Georges Braque, nait à Argenteuil le 13 mai 1882. Son père est entrepreneur en bâtiment et peintre amateur. Braque est âgé de huit ans quand la famille déménage en Normandie, au Havre, port en pleine expansion. Charles prospère et se fait bâtir un grand immeuble de cinq étages face à la mer. Le dimanche Georges suit son père qui peint sur le matif en bord de Seine et commence à peindre lui-même vers 18 ans. Elève médiocre, même en dessin, c'est le journal illustré Gil Blas qui lui sert d'éducation artistique. Il en recopie de nombreux dessins. A 17 ans, il quitte l'école et son père le prend en apprentissage. Il travaille ensuite chez un peintre décorateur. Puis à Paris, il suit les cours d'un maître décorateur où il apprend à peindre de faux marbres et de faux bois. Il obtient son certificat d'artisanat en 1901.

Il s'installe à Montmartre rue des trois frères. En 1902, il entre à l'Académie Humbert qu'il fréquente jusqu'en 1904. C'est là qu'il rencontre Marie Laurencin et Francis Picabia. Il décide de devenir peintre et son père ne s'y oppose pas. En 1903 il fréquente l'école des beaux-arts où il rencontre deux autres havrais, Raoul Dufy et Othon Friesz.

Il peint ses premières œuvres sous l'influence de l'impressionnisme jusqu'à ce qu'il découvre au Salon d'Automne de 1905 les toiles d'Henri Matisse et d'André Derain. Puis débute une collaboration artistique avec Othon Friesz avec qui il fait un séjour à Anvers, d'où il rapporte des tableaux fauves aux couleurs pures et aux compositions géométriques. Il descend à L'Estaque avec Othon Friesz d'octobre 1906 à février 1907. En mars, il envoie set tableau au salon des indépendants, le marchand d'art Henri Kahnweiler lui en achète un. C'est déterminant

En septembre, octobre et novembre 1907, marqué par l'exposition de tableaux de Paul Cézanne au Salon d'Automne, il retourne à l'Estaque rendre la construction plus lisible tempère sa palette abandonne la peinture sur le motif et privilégie le travail en atelier plus favorable à la concentration. Il commence à élaborer un nouveau système de représentation en se basant sur la simplification et la géométrisation des formes et la mise à plat de la perspective.

Fin novembre et décembre 1907, Guillaume Apollinaire qui a déjà écrit sur son travail et qu'il a rencontré chez Kahnweiler l'amène au Bateau-Lavoir de Montmartre où il rencontre Pablo Picasso qui peint alors Les Demoiselles d'Avignon. C'est pour lui une révélation. "C'est comme si quelqu'un buvait du pétrole pour cracher du feu". il reconnait au tableau la grande qualité d'évoquer le volume sans utiliser la perspective traditionnelle ce qu'il cherche lui aussi à faire. Il supporte en revanche mal la brutalité des visages qui évoquent des masques primitifs. Mis au défi de faire une toile en réponse, il pient le garnd nu, un nu couché mais montré à la verticale comme si on avait pris le lit et le modèle pour les accrocher à la verticale comme un tableau. Picasso lui présente Marcelle qui devient sa femme.

Ils quittent Montmartre pour Céret dans le Roussillon et Sorgues dans le Vaucluse décidés à riompre avec la perspective qui part d'un point de vue et n'en sort pas. C'est à Céret que Braque introduit pour la premier fois la lettre d'imprimerie dans la peinture d'abord en trompe l'œil avec Le pyrogène (1910) puis à l'aide d'un pochoir dans Le Portugais (1910). Ce sont des signes : le tableau ne montre pas le monde tel qu'on le voit mais tel qu'on le sait un signe pour évoquer une guitare et de quelques autres pour la représenter simultanément sous toutes ses faces. Quand, en 1909, il visite au Grand Palais le premier salon de l'aviation, il trouve confirmation de ses expérimentations en voyant des photographies aériennes à la verticale du sol, du jamais vu, renversent les repères de la perspective traditionnelle. Plus de regard frontal mais le monde vu sous un angle inédit, sous une perspective nouvelle.

Si Picasso effectue le premier collage, c'est Braque qui introduit l'usage du faux bois et du faux marbre et des vrais papiers. Chez un marchand de couleurs, il repère des galons de tapisserie qui imitent le faux bois des peintres en bâtiment et, aussitôt de retour à la villa bel-air, il en découpe trois morceaux. Il introduit du sable de la sciure de bois de la limaille de fer car il voit combien la couleur dépend de la matière.

La Première Guerre mondiale interrompt l'étroite collaboration avec Picasso. Braque est mobilisé et doit participer à ce qu'il appelle le "grand carnage". Envoyé au front il est gravement blessé à la tête en mai 1915 et doit être trépané. Il ne pourra recommencer à peindre qu'en 1917. Il dessine sur des cahiers. Il travaille plusieurs toiles à la fois qu'il met parfois des années à terminer. Il déploie de garnds espaces colorés dans un espace cubiste : La musicienne (1918), Café-bar.

Il peint de grands formats verticaux pour la salle à manger de la villa construite pour lui par Benjamin Perret prés du Parc Montsouris, des natures mortes verticales aux hanches de cariatides. Il broie ses couleurs, préoccupé de la matière : il y a autant de sensibilité dans la technique que dans le résultat dit-il.

