Octobre 1923, Saint-Maurice, 6000 habitants : le docteur Knock prend possession du cabinet vendu par le docteur Parpalaid et en découvre l'absence de clientèle. Son prédécesseur, en effet, s'efforçait de rassurer les consultants, minimisant leurs maux de telle sorte que tous les Saint-Mauriciens - à l'exception de ceux terrassés par une mort subite - se sentent en parfaite santé.
Au nom de l'intérêt supérieur de la médecine, Knock conçoit sa mission autrement : "les gens bien portants sont des malades qui s'ignorent " et un médecin doit combattre cette ignorance. Il convainc l'instituteur, M. Bernard, de donner des conférences pour instruire "ces pauvres gens sur les périls de chaque seconde qui assiègent leur organisme". Puis il prédit la fortune à Mousquet, le pharmacien qui végétait au temps de Parpalaid. Enfin, il confie au tambour de ville sa publicité : consultation gratuite le lundi matin. Le brave homme délivre le message et va se coucher car le docteur lui a mis le doigt là où "ça me gratouille, ou plutôt, ça me chatouille".
On se presse à la consultation. On y entre droit et désinvolte, on en sort accablé et voûté. Une fermière, une bourgeoise - Mme Pons - deux ivrognes farceurs sont les premiers frappés-, - avec les artères en "tuyau de pipe " ou "un tiraillement sur les multipolaires " - et se hâtent vers leur lit, condamnés à la diète et aux potions. L'officine de Mousquet ne désemplit plus et, bientôt, l'hôtel de Mme Rémy est transformé en hôpital. L'âge médical a commencé...
À Parpalaid de passage, Knock exhibe les courbes ascensionnelles des consultations et des traitements, et compte avec lui les lumières qui témoignent, dans chaque maison, de la veille d'un malade. Choqué, mais bon commerçant, Parpalaid propose à Knock d'échanger Lyon, où il exerce, contre Saint-Maurice. Mousquet, Mme Rémy, infirmiers et "malades" s'opposent à cette transaction. Parpalaid restera quand même, mais au lit, car Knock lui a trouvé mauvaise mine !
Louis Jouvet qui a fait ses débuts au théâtre en 1913 comme régisseur, décorateur, assistant puis comédien connait un triomphe lorsqu'il met en scène et interprète la pièce de théâtre de Jules Romains "Knock ou Le Triomphe De La Médecine" à partir de décembre 1923. La pièce sera représentée plus de 1.500 fois et est adaptée cinématographiquement en 1925 par René Hervil, puis en 1933 par Roger Goupillières, avec Louis Jouvet dans le rôle titre. Il reprend ensuite le rôle au théâtre en 1935, puis 1938. L'acteur, qui tient vraiment à la pièce a envie de l'adapter à nouveau pour le cinéma en 1950. Il donne sa chance à Guy Lefranc dont c'est le premier film pour la réalisation.
Knock est un escroc, un tartufe qui exploite sans scrupule la crédulité des gens et fait de l'appât du gain la seule raison de vivre du monde moderne. La cruauté, le cynisme, voire le mépris que l'auteur semble parfois afficher pour les victimes sont plus présents que le rire. En outre, pas de happy end : jamais Knock n'est dénoncé pour ce qu'il est ! Louis Jouvet est Knock, il s'est rendu indissociable du personnage. Il exsude à chaque plan le mensonge et la dissimulation. Soit pour le critique de Télarama, Aurélien Ferenczi, un petit film, peut-être, mais un grand texte et un immense acteur.
Deux téléfilms anglais en et , Doctor Knock (1938) et Knock (1954), encadrent cette version qui seront suivis de deux téléfilms en 1955, un danois et un français, un allemand en 1960, un yougoslave en 1964, un suédois en 1966, un italien et un finlandais en 1967 et trois autres dans les années 70. Un téléfilm allemand de Dominik Graf en 1997 et un français de Laurent Preyale en 2004 avec Fabrice Luchini sont les plus récentes adaptations.