1-La course de Mars
Tandis que la nation pleure la mort du roi Henry V, les échos des échecs militaires de l’armée anglaise en France retentissent dans le Royaume. Lorsque le général Lord Talbot est relâché, les Anglais reconquièrent le terrain perdu mais l’apparition d’une mystérieuse guerrière, Jeanne d’Arc, fait tourner la chance du côté des Français. Pendant ce temps, à la Cour du roi-enfant Henry VI, des querelles éclatent entre Lancastre et York, chefs de file de deux camps opposés : les roses blanches et les roses rouges...
La dissidence est devenue de plus en plus courante au sein du royaume affaibli du Roi Henry. Suite à leur défaite face à la France, les Anglais perdent leurs terres d’Anjou et de Maine et se voient concéder, en compensation, la princesse Marguerite, venue de France pour épouser le Roi. L’effervescence politique est à son comble : tandis que Gloucester affronte Beaufort, le duc d’York lève une armée contre le Roi en Irlande et engage Jack Cade pour mener la rébellion à Londres...
Vaincu à Saint Albans, Henry est forcé de laisser la couronne à la maison des York ; mais la reine Marguerite est déterminée à faire de son fils le futur Roi d’Angleterre. Elle lance ses troupes à la poursuite du duc d’York, qui meurt au combat. Son fils Richard, prend alors la suite du combat aux côtés de son frère Édouard.
Thomas Jolly propose à « la communauté éphémère » des acteurs et des spectateurs dix-huit heures de représentation pour suivre presque pas à pas la vie du roi d'Angleterre Henry VI, à travers trois pièces et quinze actes, en côtoyant cent cinquante personnages, historiques ou sortis de l'imagination de l'auteur, en assistant à deux guerres et aux multiples conflits de famille qui ont émaillés les années de règne de ce roi trop bon et trop pieux.
Dans le chaos d'une époque en plein bouleversement, entre un Moyen Âge finissant et une époque moderne qui peine à sortir des limbes, William Shakespeare compose une trilogie complexe. Thomas Jolly et ses comédiens font le choix de s'en emparer et offrent un spectacle total. Ils nous installent dans un univers qui se joue des repères historiques et refuse toute forme de reconstitution, utilisant tous les genres possibles de représentations, passant de la farce au burlesque, de la comédie au drame et à la tragédie.
Nous sommes conviés à une fête du théâtre. Un théâtre haletant et énergique qui se construit dans une simplicité de moyens. Un théâtre qui permet de magnifier la force du verbe shakespearien. Un théâtre « populaire » comme l'entendait Victor Hugo : « Il y a deux manières de passionner la foule au théâtre : par le grand et par le vrai. Le grand prend les masses. Le vrai saisit l'individu. »
À sa sortie de l'École nationale supérieure du Théâtre National de Bretagne à Rennes, en 2006, Thomas Jolly réunit autour de lui quelques élèves et fonde un groupe de travail, une compagnie du nom de la Piccola Familia. C'est le début d'une aventure collective qui met au coeur de sa démarche artistique un théâtre « exigeant, populaire et festif » qui s'adresse à un public d'origines et d'âges divers, et utilise tous les moyens de la machinerie théâtrale : Arlequin poli par l'amour de Marivaux, Toâ de Sacha Guitry (Prix du public au Festival « Impatience » de l'Odéon-Théâtre de l'Europe en 2009), Piscine (pas d'eau) de l'auteur contemporain Mark Ravenhill.
C'est en 2010 que Thomas Jolly décide de s'engager dans l'étonnante aventure du Henry VI de William Shakespeare, projet hors norme qui permet à la compagnie d'affirmer qu'il faut oser lutter et donc résister à la « standardisation » des objets culturels. Ce projet nécessitant quatre années de travail a donné naissance en parallèle à H6M², une forme envisagée sur six mètres carrés de plateau pour, en quarante-cinq minutes, proposer une accroche vers une proposition totale, celle qui réunira acteurs et spectateurs pendant dix-huit heures de théâtre.
Captation de Julien condemine et Roberto Maria Grassi. Traduction Line Cottegnies. Avec Johann Abiola, Damien Avice, Bruno Bayeux, Nathan Bernat, Geoffrey Carey, Gilles Chabrier, Eric Challier, Armand Chomant-Planson, Alexandre Dain, Flora Diguet, Antonin Durand, Émeline Frémont, Damien Gabriac, Thomas Germaine, Thomas Jolly, Nicolas Jullien, Pier Lamandé, Martin Legros, Julie Lerat-Gersant, Olivier Leroy, Jean-Baptiste Papon, Charline Porrone, Jean-Marc Talbot, Manon Thorel, Antoine Travert. 18h00, entractes compris.
Thomas Jolly
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