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Le dernier tournant

1939

Avec : Corinne Luchaire (Cora Marino) Fernand Gravey (Frank), Michel Simon (Nick Marino), Marcel Vallée (Le juge), Auguste Bovério (Le prêtre), René Bergeron (Le commissaire). 1h30.

Errant sans travail dans le sud de la France, Franck devient l'employé et l'homme de confiance de Nick Marino, qui tient au cœur des montagnes provençales une auberge-station-service. Nick est laid, pas très malin, bon, marié à la jeune, très jeune et très belle Cora. Cette dernière déteste son mari.

Elle séduit Franck et tous deux pensent d'abord fuir ensemble, puis décident de se débarrasser de Nick : ils feront croire à un accident. Ils parviennent à leurs fins, non sans difficulté, mais la détermination de Cora est grande. Le couple mène une vie difficile, entre les soupçons de la justice, la tentation qu'a Franck de fuir Cora - il suit même un moment une belle dompteuse de passage - et les menaces de chantage d'un cousin de la victime, particulièrement retors, qui a tout deviné.

Un jour, les amants criminels, dont les relations sont en train de se détériorer, ont un accident de voiture. Cora y perd la vie. Franck se retrouve pris dans un piège imprévu : tout l'accuse d'avoir fait mourir sa maîtresse alors qu'il n'en est rien. A l'issue d'un nouveau procès, il est cette fois condamné à mort.

Le dernier tournant est première adaptation du roman de James Cain, Le facteur sonne toujours deux fois (The postman always ring twice, 1934). Il sera ensuite adapté par Visconti (Les amants diaboliques, 1943), Tay Garnett (Le facteur sonne toujours deux fois, 1946), Bob Rafelson (Le facteur sonne toujours deux fois, 1981) et Christian Petzold (Jerichow, 2009).

La moins connue des quatre, c'est pourtant peut-être la meilleure. L'érotisme du film doit beaucoup aux dix-neuf ans de Corinne Luchaire. Cora Marino a accepté son mari pour échapper à la misère "...Mais maintenant il m'appelle sa petite colombe. Est-ce que j'ai l'air d'une petite colombe Frank ?". "Tu m'as plutôt l'air d'être une belle garce, oui tien". "Toi tu es propre, tu n'es pas graisseux. Tu sais ce que cela veut dire Frank ? Sans doute non. Ce n'est pas possible. Un homme ne peut pas savoir ce que c'est pour une femme ; être tout le temps avec quelqu'un de gras, quelqu'un qui vous soulève le cœur dès qu'il vous touche. J'en peux plus". "Une belle garce, oui. C'est pas possible, tu dois sortir de l'enfer toi, sans quoi tu ne me convaincrais pas comme ça."

L'intensité érotique des dialogues, plus que celui des images, très sage avec la censure française de 1939, va de pair avec l'obsession sexuelle qui va transformer le couple en duo d'assassins.

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