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(1921-1975)
67 films
   
   
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Kenji Misumi naît le 2 mars 1921 à Kyoto d'une relation entre une geisha et un agent maritime originaire de Kobe. Il est le fruit d'une grossesse vraisemblablement non désirée, sa mère le confie tout jeune à la garde de sa tante tandis que son père ne participe que financièrement (et lointainement) à son éducation.

Après des études à l'université de Ritsumeikan, il choisit le septième art — afin de tirer un trait sur sa vocation de peintre, sa famille s'y étant opposée — et intègre l'antenne locale de la société Nikkatsu, initialement pour tenter sa chance en tant qu'acteur, puis finalement en tant qu'assistant-réalisateur. Mais son expérience au sein de la société de production est de courte durée puisqu'en 1942, il est incorporé dans l'armée et envoyé en Mandchourie. Suite à l'incursion en 1945 des troupes soviétiques venues combattre les troupes japonaises, Kenji Misumi est fait prisonnier et envoyé dans un camp en Sibérie où il reste captif jusqu'en 1947.

De retour au Japon, après un certain temps d'errance spirituelle et de difficile réacclimatation à la vie civile, il rejoint la Daiei au tout début des années 1950. En tant qu'assistant réalisateur, il travaille auprès de cinéastes tels que Kōzaburō Yoshimura (Le Roman de Genji en 1951, Les Sœurs de Nishijin en 1952), Daisuke Itō et tout particulièrement Teinosuke Kinugasa (La Légende du grand bouddha en 1952, La Porte de l'enfer en 1953 qui remporte le Grand Prix au festival de Cannes 1954).

Sa première réalisation est Le Panier du lichen en 1954, un film avec Denjirō Ōkōchi, l'une des grandes stars de la compagnie, dans le rôle du célèbre Tange Sazen, samouraï de fiction, borgne et manchot, devenu rōnin après une trahison de son clan.

Il meurt d’épuisement à l’âge de 54 ans, après avoir signé pas moins de 67 films en 20 ans. Dont quelques chefs-d’œuvre du film de sabre japonais, notamment plusieurs épisodes de deux des plus grandes sagas du genre, Zatoichi et Baby Cart. Longtemps resté méconnu en France, Kenji Misumi doit sa récente notoriété à quelques éditeurs DVD courageux qui exhumèrent une partie de sa filmographie il y a 20 ans. Mais il reste un continent d’inédits à découvrir, des drames, des thrillers, des chanbaras flamboyants, un monde en Cinémascope, aux longs plans larges travaillés au millimètre et à la violence graphique stylisée, qui font de Misumi un lointain cousin de Sergio Leone.Une rétrospective est organisée àla cinémathèque française du 18 avril au 10 juin 2024.

Filmographie :

1954 : Tange Sazen: Kokezaru no tsubo
1955 : Nanatsu no kao no ginji; Tsuki o kiru kageboshi ; Kankanmushi wa utau
1956 : Asa Tarô garasu ; Hana no kyodai ; Shiranui bugyo ;Amigasa Gompachi

1957 Momotaro le samouraï
  (Momotarô-zamurai). D'après le roman Momotaro le samouraï de Kiichirō Yamate. Avec : Raizō Ichikawa, Yoko Uraji, Seizaburō Kawazu.

Seconde adaptation pour le cinéma du roman éponyme de Kiichirō Yamate, terreau d'un nombre considérable de films, séries télés et mangas depuis sa publication en 1939. Génial Raizō Ichikawa, le James Dean japonais, dans un double rôle, celui de Momotarō, un talentueux rōnin, et d'un jeune seigneur du clan Marugame.

   
1957 Mikazuki hibun
   
   
1958 Shunen no hebi
   
   
1958 Furisode matoi
   
   
1958 Kaibyô noroi no kabe
   
   
1958 Shunen no hebi
   
   
1958 Les carnets de route de Mito Kômon
  (Mito Kômon man'yûki ). Avec : Shinobu Araki, Toshio Chiba, Saburo Date.

Figure historique, Tokugawa Mitsukuni est un Daimyo, gouverneur du XVIIe siècle, célèbre au point d'avoir inspiré un récit populaire, Mito Mitsukuni Man'yūki, lui-même matrice d'une illustre série télé toujours en cours depuis 1969. Alors que l'histoire a déjà été adaptée plusieurs fois au cinéma, Misumi s'adjoint ici l'aide de Hideo Oguni, scénariste attitré d'Akira Kurosawa (Ran, Les Sept Samouraïs), pour un chanbara qui joue astucieusement des faux-semblants.

   
1959 La princesse aveugle
 

(Kagerô-gasa). Avec : Michiyo Aratama, Kazuo Hasegawa, Kyōko Kagawa.

