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Filmés
sur fond noir, deux personnages s'interrogent sur les sons, les mots, les
signes et les images. Elle, c'est Patricia, la fille de Lumumba et de la révolution
culturelle. Déléguée du Tiers Monde aux nouvelles usines
Citroën, elle a été congédiée parce qu'elle
donnait des magnétophones aux ouvriers. Lui, c'est Emile Rousseau,
personnage-idée par excellence.
Sur le ton de l'aphorisme ou de la désinvolture subversive, ils parlent du cinéma, de la télévision, des journaux, de la politique. Des inserts, sous forme de dessins, de collages, d'inscriptions calligraphiques ou d'images du quotidien, viennent casser la durée du récit.
Pour affirmer le rapport indissoluble entre l'esprit révolutionnaire et la nouvelle pédagogie, Patricia Lumumba et Emile Rousseau décident de retourner au zéro originel et d'en faire une préoccupation essentielle pour la recherche d'une méthode. Cette démarche leur permet d'apprécier la richesse expressive d'un silence et la valeur d'une attitude d'écoute. Ils dénoncent la nocivité du langage lorsque celui-ci devient une arme du pouvoir qu'il convient de retourner contre les oppresseurs. Au terme de cet échange verbal, agrémenté de nombreux jeux de mots et de glissements de sens, l'art et la science sont présentés comme solutions aux problèmes. L'art est une solution nécessaire, la science une solution suffisante.
Godard tourne
Le gai savoir lorsque éclate mai 68, ce qui interrompt le film, commande
de l'ORTF consacrée à l'éducation et l'enseignement. Si le film fait référence,
via le nom de son personnage principal, à l'adaptation de L'Emile de
Rousseau, il est bien davantage marqué par les thèses maoïstes en matière
d'enseignement et d'éducation. Le gai savoir est monté tout de suite
après mai et Godard radicalise alors son propos si bien que l'ORTF le censure
et rejette le produit fini. Dès juillet 68, Godard, avec ses propres moyens,
entreprendra Un film comme les autres.