Buñuel après l’âge d’or

En 1930 à Paris, Buñuel fréquente les intellectuels et présente L’âge d'or Brûlot surréaliste contre l’ordre bourgeois. Son film fait scandale (1930). A la sortie du film l'un de ses compatriotes, Eli Lotar, lui propose de lire Las Jurdes : étude de géographie humaine de Maurice Legendre (publiée en 1927) sur les conditions de vie misérables dans les Hurdes. Buñuel n'y attache aucune importance, la tête pleine des films qu'il s'apprête à tourner. Mais la Vicomtesse de Noailles, qui a financé L’âge d'or, est convoquée au Vatican et menacée d'excomunication. Elle promet alors au Pape que Buñuel sera privé de tout financement.

Du coup, Buñuel se passionne pour l'élude de Maurice Legendre et part en Espagne pour trouver des financements. Il confit à son ami peintre et sculpteur, l’artiste et militant anarcho-syndicaliste Ramon Acin qu'il n'a pu en trouver ignoré qu'il est en dehors du petit cercle des intellectuels parisiens. Ramon achète un ticket de loterie et promet que, s'il gagne, il financera son film.

C'est à Paris quelque temps après Noel 1931 que Bunel reçoit la bonne nouvelle : Ramon a gagné et il l'attend dans les Hurdes pour commercer à tourner. Bunel s'y rend avant même Ramon surpris qu'il est déjà consacré le quart du budget à l'achat dune voiture pour les conduire sur les chemins tortueux des Hurdes.

Buneul met en scène sans complexe le vécu des paysans, leurs conditions de vie ou certaines de leurs coutumes qui pouvaient paraître barbares : ainsi, il paie un habitant pour qu’il arrache la tête d’un poulet; il abat au revolver une chèvre pour la montrer s'écroulant dans un ravin, il brise lui-même la ruche pour tourner l’âne dévoré par les abeilles. Enfin, il met en scène la fausse mort d'un enfant avec son petit cercueil flottant sur la rivière.

Ramon Acin, mais aussi le poète Pierre Unik et le photographe Eli Lotar, lequel tenait la caméra, n'approuvent pas le sensationnalisme de Buneule , hanté par la recgerche de la reconnaissance de son père et la peur de n'être inspiré que par le surrealisme puissant de Salvador dali dont les élephants-giraffes le tantent. Néanmoins il se le montre de plus en plus touché par la misère au fil du tournage.

Des cartons informent qu' alors que le 18 juillet 1936 éclate la guerre civile en Espagne, Ramon Acin est exécuté le 6 août par l’armée franquiste. Fin 1936, Terre sans pain sortit en salle mais Buñuel fut contraint de retirer le nom de Ramon Acin du générique. Le cinéaste devra attendre la ressortie de son film, dans les années 1960, pour rétablir le nom de son ami.

Buñuel après L’Age d’or est d’abord une aventure de production. Manuel Cristobal, le producteur espagnol qui a remporté quatre Goya du film d’animation depuis 2001, a lancé le projet de Buñuel après L’Age l’or après avoir acheté les droits du roman graphique Buñuel dans le labyrinthe des tortues, de Fermin Solis (Rackham, 2011). Il a confié la réalisation du film à Salvador Simo, lequel a travaillé chez Disney, notamment sur les effets spéciaux de Pirates des Caraïbes. La vengeance de Salazar (2017).

Sur la forme, Buñuel après L’Age d’or reste classique, privilégiant l’approche pédagogique, alternant le dessin et des extraits (en noir et blanc forcément) de Terre sans pain : c’est comme si le film de Buñuel venait par moments s’incruster dans le dessin animé. Une fois terminé, après le montage qui eut lieu à Madrid, en 1933, le film sera bloqué par la censure.