Un vagabond sauve une jeune princesse aveugle d'un complot meurtrier. Tous deux prennent la route. Un mélodrame picaresque en couleurs, dont la puissance n'est pas sans rappeler Les Lumières de la ville de Chaplin. Formidable Kyōko Kagawa, superstar du cinéma japonais (Les Bas-fonds, Barberousse de Kurosawa, Pluie soudaine de Naruse, Voyage à Tokyo d'Ozu ou After Life de Kore-eda).

   
1959 Les carnets secrets de Senbazuru

 

(Senbazuru hichô). Avec : Seizaburō Kawazu, Tatsuya Ishiguro, Ichirō Takakura.

Un jeune homme essaie de retrouver l'assassin de son père, quand il rencontre un mystérieux soldat portant un kimono orné de grues en origami. L'un des premiers films de Misumi, drame historique enlevé avec, déjà, Raizo Ichikawa. La scène où il survole un château en cerf-volant marqua les esprits à la sortie du film, production fastueuse de la Daiei.

   
1959 Le Fantôme de Yotsuya

 

(Yotsuya kaidan). D'après la pièce Le Fantôme de Yotsuya de Nanboku Tsuruya. Avec Kazuo Hasegawa, Yasuko Nakata, Yōko Uraji.

Une femme empoisonnée revient d'entre les morts pour se venger. Un film d'horreur tiré d'une célèbre histoire de fantômes (adaptée plus de 30 fois au cinéma), et dont la sortie précéda d'à peine dix jours la version de Nobuo Nakagawa. Le film de Misumi, hantée de visions morbides et poétiques, est l'un des films d'horreur préférés de Kiyoshi Kurosawa, devenu depuis le maître incontesté du genre. Un sérieux gage de qualité.

   
1959 L'inspecteur du Shogun
 

(Machibugyô nikki: Tekka botan). Avec : Shintarō Katsu, Keiko Awaji, Jun Negami.

Les aventures trépidantes de Shintarō Katsu en magistrat, obsédé par l'alcool, le jeu et les femmes. Cette adaptation pétulante d'un roman de Shūgorō Yamamoto (Barberousse, Sanjuro) connaîtra un remake récent signé Kon Ichikawa, avec Kōji Yakusho (L'Anguille, Charisma, Kaïro, Perfect Days).

   
1960 Zenigata Heiji torimono hikae: Bijin-gumo

 

 
   
1960 Joyô
   
   
1960 Komako, fille unique de la maison Shiroko

 

(Shirakoya Komako). Avec : Fujiko Yamamoto (Komako Shirakoya), Katsuhiko Kobayashi (Chûhachi, servant), Mieko Kondô (Ogin), Ryûzô Shimada (Tango Abe), Minoru Chiaki (Matashirô), Fujio Murakami (Seizaburô).1h32.

Un mélodrame inspiré d'une célèbre affaire criminelle au Japon. Au XVIIIe siècle, une jeune femme adultère entreprend d'assassiner son mari avec l'aide de sa servante. Art du cadre, élégance absolue des décors d'Akira Naito, tout en paravents, et rythme soutenu : une merveille. Avec Fujiko Yamamoto (Fleurs d'équinoxe), déchirante, et dont la carrière fut brisée deux ans plus tard par le patron de la Daiei après qu'elle eut l'audace de renégocier les termes de son contrat.

   
1960 Le passage du grand Bouddha
  (Daibosatsu tôge). D'après la saga Daibosatsu tōge de Nakazato Kaizan. Avec : Raizō Ichikawa, Kōjirō Hongō, Tamao Nakamura.

L'adaptation d'un classique de la littérature nippone, Daibosatsu tōge de Nakazato Kaizan, saga populaire en 30 volumes ramassée en une trilogie dont Misumi ne signa que les deux premiers épisodes (fatigués par son souci maniaque du détail et le retard pris sur les tournages, les producteurs lui retirèrent la réalisation du troisième volet). Raizo Ichikawa, extraordinaire en tueur de sang-froid, compose un anti-héros magnifié par l'écran large.

   
1960 Le passage du grand Bouddha 2
  (Daibosatsu toge: Ryujin no maki). D'après la saga Daibosatsu tōge de Nakazato Kaizan. Avec : Raizō Ichikawa, Kōjirō Hongō, Tamao Nakamura.

Réalisé dans la foulée du Passage du Grand Bouddha, ce deuxième volet commence exactement là où le cliffhanger du premier nous avait laissés. Moins violent que son prédécesseur, il se fait plus mélodramatique, Misumi et Ichikawa faisant de leur héros un rōnin tourmenté, toujours expert en combats, mais peu à peu consumé par ses démons intérieurs.

