Shigeki vit dans une petite maison de retraite sous le regard bienveillant d'une aide-soignante, Machiko. Sans le savoir, tous deux partagent un lourd secret : la perte d'un être cher. A la suite d'un accident de voiture, Shigeki et Machiko se retrouvent seuls et désemparés. Lorsque le vieil homme s'enfonce dans la forêt voisine, Machiko n'a d'autre choix que de le suivre. C'est là, au coeur de cette nature protectrice, qu'ils vont à nouveau se sentir vivants.
Au sein d'une nature bienveillante et de vieilles personnes chaleureuses, le deuil ne passe pas. Shigeki ressasse le deuil de son épouse Mako depuis 33 ans. Machiko essaie de se reconstruire après la perte de son enfant mort en traversant une route après qu'elle lui ait lâché la main. Ce que lui reproche sans pitié son mari.
Perdus dans la nature, s'amusant entre les rangés d'arbustes Shigeki et Machiko s'apprivoisent mais restent étrangers l'un à l'autre comme la nature trop grande qui ne leur est d'aucun secours. Naomi Kawase, après la sortie de route de la voiture, resserre progressivement le cadre sur le champ de pastèques puis sur les chemins de plus en plus encombrés de végétation.
Il faudra l'expérience dune longue nuit en forêt et d'un matin passé à creuser la tombe de Mako pour, qu'épuisés, les deux être meurtris aillent jusqu'au bout des larmes et de l'anéantissement pour renaître peut-être.
Il est assez étonnant que la phrase qui revient comme un leitmotiv, prononcée par la bienveillante directrice de la maison de retraite : "il n'y a pas de règles formelles, tu sais" soit l'exact contraire de ce parcours exigeant vers le resserrement du cadre propre à l'éclatement de l'émotion. Ainsi cette image subjective de la rivière en crue qui explose un barrage et déchaîne la crise de larmes de Machiko. Ainsi, le corps grelottant de Shigeki au petit matin rêvant qu'il danse avec Mako.
Peut-être est-ce là l'ironie de Naomie Kawase traitant obstinement, sans emphase mais aussi avec humour, le sujet du deuil depuis l'image de la procession intiale jusqu'au carton explicatif final : "Mo Agari" signifie la fin du deuil.
Jean-Luc Lacuve le 15/11/2007
Editeur : Mk2, mai 2009. Durée du film
: 93’ - Durée du DVD : 100’-Format audio : VO 5.1 - Japonais - sous-titres
: Français. 15 €
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