New York. Cisco et Skye s'apprêtent à passer leur dernier après-midi ensemble dans leur loft high-tech meublé de télévisions avec ordinateur et tablette numérique leur donnant des nouvelles du monde. Comme la majorité des hommes et des femmes, ils ont accepté leur destin. Demain, à 4h44, le monde disparaîtra, victime d'un déchirement accéléré de la couche d'ozone provoquant explosions puis fusion de la terre.
Skye continue de peindre une toile abstraite. Cisco plus âgé, semble plus perturbé. Ils font l'amour et quand Cisco se réveille, il retrouve Skye en train de peindre. Cisco communique par Skype avec ses parents qui jouent de la guitare. Il déambule sur sa terrasse en maudissant, à la cantonade, ceux, industriels et politiciens qui ont conduit à une telle situation. Il voit l'un de ses voisins se jeter de son balcon. Il écoute le dalaï-lama parler du nécessaire accord avec la nature et semble un peu déçu qu'il ne condamne l'argent que pour son pouvoir corrupteur quand il est employé à mauvais escient. Un livreur vietnamien vient leur apporter de la nourriture et il le paie grassement en ironisant sur cette générosité dérisoire. Il lui offre de communiquer par Skype avec ses parents au Vietnam.
Cisco et Skye se font face pour une longue méditation bouddhiste. Cisco en sort avec mal au ventre. Il appelle sa fille par Skype. Lorsqu'elle doit accueillir une amie qui vient passer chez elle sa dernière nuit, c'est l'ancienne femme de Cisco qui vient lui parler. Il lui reproche son départ et dit qu'elle fut son seul amour. Skye surprend cet aveu et, en colère, se rue sur l'ordinateur pour couper la conversation. Skye en larme skype sa mère qui la réconforte d'être restée inflexible sur son art et l'encourage à rester avec Cisco. Cisco s'en va dans la rue et retrouve d'anciens drogués, Noah et Tina sevrés depuis plus de deux ans et Javi qui lui donne un sachet d'héroïne. Cisco s'apprête à un dernier shoot mais y renonce, difficilement, lorsqu'il est surpris par Skye.
Il est 4h42 et une aurore boréale envahit la ville. Skye se refugie au creux du serpent qu'elle a peint et appelle Cisco. Des explosions retentissent. Skye en appelle à la protection de Dieu. C'est la fin du monde. Ils sont des anges, l'écran est blanc.
La fin du monde est pour les héros une manière de s'interroger sur les valeurs qui ont guidé leur vie. Différents conseils ou commentaires sont émis par des images extérieures, reçues par la télévision ou la tablette numérique. On aperçoit plus ou moins longtemps, Al Gore, un philosophe oriental, Mandela, un journaliste de télévision, le dalaï-lama, les manifestants de la place Tahir, la foule amassée place saint Pierre. Les parents de Cisco et la mère de Skye les encouragent à continuer d'être ce qu'ils sont tout comme le dealer et le dealer repenti. C'est l'attitude naturelle et obstinée de la jeune Skye. Cisco, qui n'a plus la jeunesse de Skye ni la sagesse des parents, oscille entre différentes attitudes : qui a-t-il le plus aimé ? Devra-t-il renoncer à la drogue jusqu'au bout ?
L'exploit de Ferrara est de faire en sorte que l'art, l'amour, l'amitié et la religion parviennent de manière crédible à survivre jusqu'à la fin, sans hystérie. Au-delà des diatribes un peu convenues sur les politiciens, le monde tel qu'il est parait finalement ne pas susciter de fortes frustrations pour Skye et Cisco (le loyer est un peu cher). Au détour d'un plan, on découvre que les poubelles sont sorties pour le lendemain et que le flot de la circulation continue comme de si rien n'était. Qu'importe donc la fin du monde. Dans ce film modeste dans son propos, ses moyens comme dans sa durée, Ferrara nous dit simplement que, si la fin du monde est pour demain, rien n'est à changer dans notre vie.
Jean-Luc Lacuve le 22/12/2012.