Accueil Fonctionnement Mise en scène Réalisateurs Histoires du cinéma Ethétique Les genres Les thèmes Palmarès Beaux-arts

Marie Stuart, reine d'Ecosse

Josie Rourke
2018

Genre : Biopic

(Marie Queen of Scots). Avec : Saoirse Ronan (Marie Stuart), Margot Robbie (La Reine Elisabeth I), Jack Lowden (Lord Darnley), Joe Alwyn Joe Alwyn (Robert Dudley). 2h04.

En 1561, Marie Stuart reine catholique d'Écosse, âgée de 19 ans, rentre de France dans son pays d'origine à la suite du décès de son mari, François II de France, pour prendre place sur son trône, où elle est reçue par son demi-frère, le Comte de Moray. En Angleterre voisine, sa cousine, Elizabeth, âgée de vingt-huit ans, est la reine protestante d’Angleterre, célibataire, sans enfant et menacée par la prétention potentielle de Marie de réclamer son trône. Marie, Fille d'Henry VII, a en effet autant de légitimité qu'Elizabeth, la batarde, fille d'Henry VIII et d'Anne Boleyn dont la mariage a été déclaré nul.

Marie se heurte bientôt au pasteur protestant John Knox, qui méprise toute prétention féminine, et le renvoie de sa cour. Knox est un leader de la Réforme écossaise et perçoit Marie comme un danger pour la suprématie protestante du royaume.

Dans le but d'affaiblir la menace de sa cousine sur sa souveraineté, Elizabeth fait en sorte que Marie, que les catholiques anglais reconnaissent comme leur reine légitime, soit mariée à un Anglais. Elle choisit Robert Dudley, qu'elle aime secrètement, à proposer à Marie. Les deux ne veulent pas se marier l'un avec l'autre, mais la nouvelle de la variole d'Elizabeth convainc Marie de prendre l'offre à condition que Marie soit nommée l'héritiere d'Elizabeth. Peu disposé à laisser partir Dudley, Elizabeth envoie secrètement Lord Darnley en Écosse sous prétexte de pouvoir vivre leur liberté religieuse. Marie se passionne peu à peu pour Darnley et finit par accepter sa demande en mariage.

Le mariage imminent de Marie avec Darnley provoque une crise constitutionnelle dans les deux royaumes : en Angleterre, sa cour conseille à Elizabeth de s'opposer au mariage de peur que Darnley, un noble anglais, élève la prétention de Marie à la Couronne. En Écosse, le conseil de Marie se méfie de Darnley, qui craint une prise de contrôle anglaise. Les deux royaumes exigent son retour en Angleterre, mais Marie refuse, incitant ainsi Moray à quitter furieusement sa cour et à se rebeller contre elle. Darnley épouse Marie, le temps qu'elle le découvre au lit avec son ami et secrétaire privé, David Rizzio, le lendemain matin. Face à l'insurrection et à l'infidélité, Marie décide d'écraser les forces rebelles mais épargne Rizzio et Moray. Elle demande à Darnley de lui donner un enfant. Quand un enfant est conçu, Marie déclare qu'il est "l'héritier de l'Ecosse et de l'Angleterre", ce qui offense profondément les Anglais.

Moray collabore avec le père de Darnley, Matthew Stewart, 4e comte de Lennox, pour saper Marie et propager des rumeurs sur son adultère et sur le fait que son enfant a été illégalement engendré par Rizzio. En entendant les rumeurs, John Knox prêche avec véhémence que Marie est une adultère. Craignant les accusations portées contre Marie et la possible découverte de son homosexualité, Darnley est contraint par les comploteurs de se joindre à eux pour l'assassinat de Rizzio et donne le coup de grâce à contrecœur. Marie découvre le complot et accepte de pardonner aux hommes impliqués à condition que soit présentée la preuve de la participation de Darnley. Elle pardonne finalement à Moray et demande à Elizabeth d'être la marraine de son enfant. Ensemble, ils conviennent que l’enfant est son héritier présomptif, au grand dam de la cour anglaise. Marie bannit Darnley mais refuse de divorcer malgré les appels de son conseil, qui contacte ensuite son conseiller et protecteur, le comte de Bothwell, pour le faire tuer.

Dans la mêlée qui suit la mort de Darnley, Marie est obligée de fuir et de laisser son enfant derrière elle. Le lendemain matin, Bothwell indique que son conseil a décidé qu'elle épouserait immédiatement un Écossais et que ceserait lui ; ce qu'elle n'accepte que contrainte et forcée. Knox prêche aux Écossais que Marie est une "prostituée" qui a tué son mari, amenant Moray et le reste de sa cour à exiger son abdication. Marie s'enfuit en Angleterre.

Apprenant de l'arrivée de Marie en Angleterre, Elizabeth organise une réunion clandestine avec elle. Marie demande l'aide d'Elizabeth pour reprendre son trône. Elizabeth hésite à partir en guerre pour le compte d'une catholique, mais lui promet un exil sans danger en Angleterre, tant que Marie n'aidera pas ses ennemis. Marie répond avec indignation que si elle le fait, ce ne sera que parce qu'Elizabeth l'y aura forcée. Si Elizabeth l'assassine, elle devra se rappeler qu'elle a "assassiné sa propre sœur et sa reine". Elizabeth ordonne que Marie soit placée en résidence surveillée en Angleterre.

1587. Elizabeth reçoit des lettres, preuves plus ou moins convaincantes que Marie avait conspiré avec ses ennemis pour la faire assassiner. Sous la pression et sans autre choix, Elizabeth ordonne l'exécution de Marie. Tandis que Marie se dirige vers l'échafaud, Elizabeth, pleine de remords, crie pour Marie, qui révèle une robe rouge vif, symbole de son martyr. Dans ses dernières pensées, Marie souhaite bonne chance à son fils James et espère la paix sur son règne.

Un carton final révèle que, à la mort d’Elizabeth, en 1603, James devint le premier monarque à gouverner l’Écosse et l’Angleterre.

Biopic qui fait de Marie Stuart une reine martyre de l'amour, de la générosité et du coeur. Intelligente et fière, elle ne prend pas suffisamment garde à protéger sa réputation. Les moeurs du temps ne pardonnent rien aux femmes qui ne se comportent pas, non pas tant comme des hommes (leitmotiv un peu fatigant d'Elizabeth) mais comme des êtres de pouvoir inflexibles. C'est la multiplicité de ses dons qu'Elizabeth reprochera fort justement à Marie, trop brouillonne (généreuse) dans ses actions.

La mise en scène profite des beaux paysages écossais, de ses belles actrices et réussit les moments d'intimité entre Marie et Lord Darnley ou avec ses dames de compagnie.

Josie Rourke revendique les libertés qu'elle prend avec l'histoire : les lettres que Marie et Elizabeth échangent furent leur unique source de communication. Elles ne se sont jamais rencontrées. L'ambassadeur d'Angleterre à la cour écossaise, Lord Thomas Randolph n'était pas un homme noir tout comme le personnage de Gemma Chan est une transposition asiatique d'Elizabeth Hardwick sa favorite, blanche. La réalisatrice a confié au L.A. Times : "Je vais être claire : il est hors de question que je mette en scène un drame historique entièrement blanc" ... Concession à l'air du temps.

Jean-Luc Lacuve, le 10 mars 2019

Retour