   
1960 Le palais de la princesse Sen
  (Sen-hime goten). Avec : Fujiko Yamamoto, Kōjirō Hongō, Isuzu Yamada.

Les hommes qui approchent la princesse Sen, recluse dans son palais, meurent les uns après les autres, leurs corps retrouvés gisant dans un marais voisin. Une histoire d'amour en costumes, teintée de surnaturel. Décors éblouissants d'Akira Naito, le fidèle directeur artistique de Misumi, et formidable prestation de Fujiko Yamamoto (Fleurs d'équinoxe, Dix femmes en noir) en princesse manipulée.

   
1961 Bouddha
  (Skaka). Avec : Machiko Kyō, Kōjirō Hongō, Shintaro Katsu.

Le destin du prince Siddhartha, qui, au fil d'une errance méditative, deviendra Bouddha. Alors que Les Dix Commandements triomphe aux États-Unis, Masaichi Nagata, président de la Daiei, mise l'avenir de son studio sur cette colossale production, premier film en 70 mm de l'histoire du cinéma nippon. Éreinté par le tournage, Misumi enchaînera avec un petit film au budget dérisoire, mais au destin plus sensationnel encore : La Légende de Zatōichi : le Masseur aveugle.

   
1962 La lignée d'une femme
  (Onnakeizu). Avec : Avec Raizō Ichikawa, Masayo Banri, Eiji Funakoshi.

Un drame aux accents shakespeariens, tiré d'une pièce de théâtre de 1908 signée Kyōka Izumi et déjà adaptée cinq fois au cinéma avant que Misumi ne s'y attelle. Ou l'histoire d'amour impossible entre un jeune pickpocket, orphelin recueilli par un professeur d'université, et une geisha. Magnifique sens du cadre, et scènes bouleversantes au milieu d'arbres en fleurs.

   
1962 Zatôichi, le masseur aveugle
(Zatōichi monogatari). D'après la nouvelle La Légende de Zatoichi : Le Masseur aveugle de Kan Shimozawa. Avec : Shintarō Katsu, Masayo Banri, Ryūzō Shimada.

Une date : la figure mythique de Zatōichi, le triomphe du film au box-office ainsi que son imposante descendance (pas moins de 26 suites) ont durablement marqué l'industrie du cinéma nippon. Tout en imposant son acteur, le génial Shintarō Katsu, indissociable du rôle-titre au point de jouer dans tous les Zatōichi jusqu'en 1989, cet épisode inaugural ne ressemble guère aux films qui suivront. Ceux qui s'attendent à un chanbara baroque en seront ainsi pour leurs frais : dans un magnifique Cinémascope noir et blanc, Misumi livre un drame intimiste, ponctué de rares scènes de sabre, et où seule la dernière demi-heure, ébouriffante et exaltée, semble annoncer la fureur à venir.

   
1962 Tuer
  (Kiru). D'après l'un des romans de la série Nemuri Kyoshirō de Renzaburō Shibata. Avec : Shiho Fujimura, Mayumi Nagisa, Raizō Ichikawa.

Le destin funeste et violent d'un jeune orphelin. Premier volet de la trilogie de la lame, Tuer est un jidai-geki éblouissant, et l'un des plus beaux films de son auteur. Tourné dans un magnifique Tohoscope, écrit par le grand Kaneto Shindō, le récit s'éloigne des figures imposées du film de sabre et se fait drame épique. Un concentré de noirceur, elliptique et baigné d'hémoglobine pourpre sombre.

   
1962 Le démon du chateau de Sendai
  (Aobajô no oni). Avec : Kazuo Hasegawa, Miwa Takada, Shiho Fujimura.1h40

L'une des nombreuses adaptations des Sapins demeurent, monument de la littérature nippone signé Shūgorō Yamamoto, auteur dont les romans ont inspiré plusieurs chefs-d'œuvre à Akira Kurosawa (Barberousse, Dodes'kaden, Sanjuro). Le splendide noir et blanc de Shozo Honda et la mise en scène de Misumi, au service d'un écheveau touffu d'intrigues politiques lardé de scènes de sabres.

   
1963 Les chroniques du Shinsengumi

 

(Shinsengumi shimatsuki). Avec : Raizō Ichikawa, Tomisaburō Wakayama, Kinshiro Matsumoto.

Un jeune samouraï rejoint les Shinsengumi, confédération d'anciens rōnins qui, au mitan du XIXe siècle, défendaient le shogunat. Le film, aux intrigues politiques touffues, nécessite de se renseigner quelque peu sur le contexte politique. Mais le jeu en vaut la chandelle : ici associés, deux des plus fidèles acteurs de Misumi, Tomisaburō Wakayama et Raizō Ichikawa, font des étincelles, notamment dans un long final épique et sanglant.

   
1963 La famille matrilinéaire

 

(Nyokei kazoku). Avec :Ayako Wakao, Miwa Takada, Machiko Kyō.

