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(1920-2007)
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Paul Meyer, naît à Limal (Province du Brabant wallon) le 29 septembre 1920. Il est né d'une mère boraine, d'où il tient la réalisation de son film sur le Borinage dont il tirera son œuvre la plus connue, et d'un père alsacien. Son père est nommé instituteur à Eupen dans les cantons germanophones. Il parle le français à la maison, l'allemand dans la rue. À l'Athénée de Verviers, il découvre la lutte des classes car l'établissement est proche de la Place Verte, point de convergence des cortèges de grévistes. Il entame en 1938 des études à l'École nationale supérieure d'architecture et des arts décoratifs (La Cambre), travaille ensuite au Théâtre prolétarien. Il est à l'origine d'un théâtre pour enfants logé dans le palais des beaux-arts de Bruxelles, à la Toneeljeugd (Jeunesses théâtrales flamandes) où il montre Molière, Goldoni, Plaute...

Son premier moyen métrage en 1955 s'intitule La Briquetterie (Klinkaart en néerlandais), d'après la nouvelle de Piet Van Aken. Ce film met en scène une jeune ouvrière sur laquelle le patron exerce dès le premier jour d'embauche ce que l'on peut appeler le « droit de cuissage. » Paul Meyer a des ennuis avec la censure, notamment la future BRT (la NIR) qui refuse que le film soit présenté au Festival du film d'Anvers. Maria Rosseels, critique au journal catholique De Standaard, s'en indigne. Comme d'ailleurs la presse wallonne et francophone. En 1957 et 1958, il réalise encore Stèle pour Egmont et Le Retable de Notre-Dame de Lombeek .

Le ministre belge de l'Instruction publique charge alors Paul Meyer de tourner un film à des fins propagandistes, sur l'adaptation au pays des enfants des travailleurs immigrés. Le travail de repérage est rendu difficile dans le Borinage, lieu choisi pour le film, où la grève bat son plein. Meyer ne connaît pas encore le film Misère au Borinage de Joris Ivens et Henri Storck, mais il engage le cameraman François Rents à qui on doit une partie des images du film de Ivens et Storck. Il finit par convaincre des enfants d'immigrés de jouer dans le film dont l'intention entre-temps a profondément changé. Le budget originel étant épuisé, il trouve sur place un bailleur de fonds inattendu, Émile Cavenaille, directeur de brasserie, communiste et autonomiste wallon passionné.

Il transforme alors la commande qui lui a été faite. Il fait jouer aux immigrés du Borinage leur propre rôle. Il a le sens de la direction des acteurs en ce qui concerne les enfants. La scène où les enfants dévalent les terrils sur des traîneaux faits de platines rondes en métal est célèbre. Son film devient un fil de long métrage de fiction. Et de film de propagande, il devient un film qui dénonce la manière dont les immigrés peuvent parfois être traités dans les mines wallonnes où les autochtones ne veulent plus descendre. Déjà s'envole la fleur maigre est envoyé au festival de Porretta Terme en Italie où il remporte le prix de la Critique. La presse internationale, flamande ou wallonne est élogieuse. Le film remporte également le grand prix d'Excellence au Festival national du film belge d'Anvers, ce qui lui vaut d'être mentionné dans l'Encyclopédie néerlandaise Winkler Prins (Amsterdam 1961). En 1963 il est sélectionné au Festival de Cannes pour la semaine internationale de la Critique et déjà louangé par les Cahiers du cinéma. Mais dès 1960, Paul Meyer est harcelé par les huissiers. Paul-Henri Spaak empêche que le film soit vu au festival de Moscou et Paul Meyer sera accusé de détournement de fonds publics et condamné à les rembourser toute sa vie. Il poursuit ainsi une existence difficile. Il signe le Manifeste pour la culture wallonne en 1983 et sa réplique de 2003. Originaire des cantons germanophones, par son talent et son courage, il est sans doute celui qui a porté le cinéma wallon sur les fonts baptismaux de la révolte et de la dénonciation.

Il travaillea pour la télévision en Wallonie et à Bruxelles. Il tourne un moyen métrage de fiction Le Nerf de la paix en 1961, un autre film sur la région du Scheldeland en 1964, met en scène une pièce de théâtre Je suis ton étranger pour le conseil consultatif des étrangers de Flémalle en 1969. Il revient au cinéma avec un court métrage pour la RTBF-Liège Le Temps en 1972. Après un bref passage à l'IAD comme professeur, il réalise Ça va les Parnajon ? en 1975, puis en 1977 L'herbe sous les pieds. Il travaillera avec Pierre Manuel, Henri Mordant... Rencontrant à nouveau la censure, le chômage, malgré le soutien de collègues comme Henri Mordant.

Déjà s'envole la fleur maigre est présenté à Paris en 1994 où l'accueil de la presse est très élogieux même s'il arrive 35 ans après la sortie du film. Le film trouve sa place au sein du néoréalisme et du documentaire éthnographique pour sa décription de la situation des immigrés dans le Borinage à la fin des années 1950, frappés par le chômage et remplis de nostalgie.

Filmographie

Courts-métrages :
1949 : Kastel
1955 : L'Abbaye de la Cambre
1956. La briquetterie (Klinkaart). Avec : Marie-Josée Haelewaeters. 0h19. Lors de sa première journée de travail dans une briqueterie près d'Anvers au début du siècle dernier, une adolescente subit d'abord le harcèlement des garçons qui y travaillent, puis, à la fin de la journée, elle est contrainte de laisser le patron exercer son "droit de seigneur". Censuré lors de sa diffusion à la télévision, le film dénonce l'exploitation de la classe ouvrière.
1958 : Le Retable de Notre-Dame de Lombeek (Onze lieve vrouw van Lombeek); Le Logement social ; Stèle pour Egmont (Gedenkboek voor Egmont)
1961 : Borinage 61 ; Le Circuit de la mort au Borinage
1962 : Le Nerf de la paix
1962-1966 : Ce pain quotidien (série télévisée)
1965 : Le Temps
1977 : L'Herbe sous les pieds
1989 : Zone rouge
1994 : Vandycke, dingue, dong

1960 Déjà s'envole la fleur maigre

Avec : Paul Meyer, Giuseppe Cerqua, Luigi Favotto, Franco Mela, Valentino Gentili, Edmond Lebout, Domenico Mescolini, Dolorès Oscari, Giuseppe Pozzetti, Attilio Sanna, Pietro Sanna et Louis Vandespiegele. 1h25

Les images, fugaces, affluent à l'écran : des épis de maïs sèchent au soleil, une couleur rouge envahit l'image, tissu d'un tablier, le visage entraperçu d'un vieil homme ; le défilement des images s'accélère, jusqu'à la limite du perceptible. Un cochon, pendu par une patte, va être saigné. Collage de scènes, comme une réminiscence de souvenirs lumineux.

   
1967 Wallonie 1967: La sidérurgie
 

 

   
1975 Les godin-Parnajon
 

 

   
   
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