Gerardo, sympathique gaillard plein de vie, est un acteur passant nonchalamment, mais avec peu de succès, de la comédie à la tragédie. Impliqué, en raison de sa capacité à imiter le dialecte qialsiasi de l'Italie, dans une escroquerie concocté par Lallo contre un riche marchand de tissus, il est le seul à être arrêté et condamné à plusieurs mois de prison. Là, il rencontre un très large spectre d'escrocs à la petite semaine. En particulier, il se lie d'amitié avec De Rosa, un escroc pour qui les portes des prisons sont comme la porte tournante d'un grand hôtel.
Il va alors utiliser ses dons d'imitation (et de métamorphose) pour se lancer dans une fructueuse carrière d'escroc, pour apater et soutirer de l'argent aux plus candides des malheureux qui tombent sur lui. Mais un policier plus fin que les autres va tenter de le prendre à son propre jeu.
C'est le premier film où Vittorio Gassman joue sous la direction de Dino Risi, prélude à une longue et fructueuse collaboration de près de vingt films. Gassman s'en donne à cœur joie en pipeauteur bien sapé, en général à monocle, et même en... Greta Garbo arnaquant des paparazzi crédules !
Le film est tourné en Totalscope noir et blanc .Le récit prend de l'ampleur au fur et à mesure que les arnaques sont de plus en plus complexes, voire totalement invraisemblables. Le film d'arnaque, c'est un genre en soi ainsi Il Bidone, de Fellini. C'est dire à quel point la "combinazione" appartient à l'Italie de ces années-là, un pays en reconstruction, en mutation, une terre de progrès ultralibéral où le plus rusé l'emporte. Des micro-arnaques (un bijoutier que l'on paye en gâteaux, par exemple) aux dérives mafieuses de certains politiciens italiens, il n'y a finalement qu'un pas : l'une des utlimes escroqueries de Gassman consiste à piquer le pot-de-vin qu'un négociant en pâtes donne en espèces au général qui lui offre d'alimenter en spaghetti tout le personnel de l'armée de l'air.
Aurélien Ferenczi pour Télarama