Alors que vient de décéder un riche patriarche, un terrible bras de fer s'engage autour de sa succession, qui voit s'opposer ses trois filles, ainsi que sa maîtresse. Misumi s'éloigne du cinéma de genre et signe un drame familial bouleversant, suspense patrimonial cruel tiré d'un roman extrêmement populaire de la romancière Toyoko Yamasaki. Formidable casting féminin, où brillent plusieurs grands noms de l'époque : Machiko Kyō (Herbes flottantes, Les Contes de la lune vague après la pluie, Rashōmon), Ayako Wakao (L'Ange rouge, La Rue de la honte) ou encore Miwa Takada, fidèle actrice de Misumi (Le Démon du château de Sendai, La Courtisane et l'Assassin).

   
1963 La courtisane et l'assassin

 

(Maiko to ansatsusha).

Le Japon du XIXe siècle, à la fin de l'époque Edo. Un samouraï tombe amoureux d'une jeune femme alors qu'il prend les armes pour renverser le shogunat local. Un drame historique déchirant, écrit par le génial Kaneto Shindō, réalisateur de L'Île nue et d'Onibaba, magnifié par le duo Masahiko Tsugawa (acteur pour Naruse, Mizoguchi, Ōshima, Miike et Fukasaku) et Miwa Takada, fidèle actrice de Misumi.

   
1963 Ōkuma Shigenobu le grand
  (Kyojin Ôkuma Shigenobu). Avec : Ken Utsui, Taketoshi Naitō, Jun Fujimaki.

Le biopic de Shigenobu Ōkuma, l'un des principaux dirigeants japonais au tournant du XXe siècle, partisan d'un rapprochement avec le Royaume-Uni, et qui fit entrer son pays dans la Triple-Entente contre l'Empire allemand. Un drame politique émaillé de plusieurs scènes d'action, dont deux tentatives d'assassinat, impressionnantes.

   
1964 Le combat de Kyoshiro Nemuri
  Avec : Raizō Ichikawa, Miwa Takada, Shiho Fujimura.

Misumi reprend les rênes de la série initiée un an plus tôt par Tokuzo Tanaka pour la Daiei, retrouve par là-même le fidèle Raizo Ichikawa et signe un second volet de haute tenue, plus sérieux et moins pulp que l'épisode inaugural. L'incroyable agilité au sabre du héros (« le coup de la pleine lune ») éclate lors d'un magnifique duel nocturne sous la neige, et dans une scène finale épique.

   
1964 Le sabre
  (Ken). D'après la nouvelle Ken de Yukio Mishima. Avec Raizō Ichikawa, Yūsuke Kawazu, Hisaya Morishige.

Voilà un film qui tranche dans la filmographie de Misumi : tourné dans un splendide noir et blanc, c'est l'une de ses rares œuvres à se dérouler dans un Japon contemporain – celui de Mishima, dont la nouvelle éponyme, issue du recueil Pèlerinages aux trois montagnes, sert de colonne vertébrale au récit. Le conflit venimeux qui oppose deux adeptes du kendo, l'un à la vie ascétique, l'autre qui n'appréhende l'art martial que comme un simple divertissement, raconte une lutte plus sourde, celle d'un pays aux valeurs archaïques, ébranlé par une nouvelle génération avide de renouveau. Toujours aussi virtuose dans la composition de son cadre, Misumi se fait ici plus politique qu'à son habitude, qui emprunte quelques thèmes du moment aux Nouvelles vagues européennes et japonaises – on pense notamment à Nagisa Ōshima. Chef-d'œuvre.

   
1964 Sur la route à jamais
  (Mushuku mono). Avec : Raizō Ichikawa, Jun Fujimaki, Eiko Taki.

Deux rōnins prennent la route, l'un, vaillant et intrépide, sur la trace des meurtriers de son père, l'autre, pleutre, à la recherche du sien. Ils rejoignent un village dont les habitants ont été asservis par des brigands. Un chanbara grand cru, hanté par la figure paternelle, où la science de l'écran large, du surcadrage et du montage de Misumi fait merveille. Scénario aux nombreux twists, et formidable combat final en bord de mer.

   
1964 La légende de Zatôichi : voyage meurtrier

 

Avec Shintarō Katsu, Nobuo Kaneko, Gen Kimura.

L'un des épisodes les plus singuliers de la saga Zatōichi. Délaissant les passages obligés du genre, Misumi déjoue à nouveau toutes les attentes du film de sabre et livre un mélodrame poignant, film d'errance qui voit le masseur aveugle recueillir un bébé qu'il se promet de ramener à son père. Bercé par la musique d'Akira Ifukube, un monument d'humanisme, zébré de rares scènes de violence.

   
1965 Le sabreur et les pirates

 

Avec Raizō Ichikawa, Tamao Nakamura, Michiko Sugata.

