Caché

2005

Avec : Juliette Binoche (Anne Laurent), Daniel Auteuil (Georges Laurent), Annie Girardot (La mère de Georges), Walid Afkir (Le fils de Majid), Maurice Bénichou (Majid), Denis Podalydès (Yvon), Nathalie Richard (Mathilde), Bernard Le Coq (Le rédacteur en chef), Daniel Duval (Pierre), Lester Makedonsky (Pierrot Laurent). 1h55.

Georges Laurent, animateur vedette d’une émission littéraire, reçoit chez lui des vidéocassettes montrant en plan fixe sa maison et ceux qui y vivent : sa femme Anne, son fils Pierrot et lui, filmés clandestinement depuis la rue. Des dessins aux motifs sanglants accompagnent les enregistrements. Décontenancé, Georges ignore qui peut les expédier. Après des coups de fil anonymes et des dessins envoyés à son bureau et au lycée de Pierrot, le couple sollicite la police, pour qui aucune raison valable d’intervenir n’existe.

Une nouvelle vidéo montre la maison familiale de province, où Georges passa son enfance. Celui-ci interroge sa mère, qu’il voit rarement, sur le passé et un personnage qu’il suspecte peu à peu, jusqu’à le voir revenir en rêve : Majid, fils d’ouvriers agricoles algériens jadis employés par ses parents. La piste se confirme, guidant Georges à Romainville, en banlieue parisienne, jusqu’à une porte que lui ouvre, effectivement, Majid, qui affirme sa bonne foi, malgré les menaces. Georges ment à son épouse en lui disant qu’il n’a trouvé personne, mais un enregistrement montre bientôt son entrevue avec Majid, filmée à leur insu ! Anne est excédée par le manque de confiance de son mari, qui lui relate donc l’histoire de Majid, dont les parents ne revinrent pas de la manifestation du 17 octobre 1961 et que sa famille choisit d’adopter. Âgé de six ans, Georges ne l’accepta pas et intrigua pour se débarrasser du garçon, qui fut placé ailleurs.

L’angoisse grandit lorsque Pierrot, un soir, ne rentre pas. Georges conduit la police chez Majid, arrêté avec son fils alors que tous deux clament leur innocence. Pierrot réapparaît au petit matin : il avait dormi chez un camarade sans prévenir ! Majid prie bientôt Georges de le retrouver chez lui. À son arrivée, il réaffirme son innocence et se tranche la gorge sous ses yeux. Georges ne sera pas inquiété, la police confirmant la thèse du suicide de Majid, dont le fils cherche obstinément à lui parler, lui réaffirmant qu’il n’est pas l’auteur des vidéos… Georges lui répète n’éprouver aucune culpabilité envers le destin contrarié de Majid. Il voudra simplement oublier l’épisode et dormir du sommeil du juste. Afin que la vie reprenne son cours normal, dans une insouciance semblable à celle de la génération de Pierrot envers ses aînées. Comme la société française contemporaine vis-à-vis des heures sombres de la guerre d’Algérie…

Tout commence par un plan d’une maison à Paris. Une femme en sort. Un vélo passe. La caméra ne bouge pas. Soudain, deux voix, celle de Daniel Auteuil et celle de Juliette Binoche, se font entendre et l’image est accélérée. Ce que le spectateur était en train de regarder, c’était en fait une vidéo. Posée devant la porte du couple formé par Anne et Georges Laurent. Et à partir de ce point de départ intrigant mais plutôt anodin, Michael Haneke construit avec Caché, un drame de lamauvaise conscience.

Les cassettes vidéos vont peu à peu se multiplier, accompagnées d’un dessin enfantin et cauchemardesque à la fois. Qui les surveille ? Qui envoie ces cassettes VHS ? Quel est le sens de cette surveillance permanente ? Goerges et Anne vont succomber à la paranoïa. Cclairement inspiré de Bernard Pivot, Georges Laurent reçoit dans son émission littéraire de véritables écrivains comme Philippe Besson et Jean Teulé. Il a également pour invitée une certaine Mazarine Pingeot, aujourd’hui professeure de philosophie et romancière, cette dernière est surtout connue pour avoir été la fille cachée de François Mitterrand. Tout cela participe de manière très brouillonne, poisseuse et longuette, pour un film à la facture pourtant très lisse, à distiller sur tous les français, surtout aisé et égocentré, le mauvaise conscience de la guerre d'Algérie.

Deux heures pour une dénonciation morale, anti-bourgeois sans grand intérêt, vu le peu d'ampathiede haneke pour ses personnages. En 1996, David Lynch etait parti du même postulat de cassettes vidéos déposées mystérieusement devant une porte : revoir Lost highway de toute urgence .

Jean-Luc Lacuve, le 10 décembre 2005