Le montage étant l'organisation des plans d'un film dans certaines conditions d'ordre et de durée, le raccord entre deux plans successifs est l'une de ses principales figures. Au cours du temps ont été établies certaines règles ayant pour but d'assurer la cohérence entre deux plans successifs pour ne pas perturber la continuité de la représentation.
Le passage entre deux séquences s'effectue le plus souvent par un raccord "cut". Un fondu au noir, une fermeture puis une ouverture à l'iris peuvent séparer deux pans successifs mais, le plus souvent, le passage d'un lieu à un autre entre deux plans est justifié par l'histoire racontée dans le film sans que la brutalité du changement ne perturbe le spectateur.
La grammaire classique du cinéma, comme ensemble de moyens pour produire de la continuité narrative, produit trois sortes de raccords:
Les règles du raccord dans l'axe définissent celles à appliquer à deux plan successifs sans changement de place de la caméra vis à vis du même décor ou personnages filmés. L'echelle des plans doit alors varier: passer d'un plan d'ensemble à un plan moyen ou un plan rapproché, voir un gro splan/Un raccord dans l'axe sans changement d'échelle pourrait produire un effet de saute (effet que le cinéma moderne recherchera avec le Jump-cut)
Les raccords dans le mouvement définissent les règles à appliquer lorsque la caméra suit des personnages en déplacement et notamment lorsqu'ils doivent franchir des obstacles.
Le raccord regard définit la succession d'un plan où un personnage regarde quelque chose ou quelqu'un avec un second plan qui montre ce qu'il voit. Sont notamment ainsi régies les règles du champ contrechamps
1 : carton (cut) | 2 : carton (cut) | 3 : plan d'ensemble (cut) |
4 : carton (cut) | 5 : plan rapproché poitrine (cut) | 6 : plan moyen (axe inerse) |
7 : plan rapproché épaule (axe invere) | 8 : plan d'ensemble (axe inverse) | 9 : plan moyen (axe) |
10 : plan d'ensembe (axe) | 11 : insert (axe inverse) | 12 : gros plan (cut, détéritorialisé) |
13 : carton (cut) | 14 : plan d'ensemble (cut) | 15 : carton (cut) |
16 : plan d'ensemble | 17 : plan général (axe) | 18 : carton (cut) |
19 : plan moyen (cut) | 20 : plan moyen (faux raccord mouvement) | 21 : plan moyen (mouvement) |
22 : plan moyen (mouvement) | 22 bis : plan moyen | 23 : plan rapproché poitrine (axe) |
Ces 23 plans ne font pas appel au raccord-regard que Gance utilise un peu plus tard Le raccord regard définit la succession d'un plan où un personnage regarde quelque chose ou quelqu'un avec un second plan qui montre ce qu'il voit. Gance le subverti en introduisant le montage parallèle entre napoléon et son symbole, l'aigle.Littéralment les soldats voient en Napoléon un aigle
La grammaire classique du cinéma conçoit ainsi le raccord comme un moyen de produire de la continuité narrative. Profitant, dans un plan, du regard, du déplacement ou un geste du personnage ou d'un mouvement de caméra, le raccord conduit en douceur au plan suivant. Ce montage ne crée pas de lecture du monde, il reste dans l'évidence. Il a pour but de faire oublier la coupe par un semblant de continuité.
Il pourrait s'agir là d'un montage alterné puisque le carton souligne qu'il y a simultanéité temporelle entre la formidable tempête qu'affronte Napoléon et la tempête qui se déchaîne à la Constituante. La simultanéité est renforcée par le plan sur lequel s'inscrit :"L'assemblée se sentait sous la foudre" et le suivant où la foudre frappe non loin de Napoléon sur sa barque. Mais c'est l'effet de sens qui se révèle de plus en plus, au fur et à mesure que le montage des deux séries s'accélère et vient même se superposer dans le plan ;les vagues de la mer semblent emporter la convention.Et c'est alors que surgit l'effet de sens voulu par Gance: "les géants de la révolution allaient être emportés par les tourbillons de la terreur" mais "Napoléon, dompteur d'océans", a survécu pour "être porté au plus haut fronton de l'histoire"