Les tam-tams se sont tus

1972

Avec : Philippe Mory (Abraham), Amélie Joktane (Cecile), Gisèle Revignet (Josy), Jeanette Tchandi (Tante Adah), Marcel James (Oncle Martial), Robert Tual (le militaire), Chritian Aboghet (Nguema). 1h20.

Abraham est un sculpteur qui vit difficilement de ses commandes à la périphérie de la ville. Un marchand lui achète des statuettes pour la moitié du prix demandé mais un militaire lui passe une commande importante. Abraham supporte difficilement l'abandon des coutumes africaines et la soumissions aux codes européens de ses concitoyens et concitoyennes.

Il se rend dans son village natal pour la cérémonie du deuil de son père, mort il y a deux ans. Là il prône la modernisation face à son oncle martial, le chef du village. Celui-ci a pris pour huitième épouse Cécile, une jeune femme qu'Abraham désire.

Le soir de la fête ils s'éloignent tous deux dans une cabane au fond des bois et y restent jusqu'au petit matin. Ils espèrent pouvoir rentrer discrètement au village mais tante Adah vient leur apporter leurs affaires car leur idylle est découverte. En s'éloignant du village, Abraham constate que les tam-tams se sont tus et que quelque chose va lui manquer.

Abraham et Cécile traversent la brousse pour renter en ville. Cécile espère qu'Abraham pourra payer sa dote et calmer ainsi la colère de Martial. Elle est un peu déçue de constater que son amant vit dans une pauvre cabane de bois.

Josy, la sœur d'Abraham prend Cécile sous sa protection, l'habille d'une perruque et de vêtements à la mode et l'emmène dans une boite de nuit, où elle se laisse ramener chez Georges, un européen. En échange, elle a reçu de l'argent et s'habille à l'occidental pour rentrer chez Abraham. Celui-ci en colère lui arrache ses vêtements.

Martial a pardonné aux amants mais souhaite récupérer Cécile. Il envoie Adah la chercher en ville. Malgré ces malheurs et la colère d'Abraham. Cécile refuse de rentrer au village et suit Josy qui l'emmène en ville.

Les personnages, Abraham, Josy, Martial ou Adah tiennet chacune des discourstrès différents mais existent en dehors d'eux chacun ayant des difficultés à concilier tradition et modernité. C'est Cécile qui sous l'influence de chacun d'eux devra trouver sa propre voie.

Philippe Mory qui interprète Abraham met dans la bouche de celui-ci un discours d'affirmation de la négritude qui s'oppose à l'occidentalisation : "L'Afrique des perruques, le rouge sur les lèvres noiresn des costumes de laine par 40° de chaleur ce n'est pas mon Afrique". "Dans mon pays l'art n'est pas une délivrance, c'est un pis-aller. La délivrance pour l'Afrique c'est le ridicule"."Quelle dépersonnalisation de la race noire dont la seule ambition est de ressembler aux blancs pour se croire civilisée".

Abraham traite Cécile de déracinée mentale et de mutilée spirituelle. C'est pourtant bien les parcours difficiles de Josy et Cécile que Philippe Mory soutient. Josy est las d'une négritude qui ne réside que dans les mots et l'utopie. "Je n'ai connu que des noirs qui voulaient vivre comme des blancs jamais le contraire" dit-elle aussi.

Abraham sait que son discours est une pose. S'il constate que "Par manque d'originalité les autres m'ont écarté d'eux" et que les gens de la ville ne "connaissent plus leur lumière" il devra faire la même expérience de la rupture avec les traditions :" Les tam-tams se sont tus, j'ai l'impression d'avoir rompu avec quelque chose d'important rompu avec mon village ma famille ma vie.

En dépit de ces conflits, les relations restent fortes entre les personnages et non dénués d'humour :" Tu couches toujours avec ton patron ? Avec lui non, mais avec son argent oui". Plans assassins des blancs se bronzant sous le soleil tout comme de la bêtise de Josy qui affirme devoir :"Faire comme le blanc prendre le soleil pour avoir une belle peau."


Jean-Luc Lacuve le 22/03/2009.

Test du DVD

Editeur : Arte Edition. mars 2009. Edition triple DVD. 3 réalisateurs - 5 films.

DVD 1 : Le don de Dieu de Gaston Kaboré (1982-1h10), Buud yam (1996,1h35). DVD 2 Djeli, conte d'aujourd'hui de Fadila Kramo-Lanciné (1981,1h29), Wariko, le gros lot de Fadila Kramo-Lanciné (1994, 1h35). DVD3 : Les tam-tams se sont tus de Philippe Mory (1971, 1h20)