Victime d'un complot et d'une femme fatale croisée sur sa route, Nemuri Kyōshirō rencontre d'anciens pirates. Cinquième épisode de la saga Nemuri, avec toujours Raizō Ichikawa dans le rôle-titre. Une intrigue tortueuse pour un film de sabre soigné, à la conclusion épique dans les différents pavillons d'un temple.

   
1965 Jirôkich le chat

 

(Nezumi kozô Jirôkich). Avec : Yoichi Hayashi, Michiko Sugata, Machiko Hasegawa.

Un voleur détrousse les samouraïs et les marchands opulents pour redistribuer leurs richesses aux plus démunis. Héros populaire au Japon, manière de Robin des Bois local, Jirōkichi a vu ses exploits racontés dans des chansons, des pièces kabuki, des mangas ou des films, comme celui-ci, explosif. Une production Daiei de très bonne tenue.

   
1965 L'homme au pousse-pousse
  (Muhômatsu no isshô). Avec : Shintarō Katsu, Ineko Arima, Ken Utsui.

Quatrième adaptation au cinéma du roman éponyme de Shunsaku Iwashita, l'histoire édifiante de Matsugoro, pauvre conducteur de pousse-pousse qui se prend d'affection pour une famille dont il a sauvé le fils d'une mort certaine. Shintarō Katsu remplace Toshirō Mifune qui jouait Matsugoro dans la version 1958 : loin des sabres, son charisme n'en reste pas moins éblouissant. Prestation tout aussi fascinante d'Ineko Arima (Crépuscule à Tokyo).

   
1965 La lame diabolique
  (Ken ki). D'après le roman La lame diabolique de Renzaburō Shibata. Avec : Raizō Ichikawa, Michiko Sugata, Kei Satō.

Un jeune jardinier, moqué par ses pairs (la rumeur dit qu'il est né de l'union d'une femme et d'un chien), devient un bretteur expert, à la vélocité extraordinaire. La conclusion de la « trilogie de la lame », après Tuer et Le Sabre. Trois films, tournés en moins de trois ans, en même temps que le montage d'une dizaine de projets parallèles : c'est dire l'effervescence créatrice de Misumi au mitan des années 60, particulièrement éblouissante ici. Plus sombre que les deux précédents épisodes, d'un profond désespoir, La Lame diabolique déploie son romantisme noir dans une nature luxuriante – rivière souterraine, forêt luxuriante, chants d'oiseaux et jardin chatoyant (incroyable combat final dans un champ de fleurs rouges, jaunes et blanches). Un chanbara épique et déchirant.

   
1965 La Légende de Zatoïchi : Voyage en enfer
  (Zatōichi jigoku tabi). Avec : Shintarō Katsu, Nobuo Kaneko, Gen Kimura. 1h27.

Le douzième épisode des aventures de Zatōichi, scénarisé façon puzzle par Daisuke Itō, immense figure du cinéma japonais, réalisateur de plus de 100 films, et auteur de plus de 200 scénarios. Itō peint un Zatoichi plus hésitant qu'à son habitude, maladroit, parfois défait, au jeu comme au sabre. Des failles qui le rendent toujours plus humain, même si le justicier reste un loup solitaire prêt à en découdre au moindre détour de chemin.

   
1966 La vision de la vierge
Avec : Ayako Wakao (Chiei, la none), Michiyo Yasuda (Kazue Tozaki), Tomisaburô Wakayama (Gyôshun), Gô Amaha, Iwao Kasumi, Takuya Kitano (Les mauvais garçons), Saburô Date (Le policier). 1h24.

Un père décide de mettre sa fille désobéissante dans un temple de Kyoto connu pour son noviciat austère. D'abord résistante à toute forme de discipline, elle finit par tomber amoureuse de la religieuse qui s'occupe d'elle.

   
1966 Yoidore hakase
   
   
1966 Le retour de Majin

 

Avec : Kōjirō Hongō, Shiho Fujimura, Tarō Marui.

Le deuxième opus d'une trilogie, dont les trois chapitres furent tournés en même temps par trois cinéastes différents. Rencontre improbable de deux genres extrêmement populaires, le film à costumes (jidaï-geki) et film de monstres géants (kaiju eiga), Le retour de Majin voit une sorte de Golem nippon venir au secours de villageois opprimés, dans des séquences en Cinémascope impressionnantes.

   
1966 Le sabre qui sauva Edō

 

(Nemuri Kyôshirô: Buraiken). D'après le roman Nemuri Kyōshirō de Renzaburō Shibata. Avec Raizō Ichikawa, Shigeru Amachi, Shiho Fujimura.

Troisième et dernier épisode de la série Nemuri Kyōshirō, signé cette fois Kenji Misumi. Notre héros doit ici empêcher une bande de brigands d'enflammer les puits de pétrole d'une ville qu'ils veulent punir. Plus théâtral que les précédents opus, le chanbara vaut pour ses très beaux combats au clair de lune, et son combat final sur les toits, impressionnant.

