Dans une famille d'origine italienne ayant choisi d'habiter près du port de Caen, Gina, mère au foyer n'en peut plus de préparer chaque jour les repas pour ses deux jeunes enfants, ses deux plus grands, Titta et Gradisca, son mari Aurelio, grand amateur de sieste et sa mère Giulietta qui prétend avoir été la grande actrice de Fellini.
Dans les quelques moments de répit que lui accordent ses responsabilités, Gina fantasme. Elle s'imagine Anita Ekberg rencontrant Marcello Mastroianni aux fontaines de Trevi, elle se cauchemarde en actrice d'une troupe de clowns, son esprit vagabonde avec les fantômes de Huit et demi, pendant que Titta et Aurelio se verraient bien dans ce harem de Huit et demi, citée de femmes d'abord dociles où ils se livreraient aux plaisirs du Satyricon avant que sonne la révolte.
La grand-mère veut partir en voyage. Ce sont les défilés érotico-mystiques de Fellini Roma. Gina aimerait l'accompagner et revivre Amarcord et La nave va. Mais la grand-mère perd la tête. Tous se font affectueux autour d'elle et promettent de l'accompagner au bal. Gina se voit Ginger et danse avec Fred sur le parvis du théâtre alors que la neige tombe comme les manines tombaient des arbres dans Amarcord.
Le cinéma LUX, qui fêtait ses 50 ans tout au long de l'année 2010, décida de produire un film festif et participatif pour la clôture de son anniversaire au Théâtre de Caen. Près de 400 figurants ont répondu à l’appel pour participer à un grand spectacle-tournage à l’italienne durant un week-end
La Famiglia Minestrone est un film-manifeste, et plus exactement un film-fête qui véhicule l'amour du 7e Art (l'hommage à Fellini), du spectacle vivant (ce qui se passe sur le plateau fait écho à ce qui se passe en coulisses pour les changements de décors, dans les foyers pour l’accueil et la restauration, dans les loges pour les costumes et le maquillage), de la créativité et de l’éducation populaire en mélangeant les disciplines et en faisant se côtoyer professionnels, amateurs et publics.
La réussite du film tient ainsi à la fois à la cohérence esthétique héritée de l'amour de Federico Fellini, à la qualité du jeu des acteurs, troupe de circonstance très homogène, et au sentiment qu'un geste expérimental est encore aujourd'hui possible : que fête et cinéma ont parti liés. En ce sens la projection organisée dans le théatre de Caen le 8 mai était un intense moment de fête et de partage d'une expérience vécue ensemble.
Jean-Luc Lacuve le 09/05/2011.
Note : Ce fourre-tout virevoltant a été mis en musique par le personnel du LUX, les équipes techniques du Théâtre, la troupe d’Amavada et son réalisateur Valéry Dekowski, les Films du Cartel et l’Atelier composite, l’atelier du Panta Théâtre, Jacky Auvray, le Conservatoire, l’Actéa, la compagnie Dodeka…. Tous étaient sur le pont pour assurer le bon déroulement du week-end et la création du film.
Avec : Gina (Véronique Lambert), Aurélio son mari (François-Xavier Malingre), Titta, le fils (Marc-Antoine Vaugeois), Gradisca (Elodie Huet), Fred (Jacky Auvray) et 400 figurants caennais. 0h50.
Valéry Dekowski
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