57 ans, 1,57 m, c'est Adrien Courtois, inspecteur des impôts en province. Sa femme Hilda est pharmacienne et riche, suite à de fréquents héritages. Quand la fortune du couple est assez rondelette, le petit fonctionnaire prend sa retraite et monte à Paris, bien décidé à faire fructifier son capital.
C'est alors qu'il lie connaissance avec le beau vicomte Renaud d'Homécourt de la Vibraye, 27 ans, 1,87 m, Raoul pour les intimes, et qui en sait long sur l'art et la manière de s'enrichir. Il faut dire que le beau Raoul est "rabatteur de pigeons" à la bourse du commerce où Karbaoui, le pied-noir, et Grézillo, le roi du sucre, lui fournissent de bons tuyaux. Et le dernier de ces tuyaux, c'est la prochaine envolée du cours du sucre à cause d'une soi-disant pénurie mondiale organisée par Grézillo.
Sur les conseils de Raoul, Adrien spécule, achète, achète jusqu'à ce que les cours de la précieuse denrée s'effondrent quand Grézillo la réintroduit en abondance sur le marché.
Ruiné comme tous les spéculateurs, Adrien tente d'abord de se suicider. Il est sauvé par Raoul qui s'est pris d'amitié pour sa victime et va l'aider à se venger de Karbaoui et Grézillo. Et lorsqu'un nouveau décès dans la famille d'Hilda remettra les Courtois à flot, Adrien et Raoul, vengés, repartiront à la conquête de nouvelles fortunes !
À l’origine du scénario, il y a le krach boursier réel du sucre en 1974, victime du marché de matières premières. L’escroquerie de départ fut simple : décréter artificiellement qu’il n’y avait plus de sucre en France, afin d’attirer ainsi les spéculateurs. Il en résulta un affolement général, caractérisé par une course au sucre dans les magasins, soixante-cinq milliards de centimes envolés et la quasi-fermeture de trois banques.
Georges Conchon avait sorti un livre (Le Sucre, Albin Michel, 1977). Ici, la crtique sociale envers l’extraordinaire cupidité des capitalistes qui spéculent et ruinent les petits épargnants, s'afface au profit de la farce comique. À la morale, le cinéaste préfère le divertissement, dont le superbe casting est le point d’orgue. Deux ans après 7 morts sur ordonnance, il retrouve Gérard Depardieu, qui excelle ici en jeune requin séducteur aux scrupules très relatifs, et Michel Piccoli, qui offre une savoureuse performance en mégalomane magnat de la finance. Jean Carmet campe un pigeon attachant, éveillant sympathie autant que moquerie. Les gags se succèdent, aux dépens de ce pauvre Adrien, pris dans une toile finement tissée. Les rouages comiques et les dialogues sont truculents, permettant de se délecter de l’absence totale de moralité dans tous les camps !