   
1967 Brassard noir dans la neige

 

(Yuki no mosho). Avec : Ayako Wakao, Shigeru Amachi, Tadao Nakamura.

1930. Dans de splendides décors enneigés, les épreuves et la douleur d'une femme mariée à un homme qui entretient une relation avec leur servante. Adaptation d'un roman de l'écrivaine Mitsuko Mizuashi, un mélodrame cotonneux et déchirant porté par Ayako Wakao (quelque 160 films dont Les Musiciens de Gion, La Rue de la honte, _Herbes flottantes _et certains des plus beaux films de Yasuzō Masumura).

   
1967 Deux soeurs mélancoliques à Kyoto
  (Koto yûshû: Ane imôto). Avec : Shiho Fujimura, Hiroko Nazuki, Akio Hasegawa.

Le portrait touchant de trois femmes, en même temps qu'une peinture énamourée de Kyoto. Loin de ses films de sabres, Misumi signe une chronique tendre éclairée par le talent de ses trois actrices, parmi lesquelles la géniale Shiho Fujimura, ici en cheffe de restaurant adultérine, que l'on croisera 40 ans plus tard dans Inju : la Bête dans l'ombre (Barbet Schroeder) en patronne de maison de thé.

   
1967 La rivière des larmes
  Avec : Shiho Fujimura, Hiroko Nazuki, Rokko Tora.

Milieu du XIXe siècle, période Edo. Deux sœurs ont sacrifié leur bonheur personnel pour s'occuper de leur père, malade. La plus jeune tombe amoureuse, mais la tradition veut que ce soit l'aînée qui se marie la première. Une œuvre de commande de la Daiei, transcendée par la beauté du script de Yoshikata Yoda (scénariste attitré de Mizoguchi, pour qui il a écrit 25 films) et la mise en scène raffinée de Kenji Misumi. Son art du surcadrage, sa faculté à filmer les intérieurs tout en cloisons, tissus et portes coulissantes, et la beauté de son montage font merveille, sans compter son exceptionnelle direction d'actrices. Déjà associées dans La Famille matrilinéaire, Kiku Wakayagi et Shiho Fujimura dessinent une carte du tendre bouleversante, et un idéal de sororité.

   
1967 La Légende de Zatoïchi : Route sanglante
  Avec : Shintarō Katsu, Jūshirō Konoe, Miwa Takada.

Deux ans après La Légende de Zatōichi : le voyage meurtrier, le sabreur aveugle prend à nouveau sous son aile un jeune enfant, dont le père est retenu en otage par des yakuzas. Moins violent qu'à son habitude, Misumi signe un opus de haute tenue, dont le combat final, sous des rafales de neige ouatées, constitue l'un des morceaux de choix de toute la saga. Philip Noyce réalisera un remake du film en 1989, avec Rutger Hauer : Vengeance aveugle.

   
1967 Les deux gardes du corps
  (Nihiki no yojimbo). Avec : Kōjirō Hongō, Miwa Takada, Miyoko Akaza.

Deux vagabonds aux armes acérées tombent amoureux de la même femme, d'après un récit populaire de Shin Hasegawa. D'abord entamé avec Raizō Ichikawa, alors atteint d'un cancer avancé, le tournage est interrompu, et la star remplacée par Kojiro Hongo, second couteau des studios Daiei. Sans pour autant perdre au change, le récit, picaresque, est souvent drôle.

   
1968 La Légende de Zatoïchi : Les tambours de la colère
  Avec : Shintarō Katsu, Yoshiko Mita, Makoto Satō.

L'un des épisodes les plus sobres mais aussi les plus sombres de la série. Zatōichi, coupable d'une erreur de jugement (il élimine un jeune homme victime d'une machination ourdie par des yakuzas), va faire en sorte de racheter son écart, tout en continuant à semer la mort autour de lui. Plusieurs scènes, magnifiques, dont un combat tout en rais de lumières, impriment durablement la rétine.

   
1968 Les combinards des pompes funèbres
  (Tomuraishi tachi). Avec : Shintarō Katsu, Yūnosuke Itō, Arihiro Fujimura.

Une comédie satirique, à part dans la filmographie de Misumi : à la fin des années 60, un entrepreneur (exceptionnel Shintarō Katsu) se lance sur le marché de l'industrie funéraire, et s'attaque à la concurrence, féroce, armé de quelques idées révolutionnaires. Idées qui deviendront – génie des scénaristes – la norme aujourd'hui. Ōsaka, alors en plein chantier pour l'exposition universelle de 1970, sert de décor au film.

   
1969 Le temple du démon

 

Avec : Shintarō Katsu, Hideko Takamine, Michiyo Aratama.