Son travail de sculpteur l'aide à rompre avec l'habitude de la peinture. L'hymen (1939) deux profils qui se font face dans l'attente d'un baiser.

La guerre est pour Georges Braque synonyme d'austérité et d'accablement. Il fuit Paris durant la débâclemais revient à Paris en juillet. Il refuse de peindre un emblème pour le gouvernent de Vichy. Sa peinture ne plait pas au nazis ce qui lui évite d'être convié en Allemagne sous prétexte de libérer des prisonniers. Il de tourne encore plus vers les objets de la quotidienneté de cette période d'occupation, le verre de vin ou le morceau de pain, les poissons. En 1942 sa production devient encore plus féconde, il achève le poêle, plusieurs guéridons et des compositions réintroduisant la figure humaine : La patience (entre l'angoisse et l'espoir, face de lumière et profil noir, sa main de squelette protège des cartes étalées sur une table étirée et longue comme un cercueil). En 1945, atteint d'une grave maladie, un ulcère à l'estoma,c il doit s'arrêter de peindre pendant plusieurs mois. Il remporte la prix de la Biennale de Venise en 1948.

De 1949 à 1956, il compose les Ateliers série entamée en 1938 et interrompue par la guerre, huit toiles aux tons légèrement funèbres (aux couleurs éteintes). Atelier 1, est une référence l'autoportrait de Poussin sauf que la tête est remplacée par un pichet blanc. Picasso dit ne aps comprendre cette série. Braque ne s'en offusque pas : "Picasso est un virtuose. Le talent sert à masquer beaucoup de choses et quand on fait appel à lui c'est que l'imagination est en défait. Moi je me réjouis de ne jamais avoir donné dans l'art de peindre car il est triste de réduire l'art à la victoire du pinceau sur le mystère". Déjà apparaît dans ces travaux, le thème de l'oiseau à la forme très schématisée.

La série des billards, espaces verticaux et horizontaux, ne rencontre que peu d'échos. "Les objets n'existent plus pour moi sauf qu'il y a un rapport harmonieux entre eux et aussi entre eux et moi. Quand on arrive à cette harmonie tout devient possible et la vie est une éternelle révélation. C'est ça la varie poésie.

Varangeville, découvert en 1929, devient le lieu de villégiature de l'été et de l'automne. "Les impressionnistes ont évacué de la peinture le sens tactile le rétablir a été ma grande préoccupation. Ce n'est pas assez de faire voir ce que l'on peint, il faut encore le faire toucher. Quand j'introduis du sable dans la toile c'est simplement pour émouvoir le sens tactile."

Il réalise également de nombreux travaux de décoration comme la sculpture de la porte du tabernacle de l'église d'Assy en 1948 ou, de 1952 à 1953, la décoration du plafond de la salle étrusque du musée du Louvre, sur le thème de l'oiseau. Il devient ainsi le premier peintre exposé au Louvre de son vivant. On lui doit aussi la création des sept vitraux de la chapelle Saint-Dominique et celui représentant un arbre de Jessé de l'église paroissiale Saint-Valery de Varengeville-sur-Mer en 1954.

Ses derniers tableaux, relativements petits, ont des formats très allongés avec des cadres qu'il peint lui même, une simple ligne d'horizon pour délimiter la mer et la terre. "La terre c'est le limon dont parle la bible et j'aime ce mot il est le fondement de tout art : c'est du limon de la terre que l'homme a été crée. J'essaie de tirer mon œuvre du limon de la terre. Plus on explore plus on approfondit le mystère. Il faut respecter le mystère si l'on veut qu'il conserve sa puissance

 

Le voyage imaginaire s'incarne dans le motif des oiseaux. Ils relient la terre et le ciel, ils appellent à l'élévation et exhortent au dépassement de soi. Sa liberté, sa métamorphose, c'est tout mon travail. Comme le vol des oiseaux, la peinture est un espace d'absolu. Leurs formes simples permet des variations infinis entre le vide et le plein. Dans Atelier 3, il survole la composition. Il n'est pas représenté de manière réaliste : la pureté et la simplicité de leurs formes évoquent autant le réel que la compréhension de ces oiseaux

 

Saint John perse accepte, pour ses 80 ans, pour accompagner ses poèmes, L'ordre des oiseaux, une série de 12 d'eaux fortes.

Le peintre et les poètes. Dans les années 1930, Ambroise Vollard lui propose d'illustrer la théogonie d'Hésiode. Maegh publie. Pierre Reverdy accueille dans sa revue ses pensées sur la peinture. Il entretient des dialogues créatifs avec Guillaume Apollinaire, Jean Paulhan, Saint John Perse, Jacques Prévert et René Char avec Lettera amorosa.

Le réalisateur Michaël Gaumnitz est peintre ; il découvre la palette graphique et se consacre alors à la création vidéo, documentaires et films d'animation. Il a réalisé de nombreux films plusieurs fois primés : l'Exil à Sedan, Paul Klee le silence de l'ange, 100 Portraits, ... et a déjà réalisé un film en coproduction avec la Rmn-Grand Palais : Odilon Redon, le peintre des rêves en 2011.

 

 

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Georges Braque, autoportrait
Michael Gaumnitz

Avec : la voix de Jean-Francois Balmer. 0h52

2013