire livré à la solitude, l'un des cercles de l'enfer ("A la fin du sixième jour, les étoiles déclinèrent et le soleil se leva. Avec le feu, la poussière, l'ordure et l'alcool, Dieu créa l'homme....) À travers Judith, c'est la solitude de la femme qui parle, l'horreur qu'elle éprouve face au monde chimérique contenu par l'Amérique des années cinquante, l'aliénation exercée par la mégalopole sur les individus.

Réalisé à partir d'un script évolutif de Ben Maddow, le film a pour but de rendre compte de la vulgarité de l'environnement de Los Angeles, à la manière de William Hogarth, l'auteur de La carrière d'un libertin, voir de Dante ou de Virgile en faisant de Los Angeles l'un des sept cercles de l'enfer. Finalement, le scénario s'oriente vers le parcours d'une femme vulnérable, victime de son mari, de la société, sensible à la folie autour d'elle et qui a du mal à assimiler la culture qui l'environne. Elle a une vie dangereuse et impitoyable, avec des échecs et des frustrations. Le titre du film rend compte de son observation sauvage du monde. Une narration poétique est choisie pour donner un liant narratif.

Joseph Strick réprouve l'utilisation d'une caméra cachée et préfère se contenter de filmer sans maniérisme, d'un air détaché, simplement, en se fondant dans l'environnement des gens. Aux Etats-Unis, si quelqu'un fait quelque chose en public, on a le droit de le filmer contrairement à la France où la législation est plus complexe.

Joseph Strick utilisa une petite caméra Eyemo avec 30 mètres de pellicule et pas de son pour les repérages. Il loua ensuite une Mitchell pour avoir le son. Celle-ci, avec le matériel électrique pesait 230 kilos et nécessitait trois ou quatre opérateurs pour la manipuler. Sydney Meyers a monté le film. Personne n'a été payé. Film de bénévoles, il a été présenté pour la première fois en 1959 au Festival d'Edimbourg où il a remporté un vif succès ce qui a permis ensuite sa diffusion en Angleterre et aux Etats-Unis.

Test du DVD

Editeur : Carlotta-Films, avril 2010. Nouveau master restauré, version originale, sous-titres français.

Suppléments :

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