Une femme rejoint un temple reculé dans les montagnes de Kyoto. Elle y retrouve son mari, qui vit là avec une prostituée. Une rivalité perverse s'installe entre les deux femmes, bientôt bousculée par l'arrivée d'un prêtre bouddhiste. L'un des films les plus étonnants de Misumi, triangle amoureux retors, et huis clos claustrophobe, magnifié par la lumière incroyable de Kazuo Miyagawa (chef opérateur génial des Contes de la lune vague après la pluie, L'Intendant Sansho, Herbes flottantes, Kagemusha entre autres chefs-d'œuvre). Shintarō Katsu, fidèle parmi les fidèles du réalisateur, délivre ici l'une de ses performances les plus folles, quand Michiyo Aratama (La Condition de l'homme, Kwaïdan, Dernier Caprice) dessine l'un des personnages féminins les plus forts et dérangeants du cinéma japonais d'après-guerre.

   
1969 La saga de Magoichi

 

(Shirikurae Magoichi). Avec : Kinnosuke Nakamura, Shintarō Katsu, Komaki Kurihara.

1557. Alors qu'il s'apprête à prendre le pouvoir sur tout le Japon, un seigneur de guerre tente de convaincre Magoichi et son imposante armée de 3 000 soldats surentraînés de rejoindre ses rangs. L'officier est lui en quête de son grand amour, dont il n'a jamais vu le visage et dont il ne connaît... que les pieds. Kinnosuke Nakamura (Contes cruels du Bushidō, Goyokin) en guerrier sentimental, dans un étrange jidai-geki.

   
1970 L'épée errante

 

Avec : Hiroki Matsukata, Saori Maki, Rokko Tora.

Tourné en pleine débâcle de la Daiei, un film de yakuzas qui fait de son manque de moyens une force, multipliant des scènes de brouillard à l'opacité poétique. Prêté par la Toei, Hiroki Matsukata (croisé dans la série des Combat sans code d'honneur de Kinji Fukasaku) remplace le regretté Raizō Ichikawa, tragiquement disparu quelques mois plus tôt à l'âge de 37 ans.

   
1970 La légende de Zatôichi : Le shogun de l'ombre
  Le dernier épisode de la saga signé de Misumi, film d'exploitation seventies et outrageusement pop. Zooms et panoramiques fulgurants, explosion de couleurs, musique contemporaine : le film joue du genre en se fondant dans son époque, sans jamais rien céder sur la grandeur du spectacle proposé. Plusieurs scènes, parmi lesquelles un combat épique, à la fois hilarant et gore, dans un bain public, comptent parmi les plus réjouissantes de toute la série.
   
1971 L'enfant renard
  (Kitsune no kureta akanbô). Avec : Shintarō Katsu, Naoko Ōtani, Ichirō Nakatani.

Un homme atrabilaire et alcoolique s'entiche d'un jeune enfant abandonné, qu'il prend sous son aile, et élève. Le remake en couleurs d'un film noir et blanc de 1945, signé Santarō Marune. Humaniste, émouvant, L'Enfant renard paie parfois son manque de budget (ce sont les derniers feux des studios Daiei avant la faillite) mais est porté par un immense Shintarō Katsu.

   
1971 Les nouvelles aventures de la joueuse
  (Shin onna tobakushi tsubogurehada). Avec : Kyōko Enami, Michiyo Ōkusu, Fumio Watanabe.

Le dernier des 17 épisodes de la saga The Woman Gambler, le seul mis en scène par Kenji Misumi. Kyōko Enami, fidèle actrice de Yasuzō Masumura à ses débuts, incarne une vendeuse des rues devenue virtuose du jeu de dés. Décadrages, zooms et montage sophistiqué : les tripots constituent un formidable terrain de jeu pour Misumi, ici aux commandes de l'un de ses derniers films pour la Daiei.

   
1972 Baby Cart : le sabre de la vengeance
(Kozure Ôkami: Ko wo kashi ude kashi tsukamatsuru). Avec : Tomisaburô Wakayama (Itto Ogami), Akihiro Tomikawa (Daigoro), Fumio Watanabe (Bizennokami Yagyû), Tomoko Mayama (Osen), Shigeru Tsuyuguchi (Kurando Yagyû), Asao Uchida (Kenmotsu Sugito), Taketoshi Naitô (Ichige), Yoshi Katô (Danjô Tonami). 1h23.

Itto Ogami, seul homme autorisé à décapiter les seigneurs féodaux, est injustement accusé de complot contre le Shōgun. Il prend la fuite, avec son jeune fils dans un landau.

   
1972 Baby Cart : L'enfant massacre

 

(Kozure Ōkami: Sanzu no kawa no ubaguruma). D'après le manga Lone Wolf and Cub de Kazuo Koike et Goseki Kojima. Avec : Tomisaburō Wakayama, Akihiro Tomikawa, Kayo Matsuo. 121.

