Nostalgie de la lumière

2010

(Nostalgia De La Luz). Avec : Gaspar Galaz (Astronome), Lautaro Núñez (Archeologue) Luís Henríquez (prisonnier politique), Miguel Lawner (Architecte) Victor González (Ingénieur), Vicky Saaveda, Violeta Berrios, George Preston (Astronome), Valentina Rodríguez. 1h30.

C'est à un vieux télescope allemand qui fonctionne encore aujourd'hui  à Santiago que Patricio Guzman doit sa passion pour l'astronomie. La vie paisible d'un Chili isolé du monde a pris fin avec le vent révolutionnaire de 1970. A peu près à la même époque un groupe d'astronomes se rassemble dans le désert d'Atacama pour construire l'un des plus grands télescopes du monde. Un peu après, un coup d'Etat a balayé les rêves, la démocratie et la science.

Sur notre planète bleue, on ne distingue qu'une seule tache marron, sans trace d'humidité. C'est  le désert d'Atacama où ne vit pas un animal, pas même un insecte. Pendant 10 000 ans cette terre a vu le passage de nombreuses caravanes mais toute dépouille est figée dans le sel. Les  racines de l'homme, Guzman les a d'abord pensées sous la terre avant de comprendre qu'elles étaient  dans le ciel.

Aujourd'hui, à trois mille mètres d'altitude, les astronomes  regardent jusqu'aux confins de l'univers et s'interrogent sur les origines. La sécheresse du sol conservent intacts les restes humains : ceux des momies, des explorateurs et des mineurs. Mais aussi, les ossements des prisonniers politiques de la dictature. Tandis que les astronomes scrutent les galaxies les plus éloignées en quête d'une probable vie extraterrestre, au pied des observatoires, des femmes remuent les pierres, à la recherche de leurs parents disparus.

Guzman entrelace son histoire personnelle et  l'histoire du Chili autour de sa passion pour l'astronomie, passion partagée par un goupe de prisonniers du camp de Chacabuco, le plus grand camp de concentration de la dictature de Pinochet, près de l'observatoire du désert d'Atacama. Les prisonniers étaient parqués dans les anciennes maisons des ouvriers d'une mine préexistante. L'exploitation industrielle ressemblait alors à de l'esclavagisme. L'un des prisonniers était féru d'astronomie. Des milliers de personnes ont été assassinées et enterrées dans ce désert. Les femmes de Calama ont cherché pendant 28 ans, jusqu'en 2002, leurs disparus; certaines cherchent encore.

Les astronomes à la recherche du passé sont mieux compris que les femmes à la recherche des traces de leurs disparus car la société se détourne de ces femmes dont les recherches les ennuient.

Attentif aux traces des étoiles disparues comme aux traces laissées par les prisonniers exécutés, Guzman conclut ainsi : "Les problèmes des Chiliens peuvent paraitre petits vis à vis du cosmos". Puis ayant  retrouvé avec les billes de l'innocence de l'enfance, il poursuit : "Avoir ses billes dans le fond d'une poche, c'est avoir le cosmos avec soi. La mémoire a une force de gravité, elle nous attire toujours. Ceux qui la possèdent peuvent vivre dans le fragile présent. Ceux qui n'en ont pas ne peuvent vivre nulle part."