En 1882, dans un port japonais, arrive Sanshiro Sugata, un jeune homme qui veut apprendre le "jujitsu" auprès du maître Momma. Au cours d'une réunion, les adeptes du jujitsu parlent avec mépris d'une nouvelle technique appelée "judo", dont les émules pensent détrôner le jujitsu comme principal art martial. Pourtant Sugata assiste sur un quai à un duel nocturne où le maître Shogoro Yano fait la preuve éclatante de la supériorité du judo, en envoyant tous ses adversaires dans l'eau. Subjugué, Sugata jete ses sandales, qui sont emportées doucement par la pluie et suit Yano. Impulsif et irréfléchi, il prouve son endurance en passant une nuit entière accroché à un pieu dans l'étang de la demeure de Yano - tandis qu'un nénuphar symbolique s'ouvre à la lumière du matin.
Dès lors, accepté, Sugata suit un dur entraînement pour vaincre Hansuke Murai, vieux maître d'une école rivale, dont la fille tombe amoureuse de lui. Au cours du duel spectaculaire, Sugata infligera une défaite cuisante à Murai, le tuant presque en l'envoyant à travers la salle de judo. Murai le prend pourtant en affection et accepte de lui donner la main de sa fille.
Cependant, Higaki, le meilleur disciple de Murai, exige une revanche, un duel à mort. Il le rencontre en combat singulier dans une plaine battue par les vents, et le bat avec les plus grandes difficultés. Il partira ensuite en voyage avec la fille de Murai. Sugata aura triomphé de ses adversaires, mais aussi de lui-même, leçon essentielle de l'esprit du "Grand Judo".
Le
film est censé se passer 15 ans après l'ouverture au monde dans
l'ère Meiji. Les militaires en couperont une vingtaine de minutes,
attendant d'un tel sujet un traitement plus viril et exaltant, alors que Sugata
semble complètement vidé après une victoire. Le film
remportera néanmoins un immense succès au japon et Yasujiro
Ozu devant la commission de censure aurait déclaré : "
Si 100 est la note maximale, Sugata Sanshiro mérite 120 ! Félicitations,
Kurosawa ! "
On trouve déjà dans ce film la tentation picturale de Kurosawa
qui s'attarde sur les éléments symboliques du récit (la
fleur de lotus que Sugata regarde dans la mare, le dernier combat
).