Ogami, accompagné de son fils, erre dans le Japon médiéval et va devoir affronter les Yagyu d'Akashi, amazones guerrières assoiffées de sang. Plus violent encore que le premier épisode, traversé de geysers de sang, L'Enfant massacre est un véritable tour de force, délire chorégraphique d'une beauté sidérante en même temps que champ d'expérimentations formel proprement fascinant. Deuxième volet des 6 films de la série Baby Cart initiée par Kenji Misumi.

   
1972 Baby Cart: Dans la terre de l'ombre

 

(Kozure Ōkami: Shinikazeni mukau ubaguruma). Avec : Tomisaburō Wakayama, Akihiro Tomikawa, Gō Katō. 1h29.

Moins exubérant que les deux premiers volets de la saga, Dans la terre de l'ombre reste un chanbara de haute volée, émaillé de plusieurs scènes avec des armes à feu, qui sont autant de tributs au western italien, dont s'inspire en partie Misumi. Tomisaburo Wakayama, toujours aussi imposant, fait entrer encore davantage son personnage dans la légende, notamment lors d'un final épique à la virtuosité renversante, qui le voit se défaire d'une armée d'une centaine d'hommes.

   
1972 Hanzo the Razor - Sword of justice
  Avec : Shintarō Katsu, Yukiji Asaoka, Mari Atsumi.

Après les trois premiers Baby Cart, Misumi adapte à nouveau le mangaka Kazuo Koike pour une nouvelle série de films – dont il ne réalisera finalement que le premier volet. Incorruptible et impétueux, Itami Hanzo est un cousin éloigné de Dirty Harry, dont le ‌.44 Magnum serait remplacé par un phallus qu'il entraîne et dégaine régulièrement. Violent, pop et licencieux, un classique du cinéma d'exploitation nippon pour public averti.

   
1973 Un flic hors-la-loi
  (Sakura no daimon). Avec : Tomisaburō Wakayama, Fumio Watanabe, Minoru Ōki. 1h28.

Après que 150 armes ont été volées sur une base américaine, un flic chevronné s'empare de l'affaire et s'attaque à un gang de yakuzas. Le seul film policier jamais réalisé par Kenji Misumi, plus proche du cinéma âpre, urbain, hard boiled, d'un Don Siegel ou d'un William Friedkin que du film de yakuza standard. Tomisaburō Wakayama (Itto Ogami dans la série des Baby Cart), le frère de Shintarō Katsu, est extraordinaire, qui éclabousse le film de sa classe et de geysers de sang qu'on croyait réservés aux seuls chanbara. Météore nihiliste, d'une grande noirceur, Un flic hors-la-loi est paradoxalement baigné d'une bande originale funky absolument géniale de Kunihiko Murai (Tampopo, Baby Cart).

   
1973 Baby Cart: Le territoire des démons
  Tomisaburô Wakayama (Itto Ogami), Akihiro Tomikawa (Daigoro), Michiyo Ookusu (Shiranui), Shingo Yamashiro (Kanbei), Tomomi Satô (Oyô), Hideji Otaki (Jikei), Tomomi Naitô (Mawatari Hachiro), Fujio Suga (Tsukude Sozaemon), Rokko Toura (Ayabe Ukon), Yoshi Katô (Kuroda Naritaka), Teruo Ishiyama (Mogami Shusuke), Hiroshi Tanaka (Murao Koyata), Kôji Fujiyama (Tsutsumi Rokurojiro), Kazuyo Sumida (Otae). 1h29.

Le cinquième des six volets de la saga Baby Cart, l'ultime réalisé par Misumi, ainsi que son avant-dernier film, terminé un an avant sa mort. Le feu d'artifices de duels et combats continue de plus belle – le dernier tiers est d'une absolue maestria. Parfois, la tempête se calme, et le ton se fait plus méditatif, réflexion sur la philosophie bouddhique.

   
1974 Les derniers samouraïs
(Okami yo rakujitsu o kire). Avec : Hideki Takahashi (Sugi Toranosuke), Ken Ogata (Nakamura Hanjiro), Takahiro Tamura (Ikemoto Mohei), Teruhiko Saigô (Okita Soji), Masaomi Kondô (Iba Hachiro), Keiko Matsuzaka (Reiko), Kiwako Taichi (Ohide), Tôru Minegishi (Aizawa Denshichiro). 2h39.

Japon, 1860. Sugi, un jeune samouraï a trouvé un nouveau père en la personne d'Ikemoto auprès duquel il a appris l'art du sabre. 1868, Ikemoto, espion à la solde du shogun Tokugawa et sentant la fin proche du monde des samouraïs, conjure Sugi de se tenir à l'écart des luttes politiques et des conflits violents qui déchirent le pays entre partisans du shogun, partisans de l'empereur et influence des occidentaux. Mais le tourbillon des événements semble vouloir tout emporter avec lui...